Prendre soin des autres, une vocation familiale
SAINT-CÉLESTIN. Prendre soin des autres, c’est ce que Lucie Chabot a fait toute sa vie, et on peut dire que ses filles Julie et Nancy Morin se sont engagées sur cette même noble route, autant dans leurs vies personnelle que professionnelle. Cette vocation qui anime la famille saute aux yeux de tous; pourtant, toutes trois ne semblaient pas réaliser, avant de raconter leur quotidien en entrevue, leur investissement dans le bien-être des autres.
L’histoire se déroule dans la maison familiale habitée par la famille Morin depuis plusieurs générations. Lucie Chabot se lève à l’aube pour préparer les repas à toute la maisonnée, pour toute la journée. Elle confectionne même des sandwichs pour les travailleurs engagés sur la ferme familiale. Tout ça avant de quitter la maison pour la résidence pour personnes âgées où elle travaille. À son retour, elle poursuit sa journée sur la ferme et à s’occuper de ses enfants.
Il faut dire que Mme Chabot n’a pas peur de l’ouvrage! «Des fois, je peinturais le matin avant de partir! Il n’y a rien à mon épreuve», assure la dame aujourd’hui âgée de 75 ans, mais qui semble avoir l’énergie d’une jeune cinquantenaire! «Je ne connaissais pas ça, la fatigue. Il y en a qui me disait que j’étais bien chanceuse, que j’avais une bonne capacité», ajoute-t-elle.
Lucie Chabot a travaillé 32 ans dans une résidence pour personnes âgées à Nicolet. Elle a œuvré à la cuisine, à la buanderie et au ménage, jusqu’à ce qu’une fusion engendre des suppressions de poste et l’oblige à devenir préposée aux bénéficiaires. Mme Chabot se rappelle qu’à cette époque, une infirmière lui avait appris les rudiments du métier en une journée. Le lendemain, elle était officiellement en poste, complètement autonome!
«Je partais le matin pour aller travailler, et ça ne me coûtait pas. J’aimais ça et je ne trouvais pas les journées longues!», assure Mme Chabot.
À cette même période où elle était préposée aux bénéficiaires, pendant un peu plus d’un an, le grand-père paternel de Julie et Nancy a résidé avec eux. Leur mère a pris soin de grand-papa Paul en plus de tous les autres. «Il faut dire que j’étais rendue habituée, ça ne me dérangeait pas vraiment! Ça m’a fait plaisir. C’est ça la vie!», assure Lucie Chabot.
Et voilà que la pomme tombe non loin de l’arbre. Julie Morin, la fille de Lucie, a elle aussi pris la décision de prendre soin de ses grands-parents. Alors qu’elle était adolescente, à peine âgée de 15 ou 16 ans, elle est allée habiter chez ses grands-parents Morin pour prendre soin de sa grand-mère. «Ils avaient besoin d’une présence», explique-t-elle simplement.
«Je pense que c’est en nous. C’est comme ça qu’on a été élevée», ajoute sa sœur Nancy.
«Notre tante habite à côté, notre cousin est dans le coin. C’est très familial, c’est beaucoup d’entraide», reprend Julie.
Julie Morin a finalement fait sa technique en soins infirmiers, ce qui allait lui permettre, elle aussi, de prendre soin des autres. Après avoir travaillé dans de nombreuses résidences pour personnes âgées et CHSLD, elle est aujourd’hui infirmière à l’urgence de Nicolet.
«Je suis infirmière depuis 1996. Je n’ai pas lâché, j’aime ça et je ne ferais pas autre chose. J’adore, malgré la pandémie! Oui on a le masque, mais non, je ne changerais pas. J’aime m’occuper des gens, j’aime soigner les gens», insiste-t-elle.
Quant à Nancy Morin, elle a plutôt opté pour des études en communications à l’UQTR. Elle a travaillé 20 ans au Festival du cochon de Sainte-Perpétue. Bien qu’elle adorait son travail, une idée lui trottait en tête, celle de retourner aux études pour devenir préposée aux bénéficiaires. C’est à l’arrivée de la pandémie qui a mis sur pause tout le Québec, dont les festivals, que Nancy Morin a senti que c’était le bon moment de suivre son idée. Le lancement de la campagne de recrutement du gouvernement québécois est arrivée à point nommé. «Quand Legault a annoncé au mois de mai qu’il lançait la première cohorte, j’ai fait le saut, je me suis inscrite, et j’ai été sélectionnée! C’est comme si tout s’était aligné», raconte-t-elle.
Bien qu’à première vue ce changement de carrière peut sembler radical, Nancy assure que bien de ses connaissances en communications et en tant qu’organisatrice au Festival du Cochon lui sont aujourd’hui utiles. «J’étais beaucoup en contact avec les gens. En tant que préposée, il faut également que tu aies une planification, il faut être organisé!», mentionne Nancy.
«Ça demande souvent beaucoup de patience aussi et il ne faut pas en faire une affaire personnelle, poursuit la préposée. Les résidents ont souvent des troubles cognitifs; tu te fais frapper mais un autre matin, la discussion est joyeuse», raconte Nancy. En s’intéressant réellement aux résidents, elle apprend leurs sujets de conversation de prédilection, ce qui lui permet d’avoir une bonne relation avec eux et d’ainsi faciliter son travail. «Il faut que tu les aimes et que tu saches un peu leur histoire de vie pour entrer en contact avec eux», dit-elle.
«Je veux m’assurer que mes résidents soient en sécurité, qu’ils soient propres, qu’ils soient confortables, insiste Nancy Morin. C’est vraiment enrichissant! À la fin de la journée, tu sais que tu as aidé et que tu as fait du bien.»
Et voilà que la pomme tombe non loin de l’arbre. Julie avoue que sa fille songe à étudier elle aussi en soins infirmiers. «Malgré la pandémie et le manque de personnel, je me dis qu’elle voit de sa mère qu’elle aime son travail», affirme Julie qui encourage d’ailleurs sa fille à cheminer vers cette carrière, car justement, il y a un manque flagrant de personnel. Elles auront peut-être même l’occasion de travailler ensemble, idée qui ne semble pas déplaire à Julie Morin.