NeurodIdActe: l’intelligence artificielle au service de l’éducation

BÉCANCOUR. « Et si l’école était un jeu ? » C’est une phrase qui trotte constamment dans la tête de Mélanie St-Onge depuis au moins cinq ans. Au point où elle en fait maintenant son objectif professionnel ultime…

En fondant NeurodIdActe, à la fin de 2020, cette orthopédagogue spécialisée en neuroéducation a fait un premier pas vers l’atteinte de cet objectif. Mais un travail colossal reste à accomplir pour celle qui vise à élaborer une plateforme pédagogique sans précédent. Cette plateforme, à la fois ludique et efficace, aurait le potentiel de révolutionner la façon d’enseigner, et même d’apprendre !

« Ce qu’on évalue à l’école, ce sont les compétences en lecture, en écriture, en résolution de problèmes, etc. Le problème, c’est que les enseignants consacrent 80 % de leur temps à l’enseignement des connaissances préalables au développement des compétences ; une chose qui peut très bien être faite par un avatar », souligne la Bécancouroise, qui veut inverser la statistique.

La plateforme qu’elle imagine permettrait aux élèves du primaire et du secondaire d’acquérir à leur rythme les connaissances nécessaires à leur réussite, et ce, dans toutes les matières. Leurs enseignants verraient quant à eux en direct, sur un ordinateur ou une tablette, leur progression respective. Ils pourraient ainsi repérer très rapidement les difficultés de chacun et, de facto, mieux cibler leurs interventions auprès d’eux.

« Ça fait un bon moment que j’ai cette idée en tête. En 2018, j’ai fait des demandes de devis, mais ça coûtait plusieurs centaines de milliers de dollars pour développer la plateforme que je voulais réaliser », raconte Mme St-Onge.

Ne disposant pas de tout cet argent, elle a alors entrepris d’appliquer son idée à plus petite échelle. C’est ainsi qu’est née, en même temps que NeurodIdActe, sa toute première plateforme de formation en ligne, destinée à aider les étudiants à réussir le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE). Il s’agit d’une épreuve redoutée par les étudiants, mais dont la réussite est incontournable pour l’obtention du brevet d’enseignement.

« En 2018, jusqu’à trois étudiants sur quatre l’échouaient au premier essai », rapporte Mme St-Onge.

C’est après avoir elle-même pris la pleine mesure du degré de difficulté de ce test que le projet s’est imposé à elle. « Je n’ai eu que dix jours pour me préparer », raconte celle qui, à ce moment (en 2019), venait de poser sa candidature à un poste affiché à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. « Après m’être exercée à l’aide d’un test formatif trouvé dans un guide de préparation bien connu, j’ai réalisé que j’avais des croûtes à manger si je voulais impressionner mon futur employeur ! », témoigne-t-elle.

Sa spécialisation en neuroéducation lui a toutefois servi tout au long de sa préparation, puisqu’elle s’est appuyée sur certains principes neurodidactiques pour mieux assimiler la matière. Elle a réussi le test et décroché l’emploi, dont l’un des volets consistait à aider les étudiants en médecine à améliorer leur capacité de mémorisation.

Un succès dès le premier jour

C’est sur ces mêmes principes neurodidactiques que repose la formation qu’elle a développée. « Dès que je l’ai mise en vente, j’ai eu des inscriptions. Il y a eu un super engouement. Au bout de six mois, je remplaçais déjà mon salaire d’orthopédagogue », indique fièrement l’entrepreneure, qui a reçu beaucoup d’éloges de ses clients.

Depuis, l’engouement est loin de s’essouffler. C’est pourquoi Mélanie St-Onge a décidé, au début de 2023, de se consacrer à 100 % au développement de son entreprise. Elle prévoit mettre en ligne, en octobre ou en novembre prochain, une formation destinée à aider les étudiants au collégial à réussir l’épreuve uniforme de français nécessaire à l’obtention de leur diplôme. Au printemps 2024, ce sera au tour des élèves de secondaire 5 d’avoir accès à une formation en ligne pour les aider dans la réussite de l’épreuve unique de français au secondaire.

À plus long terme, elle a encore dans sa mire le développement de sa plateforme « Et si l’école était un jeu ». Elle demeure convaincue que l’intelligence artificielle et les outils technologiques peuvent réellement optimiser les apprentissages des élèves et le travail des enseignants, surtout s’ils sont conçus selon une méthodologie s’appuyant sur des principes neurodidactiques.

La psychologue Celia Hodent en a d’ailleurs fait une première démonstration en parvenant, avec une stratégie similaire, à faire du jeu vidéo Fortnite un véritable phénomène mondial. Et si les fondements de tout cela permettaient aux jeunes de devenir accros… à l’école ?

C’est le plus grand souhait de Mélanie St-Onge…