Un lieu pour aider les femmes victimes de violence conjugale à retrouver une vie normale

RÉGIONAL. Un immeuble à logements visant à permettre une meilleure transition vers la vie normale pour les femmes victimes de violence conjugale verra le jour dans le secteur de Cap-de-la-Madeleine. Avant même la première pelletée de terre, le projet fait parler de lui à l’extérieur de Trois-Rivières. Plusieurs municipalités, dont Nicolet et Saint-Hyacinthe, sont entrées en contact avec la cofondatrice du projet Espaces Flavie, Julie Hallé.

Cette dernière disposait d’un terrain dans le secteur Est pour y construire des logements. Toutefois, pour que le projet soit rentable avec les coûts de construction, elle estimait devoir y louer chaque logement pour près de 1500$ par mois.

“Je sais que des gens peuvent se le payer, mais ce n’est pas ce que j’avais envie d’offrir. Je suis associée avec La Séjournelle de Shawinigan-Sud depuis dix ans. Je me suis dit que je pourrais construire des logements abordables pour ces femmes”, raconte la directrice du développement immobilier et opérationnel des Espaces Flavie.

“Notre priorité est de loger ces femmes pour qu’elles puissent avoir une bonne transition vers une vie normale après avoir traversé l’épreuve de la violence conjugale. Il manquait vraiment une étape de transition et c’est ce qu’on veut offrir”, ajoute-t-elle.

“On voit qu’il y a une demande pour un projet comme celui-là parce que lorsque les femmes doivent quitter les maisons de femmes, elles se retrouvent dans une autre situation: elles ont de la difficulté à trouver un logement décent, à bon prix, sécuritaire et proche des services pour les enfants en raison de la crise du logement. On craint que cela les pousse à retourner chez leur ancien conjoint ou encore dans la rue parce qu’elles n’ont pas toujours d’autres options. Certaines ont aussi vécu de la violence monétaire. C’est quand le conjoint garde tout le contrôle sur les finances pour qu’elles soient plus vulnérables. […] On a parlé avec d’autres maisons de femmes et elles remarquent que des femmes ne veulent pas quitter la ressource, car elles ne savent pas où aller. Ça entraîne trop de rétention. On veut leur offrir une option.”

Un esprit de communauté

L’immeuble comptera une dizaine d’appartements. Une certaine flexibilité au niveau du bail sera offerte aux résidentes afin de pouvoir accommoder ces femmes le temps qu’il faudra.

“On veut aider le plus de femmes possible, mais sans forcer une rotation rapide à tout prix. Il faut que les femmes reprennent le contrôle de leurs finances et il faut leur donner des outils pour casser la roue de la violence conjugale, explique Mme Hallé. Dans le cas des ressources de première et de deuxième étapes qui existent, ça se veut toujours un hébergement temporaire. La troisième étape, il n’y en a pas encore. Nous, on devient un hébergement à temps plein, c’est-à-dire que la personne peut rester quatre ans dans l’immeuble si elle le souhaite ou trois mois si c’est le temps dont elle a besoin pour retomber sur ses pieds.”

L’immeuble disposera aussi d’une salle communautaire à proximité pour que les femmes qui y logeront puissent rencontrer les intervenants de divers organismes. Julie Hallé souhaite également que des formations puissent y être données pour aider ces femmes à prendre de l’autonomie et à reprendre le contrôle de leur vie. “On veut qu’il y ait un esprit communauté. Il y aura notamment un jardin communautaire et, ainsi qu’une remise communautaire. Il y aura des vélos pour les enfants, des outils pour le jardinage”, note-t-elle.

Campagne de sociofinancement

L’équipe des Espaces Flavie lancera sous peu une campagne de financement participatif sur la plateforme La Ruche. L’objectif est d’amasser 25 000$. Ces fonds serviront à l’aménagement de l’immeuble, notamment l’achat de mobilier pour meubler les appartements ainsi que des outils pour la cour et des vélos pour les enfants.

“Quand on quitte un milieu violent, on part généralement avec une valise de vêtements et c’est tout, fait remarquer Julie Hallé. C’est important que les logements soient meublés à 100%, qu’il y ait de la literie, des serviettes. On a également un souci pour le développement durable. L’argent servira aussi à acheter de l’équipement à partager et le système de récupération d’eau. L’immeuble aura une récupération de 70% de l’eau potable.”

La construction de l’immeuble de logements devrait débuter cet été. Les logements devraient être accessibles au début de l’année 2026. La Ville de Trois-Rivières a récemment accordé un crédit de taxes de dix ans au projet.