La Nation W8banaki réclame un moratoire sur le développement des cannebergières
NDAKINA. La Nation W8banaki demande au gouvernement du Québec d’imposer un moratoire immédiat sur les projets de développement de cannebergières sur le Ndakina, son territoire ancestral. Selon elle, le cadre réglementaire actuel entraîne la destruction de milieux naturels essentiels et compromet l’exercice de ses droits ancestraux et issus de traités.
Depuis 2021, le Bureau du Ndakina a été consulté sur au moins 25 projets de création ou d’agrandissement de cannebergières. Ces projets représentent la disparition de plus de 805 hectares de milieux humides, sans mesures de compensation. La Nation souligne aussi que la forte consommation d’eau de ces exploitations, concentrées dans le bassin versant de la rivière Bécancour, dépasse la capacité du cours d’eau qui borde la communauté de Wôlinak.
” Chaque marais, chaque rivière, chaque écosystème que nous protégeons aujourd’hui assure que nos enfants et nos petits-enfants pourront continuer à exercer leurs droits ancestraux et à vivre en harmonie sur leur territoire “, a déclaré le chef Richard O’Bomsawin, du Conseil des Abénakis d’Odanak.
Un cadre jugé inadéquat
La Nation critique sévèrement le système d’autorisations ministérielles du ministère de l’Environnement (MELCCFP), qu’elle juge inadéquat et permissif. Elle reproche notamment l’absence de prise en compte des effets cumulés sur l’eau, la faune et les écosystèmes, ainsi que le manque d’obligation de compenser les pertes de milieux humides.
Pour y remédier, elle propose une révision en profondeur du cadre réglementaire et une concertation avec les producteurs et les acteurs du milieu.
Quatre demandes principales
Dans son appel, la Nation W8banaki formule quatre demandes précises : un moratoire sur les projets de cannebergières; la tenue d’un mandat générique du BAPE sur ce type de développement; le financement d’études menées par la Nation afin de documenter les impacts; et la réévaluation des autorisations ministérielles déjà délivrées ou en voie de l’être depuis 2025.
” Il est temps que l’État révise son cadre réglementaire de manière inclusive et transparente. Nos écosystèmes et notre culture dépendent de décisions responsables “, a affirmé le chef Michel R. Bernard, du Conseil des Abénakis de Wôlinak.
Tout en reconnaissant l’importance de l’industrie de la canneberge pour l’économie régionale, la Nation W8banaki insiste sur la nécessité d’un encadrement qui protège à la fois l’environnement et les droits des Premières Nations.
