La Nation W8banaki demande des modifications au projet de loi 87
BÉCANCOUR. Le 6 décembre dernier, le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi qui refaçonnera le Parc industriel et portuaire de Bécancour et sa gouvernance. La Nation W8banaki demande cependant au gouvernement du Québec d’apporter des modifications à ce projet de loi afin de protéger ses droits et son territoire ancestral.
Le but du projet de loi 87 est de renforcer le développement et la mise en valeur des terrains industriels et de donner à la Société du Parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) plus d’agilité pour répondre aux besoins croissants des entreprises et favoriser l’expansion du parc.
Ce projet de loi permettra en effet à la SPIPB d’investir dans l’acquisition de terrains industriels à Bécancour, en dehors du périmètre actuel du parc, et de participer au financement de certains projets d’infrastructures menés par un organisme public, toujours à Bécancour.
Rappelons toutefois que la SPIPB est située sur le Ndakina, le territoire ancestral w8banaki, un lieu de rassemblement culturel et spirituel depuis plus de 4 000 ans. Pour la Nation W8banaki, ce territoire est d’une grande importance étant donné sa proximité qui favorise l’enseignement des connaissances nécessaires aux pratiques ancestrales. Elle soutient que les activités telles que la chasse, la pêche et la cueillette, toujours pratiquées aujourd’hui, jouent un rôle essentiel dans le renforcement de l’identité w8banaki.
La Nation W8banaki estime cependant que le développement industriel amorcé depuis la création de la SPIPB en 1968 a considérablement réduit l’accès à ces espaces essentiels.
Elle est également d’avis que l’élargissement des pouvoirs et des activités de la SPIPB prévu dans le projet de loi 87 ne peut se faire avant que le gouvernement du Québec mette en place des processus assurant le plein respect de ses obligations de consultation et d’accommodement vis-à-vis de la Nation W8banaki à l’égard des activités de la SPIPB.
Une Nation inquiète
Dans ce projet de loi, on prévoit que la SPIPB pourra faire l’acquisition de terrains situés dans le parc Laprade, terrains qui sont propices aux pratiques ancestrales, et l’ajout de pouvoirs permettant l’acquisition de terrains et la construction d’infrastructures. Cette situation soulève de vives inquiétudes pour la Nation W8banaki. Elle estime que ces mesures pourraient accentuer les pressions sur le Ndakina, menaçant les écosystèmes dont dépendent les pratiques ancestrales de la Nation.
La Nation W8banaki a présenté un mémoire en commission parlementaire dans le cadre des consultations sur le projet de loi 87. Elle y présente plusieurs recommandations afin que le projet de loi respecte les droits des W8banakiak et favorise un développement industriel responsable. Ces recommandations incluent l’octroi des pouvoirs nécessaires à la SPIPB pour pouvoir répondre aux préoccupations w8banakiak, la reconnaissance explicite du territoire ancestral w8banaki, la mise en place d’un processus structuré de consultation et d’accommodement ainsi que la création de mécanismes permettant d’évaluer les impacts industriels cumulatifs.
« Le développement ne peut se faire au détriment de nos droits, de nos pratiques et de notre territoire. Nous tendons la main pour une collaboration basée sur le respect mutuel et la reconnaissance de nos droits constitutionnels. Le Ndakina n’est pas seulement notre héritage, c’est notre identité », a déclaré Michel R. Bernard, Chef du Conseil des Abénakis de Wôlinak.
Rick O’Bomsawin, Chef du Conseil des Abénakis d’Odanak, abonde dans le même sens: « Il s’agit de notre territoire, et nous avons le droit fondamental de participer à chaque décision qui l’affecte. Nous n’accepterons rien de moins. »
La Nation propose également l’établissement d’aires protégées sur le territoire de la SPIPB afin de préserver les pratiques ancestrales, ainsi que l’intégration de mesures favorisant la signature d’ententes sur les répercussions et les avantages entre les entreprises opérant sur ce site et la Nation W8banaki.
Malgré les garanties prévues à l’Entente sur la consultation et l’accommodement signée entre le Québec et les W8banakiak ainsi qu’aux traités d’Oswegatchie et de Kahnawake quant à la préservation du mode de vie ancestral, la Nation W8banaki dénonce un manque de consultation adéquate concernant les projets de développement sur son territoire qui met en péril le dernier territoire où la transmission familiale est relativement facile. Dans ce contexte, cette dernière réaffirme son ouverture au dialogue, tout en insistant sur l’importance de mécanismes concrets pour protéger le Ndakina, la transmission des connaissances et, ultimement, l’identité w8banaki.
Le mémoire présenté par la Nation W8banaki peut être consulté sur le site web du conseil tribal W8banaki.