Les éoliennes font jaser au conseil des maires de Nicolet-Yamaska

NICOLET-YAMASKA. Le dossier des éoliennes a été au cœur de la période de questions du conseil des maires de Nicolet-Yamaska, mercredi soir. Deux élues et deux agriculteurs de Saint-Zéphirin-de-Courval s’étaient déplacés à la salle du conseil pour entendre les maires se prononcer sur divers points.

Dans un premier temps, la conseillère Rachel Fahlman a demandé pourquoi l’information relative à la prospection n’a pas été cascadée plus tôt aux conseils municipaux et aux citoyens. Elle a rappelé que ce n’est qu’en janvier dernier que le conseil municipal de Saint-Zéphirin a entendu parler pour la première fois d’un projet éolien potentiel, et qu’il s’était alors fait dire qu’il s’agissait d’un projet embryonnaire.

« Or, autour du 2 mars, un citoyen a appelé à la municipalité pour nous informer qu’il avait été contacté par un promoteur. On s’est dit que pour un projet embryonnaire, les choses avançaient vite! », a commenté Mme Fahlman.

En réponse, la préfète Geneviève Dubois a insisté sur le fait que « rien n’est encore défini » et que la MRC « n’a pas de pouvoir » sur le choix des stratégies adoptées par les promoteurs pour faire avancer leurs projets. « Plusieurs entreprises sont venues rencontrer les maires pour présenter leurs projets et d’autres ont fait le choix d’aller voir directement les propriétaires. C’est pour ça que des citoyens ont su, avant même leurs élus, que leur territoire était courtisé par les entreprises éoliennes », a-t-elle expliqué.

Le conseil a ensuite été invité à expliquer pourquoi il a amorcé dès octobre des démarches auprès de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) pour obtenir des services d’accompagnement en vue du déploiement de nouveaux projets éoliens souhaité par Hydro-Québec.

« Le mandat octroyé à l’automne [à la FQM] l’a été avant même qu’il y ait des rencontres avec les entreprises. On a pris cette décision parce qu’il y avait un premier appel d’offres annoncé pour le 31 décembre 2022. On s’est dit qu’on avait besoin d’être accompagné pour voir ce qui pouvait être fait et quel type d’entente ça prenait », a répondu le directeur général de la MRC, Michel Côté.

Il a rappelé qu’il y a 20 ans, aucun potentiel éolien n’était identifié pour la région. « En aucun cas on n’imaginait qu’il y aurait un développement ici. C’est arrivé tout récemment et c’est mené en accéléré. Il faut trouver des façons de bien encadrer la chose. On construit l’avion en vol », illustre-t-il.

« La MRC n’est pas spécialiste en projets d’éoliennes, et la FQM a travaillé avec le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie (où il y a des parcs éoliens). Alors oui, on lui a confié un mandat, mais on n’est pas plus avancé dans le projet », a renchéri la préfète.

Geneviève Dubois ajoute que la MRC tient à encadrer le développement de cette filière d’énergie, si elle s’implante dans la région: « Le meilleur moyen, c’est d’être partenaire. De toute façon, le Québec a besoin d’énergie ».

À ce chapitre, le directeur général de la MRC confirme qu’une entente de partenariat sera préparée « très prochainement », de même qu’un protocole. 

Manque de communication?

Sylvain Courchesne, de la Ferme Jagain, a été sollicité par un promoteur récemment. Lorsqu’il a contacté la municipalité de Saint-Zéphirin pour avoir plus d’information sur le projet, il n’a pu en avoir : « Ma municipalité n’était pas au courant. Je trouve ça bizarre », a-t-il déclaré lors de la séance publique, tout en laissant entendre qu’il doutait fortement que les projets soient réellement à l’état embryonnaire. « Le document [qu’on m’a montré] a une trentaine de pages, avec des affaires de notaire.

C’est lourd à signer, juste pour des prévisions. Je trouve le dossier gros… »

De son côté, Éric Dionne, de la Ferme Gillene, s’inquiète du fait qu’on mette en péril des terres agricoles au profit d’éoliennes. « À Saint-Zéphirin, on parle de 25 éoliennes, et de 4-5 acres de terre agricole par éolienne. Si on fait le calcul, c’est au moins 100 acres de très bonnes terres agricoles qu’on va perdre », a-t-il plaidé.

La préfète a aussitôt rectifié le tir: « L’impact au sol est moins important que ça ». L’empattement (ou emprise), selon le préfet adjoint Claude Lefebvre, se situerait plutôt autour de 500 mètres carrés au sol. « Les agriculteurs peuvent cultiver autour », ajoute Mme Dubois.

« Les machines vont compacter le sol autour. Alors la culture autour de ça va être pathétique! », a rétorqué M. Dionne.

« Le dilemme est de trouver l’équilibre entre se développer et respecter l’environnement », lui a répondu Mme Dubois. « C’est ce qui nous préoccupe. Ce qu’on a vu nous semblait quand même bien fait, alors je pense que ça vaut la peine d’entendre les promoteurs avant de s’opposer ou d’accepter. »

La MRC voit dans ces projets une façon de « s’enrichir collectivement » avec une filière énergétique propre et renouvelable.

Geneviève Dubois a aussi tenu à souligner que la MRC « n’est pas là pour pousser un projet dans la gorge des citoyens ». « Ultimement, ce sont eux qui vont dire oui ou non. »

Des rencontres entre les promoteurs et les citoyens auront lieu, mais les dates ne sont pas encore fixées. À Saint-Zéphirin-de-Courval, on parle de l’automne prochain, a confié la conseillère municipale Rachel Fahlman.