Première cuvée de cannabis récréatif pour Greentone
BÉCANCOUR. La nouvelle serre de production de cannabis récréatif de Greentone traite déjà ses premières récoltes. L’entreprise du Parc industriel et portuaire de Bécancour emploie 75 personnes.
Greentone a obtenu son permis de culture, de transformation et de vente médicale de Santé Canada en février 2020 et a aussitôt lancé sa production. Sa serre ultramoderne de 320 000 pieds carrés produit ses premières récoltes. Et les résultats semblent prometteurs. «On est très excités pour la suite des choses. La serre répond aux besoins exprimés, livre ce à quoi on s’attendait. On va amener l’industrie du cannabis vers le 21e siècle», assure Mariève Rodrigue, vice-présidente aux Affaires juridiques et corporatives des Entreprises Greentone.
Greentone cultive du cannabis récréatif destiné notamment à la SQDC et au reste du Canada. «L’objectif est de produire 40 à 50 tonnes par année. On a fait nos premières récoltes, mais pas nos premières ventes encore. Reste à sécher et à obtenir les tests» et l’autorisation finale de vendre aux provinces du pays. «Il faudra attendre jusqu’à deux mois», précise Mariève Rodrigue.
Greentone est persuadée de pouvoir écouler toute la production des premières récoltes, même si toutes les ententes ne sont pas encore ficelées. L’entreprise a déjà investi 40 M$ et projette de construire trois autres serres de même dimension. Greentone, qui devait à cette date avoir quatre serres sorties de terre, ne construira la seconde que l’an prochain. «On préfère se concentrer sur ce qu’on a pour optimiser nos processus, bien maîtriser la base avant de déployer les prochaines étapes», de dire Mme Rodrigue.
Le président-directeur général de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour, Maurice Richard, estime que l’entreprise va très bien. «Ils ont obtenu tous leurs permis, la production est en cours. C’est une entreprise qui est active. On a répondu oui à cet appel, rapidement». Le Parc industriel de Bécancour a vendu un premier terrain à Greentone au coût de 7,70 $/m2. Greentone a pris une option sur des milliers de pieds carrés supplémentaires.
Greentone est, depuis le 8 juillet dernier, enfin conforme au schéma d’aménagement de la MRC de Bécancour. Ce schéma a été amendé « afin d’autoriser certains usages agricoles à l’intérieur de l’affectation industrielle lourde », nous confirme le directeur général de la MRC, Daniel Béliveau.
Une technologie de pointe
L’association de Greentone avec le spécialiste néerlandais des serres de culture Kubo n’est pas étrangère à l’enthousiasme exprimé par Mme Rodrigue. «À l’international, ce sont les plus grands constructeurs de serres». Greentone affirme être «respectueuse de l’environnement» et disposer d’une technologie de pointe. Greentone dit ne pas utiliser d’eau potable pour alimenter sa production. Des bassins de rétention d’eau de pluie et d’eau provenant de la fonte des neiges alimentent la serre. «L’air et la pression sont contrôlés et le soleil atteint les cultivars en passant à travers un toit en verre». Les systèmes de chauffage, de refroidissement, de filtration des eaux, d’irrigation et de distribution des nutriments sont très performants.
Recrutement actif
Les compagnies Greentone et PureSphera de Bécancour sont d’ailleurs en pleine campagne de recrutement. Une trentaine de postes sont à pourvoir. Le maire de Bécancour, Jean-Yves Dubois, veut à ce sujet éveiller les consciences. «On a près de 13% de chômage et au même moment, nos entreprises peinent à trouver des employés à des salaires qui peuvent varier entre 16$ et 20$ l’heure. Le travailleur qui dit « ça m’intéresse » aura une ligne directe vers l’employeur via le CLD d’Entreprendre Bécancour» (voir texte en page 5 pour plus d’information).
Greentone espère par ailleurs dans un proche avenir pouvoir collaborer avec l’UQTR et l’École d’agriculture de Nicolet. Mais rien n’est ficelé.
Les ramifications internationales de Greentone
N’obtient pas qui veut un permis d’exploitation, de culture et de vente de cannabis au Canada. Les dirigeants et actionnaires canadiens et étrangers de Greentone ont dû se soumettre aux enquêtes de sécurité de Santé Canada et de la GRC, précise l’entreprise. Greentone, qui s’appelait à l’origine Flora Agritech, a aussi dû recevoir l’aval de l’Autorité des marchés publics.
Les actionnaires qui figurent au Registraire des entreprises du Québec ont suivi cette transition. Parmi eux, Amphora Life Insurance Company dont le siège social est à la Barbade, un paradis fiscal. Deux des administrateurs d’Amphora sont d’ailleurs des Canadiens: Charles Gagnon, spécialiste en taxation, et Louis Galardo, investisseur immobilier. M. Galardo figure aussi au CA de Greentone. Suivent, Cove Spring Capital Corporation, résidente de l’île caraïbéenne de Sainte-Lucie et Rasbaska Agritech de Montréal.
Nos recherches numériques sur Cove Spring et Rasbaska n’ont rien produit. Questionnée à ce sujet, Greentone nous apprend qu’il s’agit de sociétés d’investissement. Tout se fait dans les règles de l’art «ça je peux vous le garantir», affirme Mariève Rodrigue de Greentone.
Chez Greentone, seule la VP Affaires publiques accorde des entrevues aux médias. «On fonctionne en collégialité avec quatre vice-présidents qui assurent la direction de l’entreprise. David Pedneault, VP Finance, Richard Jonkman VP Opérations, Daniel Simard, VP Ventes et marketing» et Mariève Rodrigue VP Affaires juridiques et corporatives pour Greentone. Tony Fionda, présent depuis l’époque de Flora Agritech, est encore président, mais son rôle semble flou. Mme Rodrigue nous assure que Tony Fionda «est encore là, ça fait longtemps qu’il gravite autour de l’industrie du cannabis. On peut dire que Tony est président pour le Registraire des entreprises du Québec.»