Survivalisme: savoir survivre en cas de catastrophe
BÉCANCOUR. Le survivalisme est souvent dépeint de manière sensationnaliste et extrémiste. Pourtant, ce mode de vie mise simplement sur l’autosuffisance et la capacité à se débrouiller dans toutes sortes de situations. Ce mode de vie peu connu a d’ailleurs vu sa popularité s’accroître lors de l’arrivée au Québec du virus SARS-CoV-2, virus causant la COVID-19, en mars dernier.
Julie* habite Bécancour depuis plusieurs années. Son mari, qui souhaitait continuer à vivre confortablement malgré les tempêtes de neige et les pannes électriques par exemple, a été l’élément déclencheur de ce mode de vie qu’embrasse aujourd’hui la Bécancouroise.
Un événement comme une pandémie mondiale est le genre d’événement pour lequel un survivaliste voudrait se préparer. Même si bon nombre de Québécois ont commencé à stocker de la nourriture au printemps dernier, William Lacelle, survivaliste, éditeur et modérateur sur survivaliste du Québec et survivaliste Canada, insiste sur le fait qu’il y a une différence entre «vivre» et «survivre». «Il est facile de stocker de la nourriture, mais il y a une différence. Pour beaucoup, leur autonomie ne tient qu’à un fil, car ils ne sont même pas en capacité de jouer dans un réseau 12V ou même de réparer une fuite sur leur lavabo», précise M. Lacelle.
Il s’agit en effet du genre de compétence qu’un survivaliste voudrait généralement développer. Premiers soins, plomberie, électricité et survie en forêt n’en sont que quelques exemples. Julie, en plus de ces compétences précédemment mentionnées, s’est spécialisée en autodéfense, en maniement des armes à feu, en dissuasion, en jardinerie et en radioamateur.
L’exercice de ces compétences nécessite également du matériel spécialisé avec lequel il faut savoir travailler. D’ailleurs, Julie possède plusieurs outils qui l’accompagnent dans l’autosuffisance, et qui pourraient sauver sa vie et celle de sa famille en cas de bris de normalité, de l’incident à la catastrophe: scie à chaîne, déshydrateur, pile 12V, ondulateur, panneau solaire, génératrice, armes et munitions de chasse, équipement de pêche, filtres à eau, scierie portative, clous, vis, tour émettrice VHF.
Et ce n’est pas tout que de stocker la nourriture, il faut savoir en faire la rotation par exemple. Julie élève aussi des lapins et des poules et elle s’est procuré deux veaux au début de la pandémie, par prévention. Son objectif actuellement est d’apprendre à fabriquer elle-même la moulée pour ses poules.
La pandémie dans l’œil du survivaliste
Julie serait prête à affronter plusieurs types de situation, dont le terrorisme, les pandémies, les guerres civiles et les émeutes. Aucune possibilité ne peut être mise de côté.
«Les gens ont peur et deviennent imprévisibles. Certaines personnes ont même été jusqu’à se battre pour du papier de toilette», rappelle William Lacelle au sujet du tout premier confinement en mars dernier.
D’ailleurs, tous deux sont persuadés que le pire de la pandémie est encore à venir. «Les gens sont tannés des mesures. Je m’attends à une recrudescence des cas, ainsi que des actions radicales du gouvernement», avance M. Lacelle. Il craint d’ailleurs que le vaccin ne protège contre une seule souche, et non la totalité.
Et même si toutes ces connaissances ne servaient pas en cas de catastrophe, William Lacelle assure que ses compétences lui ont souvent été utiles au cours de sa vie, notamment lors d’accident de voiture ou de résolution de problèmes électriques, ou même lorsque vient simplement le temps de garder son sang-froid. «Le sujet est assez large, puisque chaque jour nous faisons appel à plusieurs de nos connaissances. Nos compétences nous sont utiles à tout moment, que ce soit au travail ou à la maison», assure M. Lacelle.
La pandémie fait des petits
Depuis le début de la pandémie, William Lacelle a observé un engouement particulier pour le survivalisme. Ce sont d’ailleurs plus de 3000 membres qui se sont ajoutés à leurs réseaux sociaux depuis mars dernier.
«Les gens comprennent à quel point ils sont vulnérables et peu autonomes. Ils réalisent qu’ils dépendent trop des épiceries ainsi que de la mondialisation. Le Québec ne produit même pas assez de nourriture pour subvenir au besoin de sa population», assure-t-il.
M.Lacelle mentionne d’ailleurs qu’il est possible d’obtenir de l’électricité avec des panneaux solaires, et même que la nature peut nous fournir une médecine assez efficace.
Celui qui voudrait démarrer un mode de vie survivaliste pourrait, selon M. Lacelle, commencer par acquérir des connaissances de base, et développer un esprit critique mais réaliste. «On recommande d’acheter ce que vous aimez manger, d’effectuer une rotation de vos produits, d’évaluer vos besoins et d’évaluer votre environnement», explique-t-il.
*Julie est un nom fictif, car elle préfère garder l’anonymat.