Le PAIS se heurte à des structures administratives
MRC DE BÉCANCOUR. Depuis sa création, il y a quatre ans, le Projet d’accueil et d’intégration solidaire (PAIS) de la MRC de Bécancour a fait un travail remarquable et remarqué auprès des immigrants et réfugiés ayant choisi de s’établir dans la région.
L’organisme est devenu la référence vers laquelle se tourner lorsque des liens sont à créer entre les nouveaux venus, leur employeur, les institutions et la population. «Les gens déménagent et mettent toute leur confiance en nous. Notre mandat, c’est de les aider dans leur autonomie et de les diriger, au besoin, vers d’autres organismes qui sont eux aussi en mesure de les aider», explique Céline Auger, co-coordonnatrice du PAIS.
Mais malgré son rôle important dans l’intégration des personnes immigrantes dans la région, le PAIS se heurte à des difficultés de financement. «Notre volet intégration ne cadre pas dans les programmes existants. On a essayé de faire des demandes de financement, mais jusqu’à maintenant, on a seulement essuyé des refus. La seule place où l’on cadre, pour le moment, c’est au niveau de nos services de francisation. On n’a pas de problème à faire financer ce volet.»
Céline Auger demeure toutefois optimiste: «On sent qu’il y a une volonté politique de faire bouger les choses en immigration. On a hâte de voir ce qui s’en vient. On est confiant que les régions seront mieux appuyées.»
Un doublon administratif
Pour le moment, Québec subventionne 14 services d’accueil en région. Ces services sont situés dans des grandes villes comme Trois-Rivières, Sherbrooke ou Québec. Car aux yeux du gouvernement, tout ce qui n’est pas à Montréal est considéré être «en région», rapporte Mme Auger.
«Quand on explique au ministère de l’Immigration qu’on veut amener ces immigrants dans nos villages, on nous répond qu’ils sont déjà en région. On comprend, mais il y a une marge entre Fortierville et Sherbrooke!», illustre-t-elle.
Malgré tout, le Ministère considère avoir déjà financé ces personnes pour les «régionaliser». «On est vu comme un doublon administratif. Notre défi, c’est de faire comprendre que les gens qu’on prend en charge ont aussi besoin d’accompagnement dans notre milieu pour bien s’y intégrer. Or, on nous répond que ce n’est pas nécessaire, parce qu’ils sont déjà censés être autonomes. Pourtant le besoin est réel si l’on se fie au nombre d’appels qu’on reçoit par semaine!»
Heureusement, la situation est appelée à changer, croit Mme Auger. «J’ai parlé de notre problématique au ministre de l’Immigration [Simon Jolin-Barette] lorsqu’il est venu à Bécancour, récemment, et il m’a dit qu’il me reviendrait à ce sujet. On est très confiant de recevoir de bonnes nouvelles.»
Notons que jusqu’à présent, c’est principalement Desjardins qui a soutenu financièrement le volet accueil et intégration du PAIS. La MRC de Bécancour et les municipalités ont aussi contribué. Or, ces sources de financement ne sont pas éternelles…
«On n’est pas un gros organisme communautaire. On a peu de moyens. Pourtant, on a quand même accueilli plus de 40 personnes! Mais parce qu’on sort des sentiers battus, on se heurte constamment à des structures administratives. Un moment donné, il va falloir qu’on nous aide. On espère [que le gouvernement] comprendra qu’il est important de soutenir un milieu qui se prend en main et qui veut s’organiser, même si ça sort du cadre.»