Médiation en cours à Wôlinak
WÔLINAK. L’ambiance est lourde et conflictuelle au Conseil des Abénakis de Wôlinak. Depuis mars 2022, les élus sont en médiation afin de régler les différents procès en cours, mais selon Michel R. Bernard, chef du Conseil, les discussions n’avancent pas. Il souhaite également plus de transparence de l’autre partie, formée de Stéphane Landry, Manon Bédard et Martine Bergeron-Milette.
Le contenu de la médiation ne peut pas être dévoilé pour l’instant car il est confidentiel, mais le chef Bernard demande que les autres parties impliquées dans cette médiation rendent leurs demandes publiques. Il demande aussi à tous les membres du Conseil participant à la médiation de rendre l’entièreté des documents publics afin de consulter les membres de la Première Nation.
« Selon moi, la transparence est la seule façon de compléter le processus de médiation et de rendre le processus juste et équitable pour la nation dans son entièreté. Surtout qu’il est question de la responsabilité d’élus », confie le chef.
Si les autres parties ne rendent pas leurs demandes publiques, Michel R. Bernard entend dévoiler les informations par lui-même ce mercredi 21 décembre, lors d’une réunion générale. « Je vais sortir toutes les demandes et tout l’argent qu’ils veulent avoir, parce que c’est une question d’argent », croit M. Bernard. « J’ai vu leurs demandes et ça n’a pas de sens. C’est sûr que je n’adhère pas à ça », ajoute-t-il.
Interrogé sur la demande du chef Bernard, Stéphane Landry estime aller dans le sens du juge de la cour fédérale, Sébastien Grammond, mandaté pour présider la médiation. « D’entrée de jeu, il nous a répété que tout ce qui se dit en médiation est confidentiel. Le juge nous l’a clairement dit! Alors ce n’est pas par manque de transparence, c’est simplement parce que la cour nous a émis des directives très claires, insiste M. Landry. Michel Bernard ne veut pas régler les dossiers, et il met ça sur le dos de notre manque de transparence ».
Michel Bernard estime également qu’il y a un flagrant conflit d’intérêt dans la médiation, alors que les trois élus poursuivent le conseil de bande. Ils se retrouvent donc à porter deux chapeaux, soit de demandeurs et d’élus qui pourraient eux-mêmes approuver leurs demandes, dit-il. Ils ont d’ailleurs tenté d’exclure Michel R. Bernard de la médiation en lui faisait parvenir une mise en demeure. Ce dernier craint que sans sa présence, les décisions pouvant être prises dans le cadre de la médiation seraient synonymes de conflit d’intérêts et de manque de transparence.
« Je ne veux plus qu’il y ait de chicane. Je veux faire une réunion générale, et les statués voteront s’ils veulent les payer, ces montants-là. On ne peut pas faire des affaires en cachette comme ils font là », estime le chef.
Stéphane Landry réplique toutefois que le chef n’a pas le droit de vote et que ces votes sont entre les mains des trois autres conseillères. « Malgré que j’ai deux personnes qui sont censées être de mon côté, on ne s’est pas entendu encore. S’il n’y a pas eu d’ententes, ça vient démontrer que ces deux filles-là sont intègres en tabarouette et elles pensent à la communauté avant de penser à moi. Personne n’a d’intérêt personnel là-dedans », explique le conseiller.
Michel R. Bernard souhaite également réfuter ce qu’il juge de la « désinformation » propagée par Stéphane Landry dans un autre média. Ce dernier affirme que la suspension de Dave Bernard repose en partie sur des irrégularités au Grand Royal Casino, alors que seule la question de son salaire aurait été mentionnée au moment du vote de la suspension. Également, M. Bernard dément que la médiation ait été ordonnée par la juge Jocelyne Gagné. « Personne n’est obligé d’y aller. Elle a dit que si ça ne marchait pas la médiation, qu’elle allait elle-même déclencher des élections », insiste le chef.
Un climat toxique au Conseil
Selon Michel R. Bernard, Stéphane Landry et Manon Bernard se sont mis à tout chambouler au Conseil dès leur élection. « La première journée qu’ils sont arrivés, ils ont fait une réunion, ils ont baissé mon salaire de 70%, et ils ont donné 75 000$ à une nouvelle firme d’avocats pour s’occuper de nos intérêts plutôt que la firme d’avocats qui était là depuis 7 ans et qui connaissait tous les dossiers, révèle le chef Bernard. Je n’ai même plus le droit de signer quoi que ce soit, aucun chèque, etc. »
« C’est vrai qu’on a coupé son salaire. On lui a dit : ton job comme chef, c’est de nous représenter auprès des gouvernements et aux assemblées de chefs, ainsi qu’aux forums en rapport avec nos communautés, mais il ne l’a jamais fait. Il ne fait pas sa job et les conseillers se tapent tout l’ouvrage », estime M. Landry.
Le chef dénonce également le climat toxique pour les employés du Conseil des Abénakis de Wôlinak qu’ont instauré les trois conseillers qui ont voté la suspension du directeur général, Dave Bernard, en novembre dernier. « Le poste de directeur général est un peu comme l’agent médiateur entre le conseil et l’administration. Dave est quelqu’un qui prône beaucoup l’arrêt de l’ingérence et qui est extrêmement présent depuis leur arrivée, et c’est la personne qui va dire ce que tu ne peux pas faire parce que ça ne rentre pas dans notre cadre administratif, que ça ne rentre pas dans notre cadre de la gestion financière. Alors c’était un peu un problème (pour M. Landry) qu’il soit en poste », croit le chef.
« Ça crée une dynamique négative dans le conseil. Les employés ont peur pour leur travail, parce qu’ils ont vu Dave se faire suspendre ».
Rappelons que Dave Bernard, directeur général du Conseil des Abénakis de Wôlinak, a été suspendu le 22 novembre dernier après une résolution proposée par Stéphane Landry, Manon Bernard et Martine Bergeron-Millette. Le samedi suivant, un incendie d’origine suspecte a complètement ravagé le garage de l’entreprise familiale de la conseillère Martine Bergeron-Milette.