La nouvelle vie de Maxim Charland

NICOLET. Maxim Charland ne s’en cache pas: «J’ai fait des niaiseries, ado. J’ai décroché. J’ai fini mon secondaire à 28 ans. Je ne prenais pas soin de moi. J’aurais facilement pu tomber dans la dépendance», confie-t-il en toute humilité.

La meilleure décision de sa vie? «Revenir m’installer à Nicolet», affirme avec conviction celui qui a surtout vécu à Montréal.

Le petit-fils de l’artiste nicolétain Jean-Paul Charland est revenu dans son patelin natal il y a un an et demi pour réaliser une fresque pour le compte du Collège Notre-Dame-de-l’Assomption (CNDA). Depuis, il demeure chez sa grand-mère, avec qui il entretient une grande complicité.

«J’ai séjourné chez mes grands-parents pendant deux ans, durant mon secondaire. Ma mère m’avait inscrit au programme d’enseignement individualisé», raconte-t-il. Juste avant que son grand-père décède, en 2015, il lui avait promis qu’il serait aux côtés de sa grand-mère pour prendre soin d’elle. «C’est ce que je fais aujourd’hui.»

Changement de vie

Maxim Charland s’épanouit depuis son retour dans la région. Il revit presque. Il confie notamment avoir été très malheureux dans ses emplois passés. «J’ai travaillé pour une compagnie de distribution de produits pharmaceutiques durant six ans, puis pour un distributeur de produits d’art de la rue, pendant trois ans. Durant cette période, j’ai pu réaliser quelques murales. C’est là que j’ai repris goût au street art», confie celui qui a fait d’innombrables graffitis dans ses jeunes années.

Il a alors compris qu’il souhaitait vivre de son art. Son contrat avec le CNDA allait lui ouvrir toute grande la porte vers la réalisation de ce souhait. Depuis, il a multiplié les réalisations à travers la Ville de Nicolet: murale à la bibliothèque municipale et sur un mur extérieur de l’entreprise Fleuriste Savard et du restaurant Mamma Mia, décoration du skatepark nicolétain et fresque au tout nouveau stationnement vert de la Ville, entre autres.

Tout récemment, il a aussi apposé son art sur un immeuble du centre-ville, tout près du restaurant Le Thymbré. L’œuvre, qui représente une mère et son bébé, signifie beaucoup pour lui. Elle rend hommage à la naissance… mais aussi à sa propre renaissance.

Reprendre le contrôle

Il y a quelques mois, Maxim Charland a décidé de tirer un trait définitif sur ses mauvaises habitudes de vie. «Je n’avais pas d’énergie. J’avais besoin d’un gros changement. De faire quelque chose de significatif, raconte-t-il. J’ai effectué une retraite silencieuse de dix jours à Montebello. Ça n’a pas été facile, mais ç’a été une expérience vraiment enrichissante. J’ai fait un méga ménage dans ma vie. Je me suis reconnecté avec ma vraie personne.»

Il a alors commencé à prendre soin de lui. «Je me suis mis à la course à pied. J’ai eu la piqûre.»

Un marathon

Voulant souligner cette nouvelle vie de façon grandiose, il a décidé de s’inscrire à un tout premier marathon, et pas n’importe lequel: celui de New York, l’un des six plus grands marathons au monde.

Pour y mériter sa place, il a dû s’engager à recueillir des dons pour une organisation de son choix, parmi la liste approuvée par le Marathon. Une façon, pour lui, de porter à un autre niveau son accomplissement personnel. Il a rapidement accroché sur la cause d’Every Mother Counts, un organisme qui vise à rendre la grossesse et l’accouchement plus sécuritaire pour les mères du monde entier.

«C’est venu me chercher. J’y ai vu, en même temps, une façon de rendre hommage à ma mère et à ma grand-mère.»

S’il parvenait à recueillir 3500$ américains pour cette cause, il pouvait prendre part au marathon. Il a réussi à atteindre son objectif. «Ce n’est pas dans ma nature de solliciter les gens. Mais si j’ai réussi à le faire, c’est parce que je le faisais pour la cause, pas pour moi», indique-t-il, insistant d’ailleurs sur le fait qu’absolument tout l’argent recueilli ira à Every Mother Counts. «Aucun des dons ne servira à payer mon voyage à New York. Je paye mon inscription à l’événement, mon déplacement et mon hébergement de ma poche. C’est important pour moi que les gens le sachent.»

L’artiste vise à terminer l’épreuve sous la barre des 3h30. «Il va y avoir 52 000 coureurs et un million de personnes dans les rues. L’énergie sera au rendez-vous! Je n’aurai pas de problème à trouver de la motivation. J’espère juste ne pas me blesser.»

Sa mère et son frère seront là pour l’accueillir au terme de la course. «Il y aura beaucoup d’émotions à la ligne d’arrivée!», anticipe-t-il.

C’est ce dimanche, 3 novembre, qu’il chaussera ses espadrilles pour relever ce grand défi. Le premier d’une longue série, espère le jeune homme qui rêve, en secret, de réaliser un Ironman, de grimper une montage digne de ce nom, ou même de courir les cinq autres marathons de la série «World Marathon Majors».

«Je veux profiter de la vie au maximum. Sentir que j’aide à rendre le monde meilleur, à ma manière.»

 

Nicolet à la course

Durant son entraînement qui l’a mené au marathon de New York, Maxim Charland a parcouru toutes les rues de Nicolet. Sans exception. «Je m’étais donné ce défi», raconte l’artiste devenu athlète. Pour le relever, il a utilisé une application lui permettant de planifier son entraînement en conséquence. «Nicolet n’a plus de secret pour moi!»