Un service animalier qui ne fait pas l’unanimité
NICOLET.Un contrôleur animalier qui n’est pas suffisamment disponible, un trop grand nombre d’euthanasies, une surpopulation féline dans les rues et une Ville qui n’a pas le bien-être des animaux à cœur; c’est ce que déplorent quelques citoyens de Nicolet dans une pétition qui circule sur internet depuis l’automne dernier.
Cynthia Lemire, ainsi que quelques autres Nicolétains, a commencé à trapper et à aider bénévolement des animaux errants, principalement des chats. Selon Mme Lemire, plusieurs la contactaient directement, ne voulant pas faire affaire avec le contrôleur animalier de la Ville, à la suite de mauvaises expériences: aucun retour d’appel ou encore des rendez-vous ratés du contrôleur.
Selon la citoyenne, le contrôleur animalier devrait être en mesure de répondre aux appels dans un délai raisonnable, soit à l’intérieur de 24 à 48h, ce qui ne serait actuellement pas le cas. «J’ai déjà eu une mauvaise expérience et j’ai dû rappeler plusieurs fois avant d’avoir un retour d’appel», affirme-t-elle.
La Ville de Nicolet a rencontré les initiatrices de la pétition en novembre dernier. «On a entendu ce qu’elles souhaitaient, on leur a dit qu’on prenait ça en considération», souligne Geneviève Dubois, mairesse de la Ville de Nicolet.
«Il faut cependant comprendre qu’à la Ville de Nicolet, on a un contrôleur animalier qui ne s’occupe pas juste des chats. Il s’occupe des chiens, des moufettes, des ratons-laveur, etc.», défend Mme Dubois.
Afin de contacter le contrôleur animalier, il suffit d’appeler à la Ville, où l’appel est redirigé. Selon la mairesse, le contrôleur est disponible 7 jours par semaine et les retours d’appel sont assez rapides. «Dernièrement, on a eu la situation d’un chien supposément attaché depuis plusieurs jours dehors au grand froid. Les gens m’ont interpellée, et quand j’ai contacté mon contrôleur animalier, il s’était déjà rendu sur place. Les délais sont raisonnables, on ne parle pas de jours et de mois. Dès que la personne est en mesure d’y aller, elle y va», assure Mme Dubois.
Un trop grand nombre d’euthanasies
L’autre problème, selon Cynthia Lemire, est le nombre trop élevé d’euthanasies pratiquées sur les animaux errants. À l’heure actuelle, aucun bâtiment n’existe à la Ville pour abriter les animaux trappés, le temps de retrouver leur propriétaire. La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, explique que l’entrepôt des travaux publics de la Ville est justement en reconstruction, endroit qui abritera prochainement les animaux. «On va pouvoir garder les animaux quelques jours, comme on le faisait avant. Si les animaux ne sont pas réclamés, ils sont envoyés à la SPA Mauricie. Les animaux ne sont pas tous euthanasiés bien sûr, parce qu’il y en a quand même une grande quantité qui est adoptée», plaide la mairesse Dubois.
«La SPA fait un excellent travail, on n’a rien à dire contre ça, assure Mme Lemire. Par contre, il y a un grand roulement à la SPA, donc les chats qui ont la teigne ou les chatons qui doivent être biberonnés sont euthanasiés, tout comme les chatons trop peureux ou qui ne sont pas socialisés, par manque d’espace et de ressources», nuance-t-elle.
Mme Lemire préfèrerait que la Ville, au lieu de payer la SPA pour faire euthanasier les animaux errants, les envoie dans des refuges no kill, c’est-à-dire dans lesquels on ne pratique aucune euthanasie et qui font le nécessaire pour socialiser les chats, par exemple.
Mme Lemire mentionne d’ailleurs qu’elle fait affaire avec Chats rescapés de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CRM). Serait-il possible pour la Ville de Nicolet de faire affaire avec ce genre de refuge? Impossible à court terme, selon la mairesse Dubois. «On a un contrôleur animalier qui est là pour quelques années encore. Même chose avec la SPA. Pour les prochaines années, les contrats sont tous signés alors on ne pourra pas faire de modifications à court terme en lien avec la capture des animaux», précise-t-elle.
Lorsque Cynthia Lemire a appris qu’aucun changement ne serait fait prochainement, cette dernière a affirmé être peu surprise de cette réponse. «On est plusieurs à penser que depuis le début, la situation est banalisée. Les animaux passent en dernière priorité pour eux. C’est facile de donner un contrat, mais s’il n’y a aucun suivi avec les citoyens à savoir s’ils sont satisfaits du service, ce serait déjà une première étape. J’ai l’impression qu’ils se mettent des œillères et qu’ils voient juste ce qu’ils veulent voir», se désole Mme Lemire.
«Capture-stérilisation-retour-maintien»
En dernier recours, Cynthia Lemire aimerait que la ville dispose d’un programme CSRM pour les chats sauvages. «Cette méthode, appelée capture-stérilisation-retour-maintien, constitue une façon humaine, efficace et économique de réduire la surpopulation féline de la rue. L’idée consiste à capturer et stériliser des chats adultes vivant en colonie à l’extérieur».
Cynthia Lemire est persuadée que le projet est amplement réalisable monétairement parlant. «Lorsque les animaux sont envoyés à la SPA, ce sont nos taxes qui payent, et les frais sont beaucoup plus élevés qu’avec des refuges no kill. Si la Ville faisait affaire avec un refuge qui coûte moins cher et qui, en plus, ne fait pas d’euthanasie, ce serait rentable. Cette économie permettrait de mettre en place des cliniques de stérilisation pour les gens à faible revenu», défend Mme Lemire.
«Le problème, c’est que si l’animal non stérilisé s’enfuit et qu’il n’est jamais retrouvé, c’est là que ça engendre une surpopulation féline. On sait que les gens ne sont pas nécessairement de mauvaise foi. Certains n’ont simplement pas les moyens de faire stériliser leur animal», mentionne Mme Lemire.
«Ultimement, c’est la population qui va choisir quelle sorte de service elle veut avoir. Il y a des frais pour ça. Est-ce que les citoyens ont envie que la Ville mette des centaines de milliers de dollars pour stériliser des animaux errants, les remettre dehors? Est-ce qu’on souhaite aller dans une réglementation où on va obliger chacun des citoyens qui ont un animal à le stériliser?», insiste Geneviève Dubois.
«C’est un débat qui sera à faire, mais pour l’instant, ça ne fait pas partie de notre budget», conclut la mairesse.