ProjetBécancour.ag: les promoteurs abandonnent leur projet
BÉCANCOUR. L’usine de production de méthanol et d’urée dans le parc industriel et portuaire de Bécancour ne verra pas le jour. C’est un investissement de 1,3 milliard de dollars qui s’envole avec l’abandon de ProjetBécancour.ag par les promoteurs.
Le projet cheminait depuis un peu plus de deux ans. Dans le processus, on était à toutes fins pratiques rendu aux audiences du BAPE. On prévoyait une mise en service à la fin de 2022.
Les promoteurs ont annoncé leur décision dans un communiqué émis en toute fin d’après-midi, lundi. «C’est avec regret que ProjetBécancour.ag annonce aujourd’hui l’abandon de son projet de construction d’une usine intégrée d’urée et de méthanol dans le parc industriel de Bécancour. Cette décision a été prise d’un commun accord entre tous les actionnaires en raison de l’impossibilité à réaliser l’approche de construction prévue, malgré nos efforts de négociation, d’en arriver à une entente IAC (Ingénierie, Approvisionnement, Construction), ce qui nous aurait permis d’obtenir un prix fixe pour la réalisation du projet et ainsi, diminuer le risque des promoteurs», justifie-t-on.
Dans ce même communiqué, on indique que cette décision a été prise afin de protéger l’investissement des partenaires, qui incluait, entre autres, de l’argent public et celui des coopératives agricoles. « Nous avons pris cette difficile décision en raison de l’impossibilité à réaliser l’approche de construction prévue, qui visait à obtenir un prix ferme pour l’ingénierie, l’approvisionnement et la construction. Malgré une démarche d’appel d’offres dans les règles de l’art, les résultats n’auront pas permis d’en arriver à une option viable pour le projet.»
Rappelons que ProjetBécacncour.ag s’avérait en quelque sorte une version remaniée du projet d’usine d’urée d’IFFCO Canada annoncé en 2014. Dans les mois suivants, le projet avait été mis en veilleuse en raison de divers changements et de conditions économiques défavorables qui rendaient sa rentabilité incertaine. Cette deuxième mouture du projet redémarrait sur des bases plus solides grâce à l’arrivée d’un nouveau partenaire, Développement Nauticol Québec, ainsi qu’une nouvelle stratégie en deux volets.
Le premier volet de cette stratégie était de combiner en une seule usine la production d’urée et de méthanol afin d’utiliser les rejets du méthanol pour produire l’urée. Cette intégration avait le double avantage de diminuer l’empreinte environnementale du projet en plus de diminuer le risque financier, étant donné les cycles économiques complémentaires des deux produits.
Le deuxième volet était de miser sur la formule IAC (Ingénierie, Approvisionnement et Construction) pour la réalisation du projet. Ce choix devait permettre une réalisation du projet en mode accéléré (« fast track »), tout en permettant de mieux contrôler la qualité du projet et les coûts. C’est ce volet qui a posé problème: «Les réponses que nous avons obtenues ne nous ont pas permis de mettre en œuvre cette formule.»
Les actionnaires du projet se disent «surpris et déçus» de cette situation et «désolés de la tournure des événements.»
Ils terminent en remerciant les élus et les acteurs économiques de la région pour leur appui tout au long du processus. « De nombreux collaborateurs ont mis du temps et des ressources pour appuyer et améliorer notre projet […]. Nous n’aurions pu espérer obtenir un meilleur accueil par la communauté de Bécancour qui était favorable au projet à plus de 79 %, selon un sondage réalisé au printemps dernier par la firme CROP.»
À LIRE AUSSI: Alternatives Bécancour réagit à l’abandon du ProjetBécancour.ag