Suppression des tarifs sur l’aluminium : les manufacturiers restent vigilants 

RÉGIONAL. Après la suspension par les États-Unis des tarifs sur l’aluminium canadien, le réseau des manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec (MMCQ) et l’Association de l’aluminium du Canada (AAC) continuent à surveiller la situation de près.   

La plupart des acteurs sont unanimes sur le fait que la décision du voisin américain est une bonne nouvelle malgré quelques réserves.

«Ce n’est pas une certitude à long terme. C’est juste un arrangement temporaire, le temps qu’ils trouvent une entente», affirme Cyrille Morvan, président du MMCQ à la tête d’un regroupement de plus d’un millier d’entreprises. M. Morvan ne redoute cependant aucun impact à court terme sur les prix ou l’activité des opérateurs.

«Le marché est local et les manufacturiers utilisent l’aluminium québécois», dit-il, ajoutant qu’il faudra tout de même suivre les taxes américaines sur les matières premières pour déterminer la suite et d’éventuelles répercussions dans les prochains mois, notamment chez les grosses alumineries de la région

«Le Canada est un partenaire commercial essentiel et les tarifs et quotas ne font que fausser le marché et vont à l’encontre des principes de libre-échange qu’Alcoa a toujours soutenus», indique l’aluminerie de Bécancour dans un bref courriel à Icimédias. Toutefois, l’entreprise note que les États-Unis ont pris la bonne décision.

L’Association de l’aluminium du Canada quant à elle, affirme qu’elle «soutient la surveillance continue des importations dans toute la région de l’ACEUM (Accord Canada-Etats-Unis-Mexique), y compris le Mexique». Elle dit appuyer l’intention très clairement déclarée d’Ottawa de riposter à tout moment si les États-Unis décidaient de remettre les tarifs sur l’aluminium canadien.

Coup de Théâtre

Certains analystes estiment que Washington s’est vu presque contraint de prendre du recul dans cette affaire, faute d’arguments convaincants. Pour expliquer la volte-face du voisin américain, Geneviève Dufour, professeure à la faculté de Droit de Sherbrooke, fait remarquer que l’administration y était mise en minorité, car l’association américaine de l’aluminium considérait qu’il n’y avait pas une augmentation subite des importations.

Réagissant sur les ondes de Radio Canada, la spécialiste de Droit international économique a également recommandé la prise en compte du contexte politique aux États-Unis, avec un brin de réserve sur la suite à donner au feuilleton en cas de reconduction de l’administration Trump. Toutefois, la position de nationalisme économique affichée n’est pas sans fondement légal, eu égard au droit des parties d’invoquer l’exception de sécurité nationale dans l’ACEUM.

Selon un communiqué du bureau du représentant américain au commerce (United States Trade Representative en anglais), Washington va modifier les termes des tarifs de 10 % imposés depuis le mois d’août sur l’aluminium non allié sous forme brute.