La pénurie de main-d’œuvre continue d’affecter de nombreuses PME
Alors que la levée partielle des restrictions dues à la COVID-19 pourrait faire espérer une reprise de l’économie, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) rappelle la gravité de l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre en dévoilant un court rapport sur le sujet. Les données sont inquiétantes et révèlent qu’en janvier, même avec l’économie ralentie par les restrictions provinciales, 81% des PME vivaient les impacts du manque d’employés.
Les conséquences néfastes sont nombreuses pour l’économie de toutes les régions du Québec :
- 59% des dirigeants de PME doivent travailler plus d’heures pour compenser le manque de main-d’œuvre;
- 43% des employés doivent travailler plus d’heures pour compenser le manque de travailleurs;
- 37% des PME sont contraintes de refuser des ventes ou des contrats;
- 31% doivent annuler ou reporter des projets d’entreprises;
- 11% doivent prolonger certains contrats.
La pression s’accentue sur les PME déjà fragilisées par la pandémie. Les données de la FCEI démontrent que l’enjeu est crucial. Avant la mise en place des récentes restrictions économiques, 45% des dirigeants de PME québécoises mentionnaient que si les pénuries de main-d’œuvre persistaient ou s’aggravaient, il leur serait impossible de survivre à moyen terme (entre 1 an et 4 ans). Pire encore, 12% des PME se disaient à risque de ne pas tenir un an à ce rythme.
» Les PME québécoises n’ont jamais été autant frappées de tous bords : restrictions économiques, augmentations des prix et des coûts, problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, etc. À ces défis majeurs, s’ajoute celui de ne pas être en mesure de trouver le personnel nécessaire pour rouvrir, répondre à la demande ou faire croître l’entreprise. On peut bel et bien parler d’une crise quand 3 PME sur 5 sont à risque à court ou moyen terme si l’enjeu persiste « , affirme François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.
Les dirigeants de PME ne se sentent pas entendus par le gouvernement du Québec
Le rapport de la FCEI illustre également que 70% des PME ne considèrent pas que Québec prend des mesures efficaces pour faire face à la crise de la pénurie de main-d’œuvre. De plus, 61% d’entre elles ne pensent pas que le gouvernement comprend les impacts de cet enjeu sur les entreprises. Force est de constater qu’il y a un énorme fossé entre ce que les PME vivent et ce que le gouvernement fait.
Rappelons les demandes des PME au gouvernement du Québec pour tenter d’endiguer la pénurie de main-d’œuvre :
- Diminuer les taxes et les impôts (57%);
- Bonifier les crédits d’impôts pour entreprises pour leur permettre d’offrir de meilleures conditions de travail (49%);
- M’aider à trouver des candidats dans ma région (faciliter l’arrimage entre chercheurs d’emploi et employeurs) (33%);
- Faciliter l’accès et réduire les délais de traitement pour l’embauche de travailleurs immigrants (32%).
» Il y a eu plusieurs annonces et investissements du gouvernement du Québec, visant surtout à favoriser le rehaussement des compétences et la requalification des employés. C’est bien, mais maintenant, il faut faire plus et répondre aux besoins des PME. Si on ne le fait pas et que les mesures ont pour effet d’aider certains secteurs au détriment d’autres, la crise de la pénurie de main-d’œuvre s’amplifiera. Il est urgent d’agir sur la fiscalité des petites entreprises qui est la plus désavantageuse des provinces canadiennes. Il faut bonifier les crédits d’impôt, notamment pour encourager le travail et pour aider les PME à prendre le virage de l’automatisation. N’oublions pas non plus qu’il est nécessaire d’améliorer l’accompagnement des entreprises et d’augmenter l’immigration. Le gouvernement du Québec doit saisir toute l’ampleur de la crise de la main-d’œuvre et y répondre en incluant ces orientations dès son prochain budget « , conclut M. Vincent.