Le boulanger aux multiples chapeaux

BÉCANCOUR. Chaque année, Marcel Deshaies, 93 ans, achète au moins deux poches de 20 kg de farine, et ce, même s’il vit seul dans sa maison de Sainte-Angèle-de-Laval depuis le décès de son épouse, en 2016. Il utilise cette farine pour fabriquer son pain aux raisins, ainsi que des brioches à la cannelle gelée… qu’il ne mange pas nécessairement!

« J’en fais deux douzaines à la fois, des brioches. Je les donne à des voisins, à des amis… », raconte-t-il.

La recette qu’il utilise est familière aux résidents de longue date de Sainte-Angèle-de-Laval : c’est celle de son grand-père, qui a fondé la boulangerie du village en 1896. Cette dernière a fermé ses portes en 1998, deux ans après que Marcel Deshaies ait pris sa retraite de l’entreprise familiale. Il y travaillait depuis 1964.

« Mon père avait pris la relève de mon grand-père en 1925. Mes frères (Réjean et Lionel) et moi avons fait pareil un peu plus tard. Je m’occupais de l’administration et des ventes. »

Avant de reprendre les rênes de l’entreprise, il s’était expatrié à Montréal, à Ottawa et à Drummondville, de 1949 à 1964, où il a gagné beaucoup d’expérience en la matière. « Je travaillais pour une grosse compagnie qui vendait des produits pour les boulangeries, la Standard Brands. Je faisais la tenue de livres, les dépôts, les appels, les rapports… On achetait de leurs produits, à la boulangerie. Je leur avais demandé s’ils avaient une job pour moi à Montréal. C’est comme ça que j’ai commencé! »

Un leader déterminé

À 10 ou 11 ans, c’était déjà clair pour lui qu’il gérerait un commerce. Pas question de travailler dans une usine ou dans le bois. « Je n’étais pas gros! Je devais peser 120-125 livres et je mesurais 5’6 ». Je ne voulais pas travailler là. J’étais décidé à travailler dans un bureau, alors c’est ce que j’ai fait ».

Dès son retour à Sainte-Angèle-de-Laval, il a commencé à s’impliquer dans la communauté. Il a adhéré à la Jeune chambre de commerce de son secteur, où il a occupé le poste de secrétaire, puis de président, de 1968 à 1969. De 1969 à 1970, il a occupé la présidence de la Jeune chambre régionale, qui chapeautait tout le territoire, de Sorel à Deschaillons.

« Il y avait plusieurs Jeunes chambres à ce moment. Ç’a fini en 1972. Ensuite, quelqu’un a parti la Chambre de commerce (du Cœur-du-Québec) en 1973. J’ai eu la job de secrétaire. Puis, en 1974, je suis devenu président. J’ai fait deux mandats. »

La création de la halte routière de Sainte-Angèle-de-Laval a été sa grande réalisation comme président de la Chambre. Il a réussi à convaincre la Brown Corporation de La Tuque, propriétaire du terrain, de se départir d’une bande de terrain le long du fleuve pour permettre ce projet. « Je leur ai écrit et leur ai dit ce qu’on voulait comme terrain. La bande sur le bord de l’eau ne leur servait pas et on trouvait que ça nous ferait une belle halte, avec une vue magnifique sur le fleuve. On l’a eue! Par la suite, on a transféré la halte à la Ville de Bécancour pour qu’elle s’en occupe. »

À la fin de son mandat de président, il a commencé à œuvrer comme administrateur au conseil d’administration de la Caisse populaire de Sainte-Angèle-de-Laval. Puis, de 1979 à 1990, il a siégé comme président.

En parallèle, il s’est aussi impliqué chez Caritas, l’organisme qui est devenu Centraide (de 1978 à 1983) et chez COPERS, le Conseil de promotion économique de la Rive-Sud. « C’était pour développer la région. Ç’a duré du début des années 1980 jusqu’à 2000 environ. La Chambre de commerce a pris le flambeau par après », explique M. Deshaies, qui rappelle que tous ces mandats s’ajoutaient à son travail régulier à la boulangerie.

Une retraite pas tranquille!

Voyant poindre la retraite, Marcel Deshaies est devenu membre de la FADOQ locale en 1992. Mais dès qu’il a accroché son tablier, le désir de s’impliquer est devenu encore plus fort. « J’ai pris ma retraite en 1996. En 1997, j’ai dit aux Chevaliers de Colomb que j’embarquais; ça faisait 20 ans qu’ils me sollicitaient! J’ai été nommé secrétaire financier. »

Il s’est aussi occupé de la cause de « Noël chez nous » de 1999 à 2008, tout en devenant secrétaire-trésorier de la FADOQ au tournant des années 2000. Il est porté à la présidence du club cinq ou six ans plus tard. Durant son mandat, il a notamment piloté et mené à terme le projet de construction de la salle de l’âge d’or de Sainte-Angèle-de-Laval, inaugurée en septembre 2008.

« J’ai regardé combien ça coûterait, et si ça pouvait être rentable. Puis, il fallait du financement. On a trouvé de l’argent et des partenaires. Ç’a coûté 160 000$. Le club n’a eu que 30 000$ à emprunter. On a payé l’emprunt en trois ans. »

Une fois la salle inaugurée, Marcel Deshaies a quitté son poste de président pour se concentrer sur les locations de la salle. « J’ai fait ça jusqu’à l’an dernier », sourit-il, fier de son parcours.