Laisser la nature faire son œuvre

NICOLET. Cet été, il sera possible de laisser une partie de son gazon pousser au-delà de 20 centimètres et de cultiver des plantes indigènes, communément appelées des « mauvaises herbes », à Nicolet. Dans le cadre d’un projet-pilote, la Ville souhaite favoriser l’émergence « d’îlots de biodiversité », dont les bienfaits environnementaux seraient nombreux.

Parmi ces bienfaits, la Ville évoque entre autres une plus grande présence de fleurs et de pollinisateurs, de même que l’ajout de nourriture pour les oiseaux et les insectes.

Les « îlots de biodiversité » pourront prendre place autant dans les cours avant qu’arrière et latérales des citoyens qui s’inscriront au projet-pilote. « Cela ne signifie pas de ne plus tondre son gazon, ni de laisser aller les plantes envahissantes », prévient la mairesse Geneviève Dubois, qui parle plutôt de faire une gestion écologique de sa pelouse par le biais de la « tonte différenciée ».

Moins tu passes la tondeuse, plus tu as de la biodiversité et de la couleur sur ton terrain»

Maria Duval

Des normes de distance de tonte seront implantées et devront être respectées, notamment afin de maintenir un climat harmonieux dans le voisinage des participants au projet-pilote. Par exemple, une bande minimale de deux mètres devra être tondue sur l’ensemble des limites du terrain, Par mesure de sécurité, un dégagement de cinq mètres sera aussi requis autour de tout appareil combustible extérieur.

Au terme de l’été, la Ville évaluera la pertinence d’assouplir, de façon permanente, sa réglementation sur les herbes hautes et la végétation indigène. « Si ça devient apocalyptique, on va laisser tomber », mentionne Mme Dubois. 

Toutefois, il était important pour elle et pour l’ensemble de ses collègues du conseil municipal de faire l’essai. Selon les élus, un tel projet peut répondre concrètement à plusieurs des objectifs du Plan de transition écologique 2020-2025 de la MRC de Nicolet-Yamaska et du Plan d’action en environnement 2021-2025 de la Ville. Ils sont également d’avis que de plus en plus de citoyens veulent, comme eux, s’engager dans une certaine transition écologique. 

Tresser son gazon par conviction

C’est le cas de Maria Duval, propriétaire de la boutique Prêt-à-reporter, située au centre-ville. Déjà adepte de la tonte sélective, elle a reçu l’été dernier une lettre de la Ville disant que les herbes hautes de son terrain contrevenaient à un règlement.

Refusant de tout couper, elle s’est affairée avec des amis à tresser l’herbe entourant un plant de rhubarbe pour se conformer à la hauteur maximale permise; une initiative qui a pris une vingtaine de minutes de leur temps. Elle a aussi décidé de laisser en place les plantes indigènes ayant déjà fleuri. « J’ai envoyé des photos à la Ville pour montrer comment c’était aménagé, montrer les différentes espèces qui poussaient, et faire savoir que ce n’était pas un terrain à l’abandon », raconte Mme Duval.

Elle a fait la démarche avec la conviction que ce serait bien accueilli, malgré la lettre: « Je savais que ça cadrait avec la vision de nos élus ».

La mise en place du projet-pilote lui a donné raison. Elle est d’ailleurs d’avis que celui-ci n’apportera que du beau et du bon. « Moins tu passes la tondeuse, plus tu as de la biodiversité et de la couleur sur ton terrain. Sur le mien, j’ai un heureux mélange de plantes rampantes, de fleurs, d’herbes hautes, de framboisiers et de rhubarbe », décrit Maria Duval. 

Son terrain grouille de vie, aussi: « Des chats viennent se cacher dans les hautes herbes pour chasser les oiseaux. Les chiens se créent de petits sentiers. Il y a un paquet d’insectes et d’oiseaux qui chantent en chœur. C’est beau pour les yeux et pour les oreilles. Quelqu’un est même déjà entré dans la boutique pour me dire que j’avais le plus beau son de Nicolet! », rapporte-t-elle. 

Cette écologiste de longue date se réjouit de voir que les mentalités évoluent tranquillement, mais sûrement. « C’est la beauté des projets-pilotes comme celui-là: plein de gens les découvrent, pour ensuite les adopter », termine-t-elle.