Mila P. Sylvain a déjoué les pronostics

SAINT-CÉLESTIN.Le 24 juin 2012 ne s’est pas déroulé comme prévu pour Mila P. Sylvain. La Saint-Célestinoise s’amusait sur l’eau, sur un wakeboard, quand une vilaine chute a transformé son plaisir en cauchemar. Après plusieurs mois de réhabilitation et une décision qui allait changer sa vie, la voilà membre des Demois’Ailes, prête à relever le défi de courir dix fois dix kilomètres, du 8 au 12 juillet.

En l’espace de trois secondes, Mila P. Sylvain a vu son sourire se transformer en peur, et sa peur se transformer en douleur.

«On allait fêter la Saint-Jean-Baptiste au lac Sacacomie. J’étais déjà une fille très sportive. Deux semaines plus tôt, je venais de faire mon premier demi-marathon et j’avais couru 15 kilomètres le matin même. Lorsque mon wakeboard a piqué du nez, ma jambe a tout pris le choc. Mon pied n’est jamais sorti de la botte et c’est ce qui aurait été l’idéal», se souvient-elle.

«Je croyais que j’avais une simple luxation, mais j’ai vu que mon genou était en forme de S. Je ne pouvais pas nager et mes amis m’ont ramenée sur le bateau pour ensuite appeler l’ambulance. J’ai une amie infirmière qui m’a accompagnée jusqu’à l’hôpital et finalement, on m’a annoncé que j’avais le tibia fracturé de la première partie articulaire jusqu’au tiers de mon tibia. Mon genou s’est tordu jusqu’à la fracture, ce qui l’a fait éclater en plusieurs morceaux.»

La chirurgie qui a suivi a duré trois heures, aux mains de deux orthopédistes. Allaient s’en suivre quatre jours de vomissements et un premier pronostic-choc.

Mila P. Sylvain peut aujourd’hui marcher et courir sans douleur.

«On m’a mis deux plaques et 18 grosses vis à patio pour refaire le tibia, si on veut. On m’a annoncé que j’allais être en arrêt de travail de quatre à cinq mois. Mais surtout, on m’a dit que je ne pourrais peut-être plus marcher normalement, probablement à l’aide d’une canne, et que je ne pourrais probablement plus faire de sport, raconte-t-elle. Je suis thérapeute en réadaptation physique. C’est mon milieu. J’étais une grande sportive et je me disais que ça ne se pouvait pas.»

La douleur toujours présente

Après six mois de réhabilitation, Mila a revu l’orthopédiste qui l’avait opérée.

«Je lui ai dit que j’avais des douleurs malgré la médication et il m’a dit: « Deviens Rocky! ». Il m’expliquait que je devais m’entraîner fort pour refaire la masse musculaire que j’avais perdue. Pendant trois ou quatre mois, je me suis entraînée cinq jours par semaine à raison de deux heures par jour.»

«Je me suis tannée et j’ai exigé une nouvelle opération. Je leur ai demandé d’enlever les vis, même si je savais qu’il y avait certains risques. Ils ont hésité, puis accepté. Je me suis fait réopérer le 30 septembre 2013. J’ai continué ma réhabilitation et mes exercices. Dix-huit mois plus tard, je recommençais le sport. On m’avait dit que les sports de changements de direction seraient impossibles et aujourd’hui, j’ai repris le soccer et je joue au dekhockey.»

Aujourd’hui, Mila peut marcher et courir sans douleur. Prochainement, elle pourra vivre le défi des Demois’Ailes, mais sans «le trip de gang» malheureusement.

«J’aimais la course et les Demois’Ailes courent pour une cause qui me tient à cœur. On connaît tous quelqu’un, de proche ou de loin, qui a vécu ou entendu parler de violence conjugale. J’ai des amies qui faisaient le défi déjà, alors j’ai décidé de joindre le groupe. Je voulais voir, mais surtout vivre le support et le soutien qui entourent les Demois’Ailes», témoigne-t-elle.

«Je n’avais rien à perdre à essayer, mais tout à gagner. Le défi a été remanié, malheureusement. Nous allons être chacune chez nous, mais ce n’est pas grave. On réussit à s’entraîner ensemble avec la plateforme Zoom et nous continuons nos rencontres avec le préparateur mental. C’est important, car ça peut jouer sur le mental un tel défi solo alors qu’on devait vivre un trip de filles. On a beaucoup de soutien et l’adrénaline est encore très forte.»

Fierté

Bref, le défi approche à grands pas et Mila y sera. Elle a travaillé fort pour déjouer les premiers pronostics et aujourd’hui, elle en est très fière.

«Je suis fière de la discipline que j’ai eue et que j’ai encore. Ça remonte à très loin puisque je me souviens que mes amis faisaient le party lorsque je devais me préparer à aller à des tournois ou à des compétitions. Je suis fière de m’être écoutée, car si je n’avais pas opté pour la deuxième opération, je n’en serais sûrement pas là aujourd’hui», confie-t-elle.

«Je suis aussi fière d’avoir inspiré des proches. Mon père m’a fait une confidence à Noël dernier. Il avait 77 ans à ce moment et il était rentré aux soins intensifs pour la légionellose. Il m’a dit que lorsqu’il avait eu envie de tout lâcher, il a repensé à moi, à cette période où mon courage m’a aidée malgré la douleur, suite à des pronostics difficiles. Il m’a dit que ça lui a donné le courage de continuer et de se relever. Ça m’a vraiment beaucoup touchée», conclut-elle.

 

Les Demois’Ailes

Édition en solo

Prévue du 8 au 12 juillet, la 8e édition du Défi des Demois’Ailes consistait en une course de 750 km à relais en partance de Trois-Rivières, passant par Magog, Sherbrooke, Thetford Mines, Québec, Donnacona, Champlain, Yamachiche, Saint-Étienne-des-Grès et Saint-Boniface, avant de franchir le fil d’arrivée à Shawinigan. Les Demois’Ailes effectueront les relais prévus, mais à partir de chez elles.

Le Défi des Demois’ailes permet d’amasser des fonds pour des maisons d’hébergement qui aident les femmes et les enfants victimes de violence conjugale. Depuis 2013, c’est un total de 408 000$ qui a été remis.

Au fil des ans, ce sont 276 Demois’Ailes qui ont relevé le défi.