Wôlinak, productrice de cannabis
WÔLINAK. Une nouvelle opportunité de développement économique s’annonce à Wôlinak, soit un projet d’usine de production de cannabis médicinal. Une seconde phase est également envisagée pour laquelle la communauté autochtone participerait à l’extraction du sous-produit, l’huile de cannabis, et à sa transformation.
Dave Bernard, directeur général du Conseil des Abénakis de Wôlinak, révèle que quatre autres communautés autochtones souhaitent intégrer le projet, pour un potentiel de quatre usines supplémentaires. Elles en sont actuellement à développer le meilleur modèle d’affaires qu’elles seront en mesure de reproduire dans chacune des communautés et ainsi mettre sur pieds une filière autochtone.
«On n’a pas notre plan d’usine définitif, mais on a différents scénarios, dont certains où on travaillerait en jalon, c’est-à-dire que certaines communautés se spécialiseraient dans la production, alors que d’autres se spécialiseraient dans la transformation, l’extraction ou l’expédition», explique M. Bernard. «Chaque communauté a ses réalités, et chacune a ses forces et ses faiblesses», ajoute-t-il.
Le directeur général ne peut cependant pas dévoiler, pour l’instant, quelles sont les autres communautés qui font partie du projet.
Uniquement pour le territoire de Wôlinak, on prévoit pour la première phase la création de plus d’une vingtaine d’emplois, avec une possibilité de 10 emplois supplémentaires pour la seconde phase, soit la transformation du produit. M. Bernard explique que le potentiel est beaucoup plus grand pour certaines communautés où la capacité et la main-d’œuvre sont plus grandes.
Dave Bernard voit ce projet comme une occasion en or de développement économique. «Les communautés autochtones, si elles veulent survivre, c’est très simple: il faut qu’elles développent des sources de revenu autonome», dit-il.
Ce dernier ajoute que ce type d’industrie est idéal pour les habitants de Wôlinak. «C’est une industrie qui nécessite peu ou pas de métiers spécialisés. Pour les communautés autochtones, c’est extrêmement important parce qu’on a beaucoup de jeunes qui veulent travailler, mais qui n’ont pas toujours le niveau d’étude nécessaire pour pouvoir percer le marché du travail. On leur offrirait ainsi des emplois directement dans leur communauté», renchérit M. Bernard.
Dave Bernard est bien conscient des préjugés qui sévissent encore vis-à-vis du cannabis. «Il y a beaucoup de désinformation et peu de connaissances sur le cannabis et ses dérivés. On pense encore à la diabolisation du cannabis, car on n’arrive pas à faire la distinction entre le CBD, qui ne contient aucune substance psychotrope, et le THC. Je pense que, comme n’importe quel peuple dans le monde, on va avoir besoin que de l’éducation soit faite», insiste M. Bernard. Ce dernier souligne d’ailleurs le potentiel anti-inflammatoire et les bienfaits pour la peau du cannabis.
Le projet devrait se préciser d’ici le printemps 2021. C’est sans surprise que celui-ci a pris quelques mois de retard à cause de la pandémie.