Régie incendie Lac St-Pierre: «Sans le service de pagette, on aura un sérieux problème»

SAINT-ZÉPHIRIN-DE-COURVAL. La compagnie Rogers a avisé la Régie incendie Lac St-Pierre qu’elle mettra un terme à son service de communication par téléavertisseurs le 1er mars prochain. Une décision qui compliquera énormément les communications d’urgence sur le territoire desservi par la Régie, s’inquiète son directeur Alain Auger.

En effet, sans pagette, il sera difficile de joindre en temps réel environ la moitié des pompiers volontaires du territoire lors d’une alerte. Évidemment, le directeur a cherché un autre fournisseur, mais aucun n’a levé la main.

«La clientèle pour le service de téléavertisseurs se fait de plus en plus rare. C’est pour cette raison que les fournisseurs tendent maintenant à délaisser ce système-là», explique M. Auger.

Il mentionne qu’aujourd’hui, la plupart des services incendie fonctionnent avec les réseaux cellulaires pour contacter leurs pompiers. Cette option n’est cependant pas envisageable sur le territoire en ce moment, en raison du réseau cellulaire déficient dans trois des quatre principales municipalités desservies par la Régie, à savoir La Visitation-de-Yamaska, Saint-Elphège et Saint-Zéphirin-de-Courval.

Le saviez-vous?

La brigade de la Régie incendie Lac St-Pierre est composée de 27 pompiers volontaires. Elle possède quatre camions et est répartie dans deux casernes: une à Baie-du-Febvre et une autre à Saint-Zéphirin-de-Courval.

«Il n’y a qu’à Baie-du-Febvre où ça va bien puisqu’il y a une tour de communication cellulaire à cet endroit, indique le directeur, précisant que la moitié de son équipe y réside. Ailleurs, c’est très difficile de capter un réseau. Certains secteurs n’en ont tout simplement pas. C’est le cas, par exemple, à notre caserne de Saint-Zéphirin. Aussi drôle que ça puisse paraître, ça signifie que si l’on devait utiliser exclusivement les communications cellulaires pour nos alertes, nos pompiers sur place ne les recevraient pas!»

Un bond de 30 ans en arrière…

Pour le moment, tout porte à croire que la centrale 911 devra tenter de joindre un par un les pompiers des secteurs problématiques une fois que le service de pagette prendra fin. «On recule de 30 ans, soupire M. Auger. On va tenter de les joindre du mieux qu’on peut, mais c’est très contraignant.»

Dans pareil contexte, le service incendie aura de la difficulté à rencontrer les exigences du ministère de la Sécurité publique. «On doit avoir un minimum de huit pompiers en dix minutes sur une intervention, rappelle le directeur de la Régie. Avec la moitié de mes hommes qui seront difficiles à joindre au moment d’une alerte, je ne pourrai plus remplir ces conditions-là, c’est certain», soulève Alain Auger.

«Je ne peux pas dire qu’on n’interviendra pas, parce que la moitié de nos pompiers a quand même accès à un réseau cellulaire qui fonctionne à merveille, ajoute-t-il. Mais on va assurément être au ralenti vu que les autres seront plus difficiles à joindre. Comme service d’urgence, on ne peut pas se permettre ça.»

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«Les compagnies cellulaires doivent développer le territoire»

Cette tour pourrait servir à bonifier le réseau cellulaire dans la région de Saint-Zéphirin-de-Courval, croient le directeur de la Régie incendie Lac St-Pierre, Alain Auger, et son président, Claude Lefebvre.

SAINT-ZÉPHIRIN-DE-COURVAL. Trouver une alternative pour remédier à la fin imminente du service de téléavertisseur est loin d’être simple, soupire Alain Auger. Le directeur de la Régie incendie Lac Saint-Pierre a multiplié les démarches et très peu d’options s’offrent à l’organisation d’ici à ce qu’un réseau cellulaire adéquat soit implanté dans la région. L’une d’elles serait l’utilisation de radios CB.

«Ce pourrait être une solution temporaire, indique-t-il sans grande conviction. On pourrait en louer pour chacun des pompiers concernés par la problématique, mais c’est assez cher (environ 1200$ par appareil) et c’est loin d’être parfait. C’est un gros appareil et pour que ça fonctionne bien, les gens doivent être proches des tours de communication locale. C’est donc dire que s’ils ne sont pas dans la zone au moment d’un appel, ils ne le capteront pas en raison de la portée limitée de l’appareil.»

Une autre option, encore plus onéreuse selon M. Auger, serait de procéder à l’installation d’un système local et privé de transmission de données par pagette. Un système loin d’être parfait, étant donné que le signal ne couvrirait que le territoire de la Régie. «Un pompier qui serait au travail à Drummondville ou Nicolet, par exemple, ne recevrait pas l’alerte sur sa pagette», résume le président de la Régie, Claude Lefebvre.

«Sans compter qu’il faudrait réaliser une étude, acheter les équipements et les installer, renchérit Alain Auger. De plus, une fois le système en place, il faudrait le gérer par nous-mêmes. On est tous des pompiers volontaires, alors s’embarquer dans une telle gestion, c’est impensable.»

L’implantation de la fibre optique, d’ici trois ou quatre ans, ne réglera pas le problème non plus, précisent les deux hommes. «Ça donnera accès à Internet et c’est tout. Ça n’a rien à voir avec le réseau cellulaire.»

Appel à l’aide

À court de solutions, Alain Auger et Claude Lefebvre ont lancé un appel à l’aide au dernier conseil des directeurs incendie de la MRC. «Il faut que ça aille plus loin. Il faut mettre de la pression sur les compagnies cellulaires pour qu’elles développent le territoire, martèle M. Auger. Je comprends qu’en termes de bassin de clientèle, les gens de la campagne ne sont peut-être pas vraiment attrayants pour eux. Pour nous, cependant, le problème est réel: on a des résidents à desservir et on doit recevoir les appels si l’on veut intervenir adéquatement.»

Les deux hommes croient que la tour érigée à Saint-Zéphirin-de-Courval pourrait constituer une piste de solution. «Elle est identique à celle de Baie-du-Febvre, mais ne sert qu’aux communications Internet. Sogetel (qui en est la propriétaire) pourrait sûrement y ajouter des antennes pour bonifier le réseau cellulaire», proposent-il, sachant pertinemment que ce genre de dossier, dans la réalité, est beaucoup plus complexe à développer. «Ça réglerait tous nos problèmes», se permettent-ils tout de même de rêver.