Les restaurateurs prennent les bouchées doubles
COVID-19. En prévision de la bienvenue réouverture de leur salle à manger le 15 juin, les propriétaires de restaurants du Coeur-du-Québec et leurs employés déploient beaucoup d’énergie pour se conformer aux nouvelles normes gouvernementales. Le retour d’une pause bien involontaire qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses pour certains lieux de restauration.
«On a eu une baisse de 95% de notre chiffre d’affaires. Ce n’est pas une estimation, mais la réalité», révèle sans détour Mariosimone Vianni du Pub Le Houblon à Nicolet. Des pertes financières qui ont amené l’entrepreneur à se questionner pendant un temps sur son avenir dans le domaine de la restauration. «Mais le réflexe entrepreneurial, le défi, l’envie de bien faire a été beaucoup plus fort», souligne-t-il dans un enthousiasme retrouvé.
La diminution de revenu fut également très conséquente du côté du Pur Sang Steak House à Gentilly. Sylvain Murray estime à 70% la chute de son chiffre d’affaires malgré ses commandes pour emporter qui ont remporté un certain succès. Lui aussi a bien hâte de renouer avec sa clientèle. «C’est bien beau les take out, mais le contact avec nos clients nous manquait beaucoup!», reconnaît-il.
Il demeure que les commandes pour apporter et les livraisons auront été une bouée de sauvetage pour traverser cette tempête pour certains restaurants. C’est le cas du Stratos que possède Stéphane Beaudet, Diane Martinet ainsi que leurs deux fils Antoine et Vincent. «Mes deux garçons ont travaillé fort depuis deux mois. Je peux te le dire, je suis fier d’eux. La livraison et le comptoir ont maintenu notre chiffre d’affaires à 80%. On est très heureux de la réception de la population», rapporte Stéphane Beaudet.
«Avec tous les efforts qu’on a déployés pour livrer dans les villages des alentours et même plus loin, on a gagné une nouvelle clientèle», souligne fièrement Yanick Paré du Pile ou Face. En compagnie de Dany, son frère, il a profité de l’occasion pour repenser le menu, rénover la cuisine ainsi que certaines sections de la salle à manger de la brasserie située à Saint-Léonard-d’Aston. Des aménagements qui se devront bien sûr d’être adaptés à la distanciation sociale de deux mètres.
«On est à refaire le plan de salle et installer les équipements nécessaires pour le nettoyage des mains», explique Sylvain Murray. Des tâches qui s’ajoutent aux commandes et aux embauches à faire, car certains employés ne reviendront pas.
Dans le cas du Pile ou Face, deux membres sur 15 de l’équipe ont quitté pour travailler dans des résidences de personnes âgées. Une situation que comprend et accepte Dany Paré. Dans le cas du Stratos de Gentilly, les serveuses semblent être d’attaque pour repartir, mais un manque de main-d’œuvre se fait ressentir. «Le problème, c’est Trudeau avec la PCU. Les gens ne veulent pas travailler. Nous cherchons justement deux cuisiniers à temps plein», déplore Stéphane Beaudet.
Concernant une éventuelle aide gouvernementale, les restaurateurs, en majorité, souhaitent un soutien financier pour compenser les pertes de revenus des derniers mois. «Avoir le prêt de 40 000$, c’est gentil, mais ça reste un prêt! Je souhaiterais que le gouvernement nous laisse la chance de rétablir nos finances avec un congé de remboursement de TPS/TVQ. Ce qui nous permettrait de garder de la liquidité», avance Mariosimone Vianni du Pub Le Houblon.
Sylvain Murray du Pur Sang Steak House lui fait écho. «C’est certain qu’un petit coup de pouce pour redémarrer la machine sur des bases solides serait apprécié. Mais je n’ai pas envie de pelleter de la neige par en avant. Si ce n’est pas sous forme de subventions, ça ne m’intéresse pas. Ce ne sont pas des prêts dont nous avons besoin!», indique-t-il.
Des congés sur les déductions à la source des employés seraient une autre façon d’appuyer cet important employeur que sont les restaurants, ajoute Dany Paré du Pile ou Face.