Le préscolaire dans la nature
SAINTE-SOPHIE-DE-LÉVRARD. Julie Bergeron, enseignante à la maternelle à l’école Marie-Sophie de Sainte-Sophie-de-Lévrard, a choisi de troquer crayon et papier pour des branches et de la neige. En effet, dès que la température le permet, son enseignement se fait à l’extérieur de l’école, dans la nature, que ce soit pour quelques heures ou pour une journée entière!
L’amoureuse de la nature passe déjà une bonne partie de son temps libre loin de quatre murs. C’est d’ailleurs durant son jogging du midi que Julie Bergeron a offert son entrevue au Courrier Sud! Il était donc tout naturel pour elle de partager les bienfaits du grand air avec ses petits élèves.
Car des bienfaits, Mme Bergeron est convaincue qu’il y en a plus d’un. Sortir dehors, bouger et se dégourdir améliorent entre autres la concentration et l’estime personnelle, favorisent le calme, évitent les surcharges cognitives et permettent tout autant d’apprendre des matières fondamentales, comme le français et les mathématiques.
Également, les jeux de rôle dans la nature permettent aux enfants, dans l’apprentissage des fonctions exécutives, de développer leur imagination, car ils se débrouillent avec peu, un avantage à offrir dans l’ère technologique où nous vivons, croit Mme Bergeron.
Elle souligne d’ailleurs que les enfants ont souvent un trop-plein d’énergie qu’ils ne pourraient évacuer s’ils étaient à l’intérieur de l’école, avec un cadre strict. «Si on fait une randonnée et que l’enfant court pendant 100 mètres, ce n’est pas grave, alors que dans une école, tu ne peux pas courir dans le corridor ou dans la classe», illustre l’enseignante.
Un grand espace pour de grandes découvertes
Julie Bergeron avoue que les alentours de l’école Marie-Sophie sont un terrain propice à la pédagogie par la nature. La classe a notamment accès à un boisé et une petite rivière. «C’est vraiment le paradis comme milieu!», dit-elle.
En plus des jeux libres en forêt qui permettent aux enfants de faire leurs propres découvertes, dans un secteur délimité par des rubans installés par l’enseignante, ils profitent également d’activités encadrées. Peinture sur de la glace aux abords de la rivière, randonnée, ou encore la chasse aux images, aux lettres ou aux chiffres. Pour cette activité, Mme Bergeron appose des images sur des troncs d’arbres, avant l’arrivée des élèves, afin de les amener à se promener dans les sentiers, tout en dirigeant leurs découvertes et leurs apprentissages. Par exemple, à la rencontre d’une image d’abeille, ils auront l’occasion de travailler les sons et les syllabes.
En plus de la motricité globale qui est améliorée en jouant dehors, le développement de la motricité fine est aussi au menu grâce à la collecte de petits objets, comme des roches, feuilles ou branches. Ces éléments peuvent par la suite servir à l’apprentissage des mathématiques par le dénombrement ou en plaçant des objets similaires, comme des branches, du plus petit au plus grand. Pour l’écriture, cette même branche permet de tracer dans le sable ou dans la neige.
Julie Bergeron a aussi créé un stand de causerie avec des bûches où les enfants peuvent discuter ou écouter une histoire. Selon l’enseignante, le simple de fait de se dégourdir et sortir à l’extérieur de la classe permet aux élèves d’être plus attentifs et réceptifs aux lectures.
«Ce qui est primordial si tu veux que tes élèves évoluent, c’est de leur donner de l’amour, mais aussi de croire en eux. Ce qui va les faire le plus évoluer, c’est de voir la petite étincelle dans tes yeux, car ils savent que tu crois en eux et qu’ils peuvent réussir», assure Mme Bergeron.
D’ailleurs, les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage dans un cadre scolaire traditionnel peuvent, durant les heures de classe, mettre de l’avant d’autres compétences souvent oubliées autrement.
«Ils sont fiers de ce qu’ils peuvent transporter ou découvrir, par exemple. Je vois que leurs petites découvertes ont une répercussion sur leur estime personnelle», conclut l’enseignante.