Rovibec veut percer le secteur industriel

NICOLET. Rovibec Agrisolutions teste un nouveau robot actuellement. Si ce test s’avère concluant, comme tout semble l’indiquer, ce sera le début d’une nouvelle ère pour l’entreprise de Nicolet, spécialisée dans la conception de robots et d’équipements agricoles depuis 1976. Ce robot lui permettrait en effet de percer un tout nouveau marché: le secteur industriel.

Le Ranger Man (c’est le nom du robot) est en train de faire ses preuves dans une usine de la région, dont l’entreprise tait le nom pour le moment. « C’est une grosse PME avec beaucoup d’employés », indique tout de même Francis Leclair, directeur R&D chez Rovibec. 

Le prototype qui y est implanté connaît beaucoup d’engouement, rapporte-t-il. « C’est un robot qui déplace des choses d’un poste à l’autre. Il fonctionne par stations définies, qui peuvent être déplacées et reprogrammées selon les besoins. Pour le moment, il en dessert quelques-unes, mais [l’équipe] en veut plus. [Les employés] veulent se faire servir par le robot! » 

Pour combler ces attentes, il y a encore de la programmation à faire. La technologie, quant à elle, fonctionne très bien. « Il ne reste pas grand-chose à faire pour terminer le Ranger Man », se réjouit Alexandra Rousseau, du comité de gestion de Rovibec.

Le robot sera implanté dans quatre autres usines-tests de la région avant d’être officiellement mis en marché. « On n’a pas de calendrier précis [concernant ce déploiement], mais on vise une mise en marché en 2024 », précise Mme Rousseau.

La simplicité, gage du succès

Le nouveau robot industriel aura les mêmes traits distinctifs que tous les autres produits de l’entreprise: il sera efficace et, surtout, simple à utiliser. « C’est ce qu’on recherche d’abord, et c’est ce qui nous différencie », exprime Francis Leclair.

Par exemple, le robot ayant inspiré le « Ranger Man », soit le robot « Ranger », s’adresse aux fermiers. « Ce sont eux qui l’opèrent et on sait qu’ils n’ont pas de technicien en technologie de l’information dans leur équipe pour s’occuper de la programmation. On est conscient qu’ils ont plein d’autres tâches à faire et qu’ils n’ont pas le temps d’apprendre à programmer un robot. Il faut donc que celui-ci soit simple à utiliser, et c’est le cas pour le Ranger. On réalise que dans les PME manufacturières, la réalité est similaire; il y a plus de succès quand les choses sont gardées simples. »

L’objectif visé est d’offrir au client une technologie qui apportera une valeur ajoutée à son entreprise. « Notre robot ne fera peut-être pas 100% des tâches que peuvent effectuer les robots super complexes, mais il pourra quand même aider l’entreprise pour un prix plus raisonnable. On ne vise pas à vendre à Bombardier ou Amazon, mais à des entreprises locales qui manquent de main-d’œuvre et qui souhaitent maximiser leur chiffre d’affaires », illustre M. Leclair. 

C’est ce qui fait le succès commercial du Ranger, lancé en 2016. « C’est un robot autonome qui repousse la nourriture vers les vaches en passant dans les allées. Parce que lorsqu’elle mange, la vache éloigne de la nourriture d’elle. Alors, plutôt que ce soit un humain qui repousse la nourriture avec un tracteur ou une pelle, c’est le robot qui s’en occupe. C’est une opération qu’il faut faire plusieurs fois par jour, alors le processus est simplifié. Cela permet de libérer de la main-d’œuvre pour d’autres tâches et de faire manger davantage les vaches, ce qui limite les pertes. Le retour sur l’investissement est très rapide », décrit M. Leclair.

L’Innovathon

L’idée de tenter une percée dans un secteur autre qu’agricole a émané d’une démarche menée pendant la pandémie. « L’usine était ouverte parce qu’on était considéré comme un service essentiel, mais c’était plus tranquille », mentionne Francis Leclair.

L’entreprise avait ciblé un besoin de diversification pour mieux répartir sa production au fil des saisons. « On voulait trouver un produit qui cadrait avec nos forces (mécatronique, mécanique, électrique, fabrication, découpe, pliage, assemblage, soudure, usinage, peinture…) et dont le processus de fabrication et de développement serait très similaire à ce qu’on faisait déjà », explique Alexandra Rousseau.

La direction a alors lancé un appel à tous les employés pour savoir qui était intéressé à soumettre ses idées dans le cadre d’un « Innovathon ». « On a formé plusieurs petites équipes combinant des gens de divers secteurs. Une heure par semaine, elles se réunissaient pour faire des recherches et sortir des idées », précise Mme Rousseau.

Après quelque temps, ces idées ont été rassemblées et une deuxième phase s’est mise en branle. Celle-là visait à approfondir certaines pistes de réflexion. De ce processus est né le Ranger Man, destiné à servir le milieu industriel. 

Nouveau modèle d’affaires

En même temps que le prototype est en expérimentation, Alexandra Rousseau a la tâche d’élaborer le modèle d’affaires idéal pour ce nouveau produit. Un défi qui l’emballe au plus haut point: « Je nous vois un peu comme une entreprise mature qui démarre une start-up. On essaie des choses auprès d’une clientèle complètement différente », exprime celle qui bénéficie d’un accompagnement de l’Association régionale de développement économique du Centre-du-Québec (ARDECQ) et qui est candidate à la profession d’ingénieur. « Mon projet de maîtrise porte justement sur l’accessibilité technologique 4.0 dans les PME manufacturières. Je vais faire une validation [de mes recherches] à l’aide de ce robot (le Ranger Man) », termine-t-elle, enthousiaste.