Inquiétude pour l’industrie hôtelière: la région dans une meilleure posture

CENTRE-DU-QUÉBEC.  Les hôteliers du Québec lancent un cri du cœur. Près de la moitié d’entre eux éprouvent des problèmes de liquidité qui menacent la poursuite de leurs opérations et sont inquiets face à l’avenir de leur industrie. C’est du moins ce qui ressort d’un sondage-maison réalisé par l’Association hôtellerie Québec (AHQ) auprès des hôteliers, gites, résidences touristiques et auberges de jeunesse dans tout le Québec.

Heureusement, les hôteliers de la région tirent leur épingle du jeu, avantagés par leur positionnement géographique. « Pendant la pandémie, ça a été un gros avantage, parce que les taxes municipales n’ont rien à voir avec celles de Montréal ou de Québec, estime Francine Bouffard, directrice générale de l’Hôtel Montfort, à Nicolet. Les gens ont cherché à fréquenter des établissements comme le nôtre: en pleine nature et où la distanciation est simple à faire de par l’espace disponible », ajoute-t-elle. D’ailleurs, du côté de l’Auberge Godefroy, l’établissement a affiché un taux d’occupation de 100% durant 5 mois pour l’année 20-21.

« Depuis la montée du variant Omicron à la mi-décembre, plus de 40% des hôteliers de tout le Québec estiment avoir perdu des revenus de plus de cent mille dollars en un mois. La fermeture des restaurants a porté un dur coup à toute l’industrie, autant chez les petits que chez les grands joueurs avec des annulations en bloc qui se poursuivent. L’inquiétude est palpable », affirme Véronyque Tremblay, PDG de l’AHQ.

Néanmoins, l’AHQ salue la réouverture des salles à manger des restaurants depuis le 31 janvier, bien que cela doive s’opérer à seulement 50% de la capacité, ce qu’elle juge nettement insuffisant. Marie-Ève Boisclair, directrice générale de l’Auberge Godefroy de Bécancour, est du même avis: « Suffisant? Bien sûr que non! En plus de demander le passeport vaccinal à tout le monde, c’est déjà limité à quatre personnes maximum ou deux bulles. C’est un véritable casse-tête si j’ai un hôtel plein qui veut manger. Mais on prend notre mal en patience, on n’a pas le choix. On veut juste que nos services fonctionnent », explique Mme Boisclair.

L’AHQ dénote que « le gouvernement a complètement occulté le tourisme d’affaires et la tenue de congrès, pourtant un vecteur de développement économique important. Comment expliquer que jusqu’à 500 personnes pourront se réunir dans un cinéma, une salle de spectacle ou un lieu de culte, mais que pendant ce temps, il sera impossible de tenir une conférence ou un congrès et cela même en respectant des protocoles sanitaires serrés? »

« Le passé étant garant de l’avenir, le tourisme d’affaires a soutenu la reprise de l’automne dernier. Sans des assouplissements liés à ce marché très important, les hôteliers ne réussiront pas à refaire leur niveau de liquidités qui sont essentielles à la reprise soutenue de l’ensemble de l’économie hôtelière et touristique « , mentionne Dany Thibault, président du conseil d’administration de l’Association Hôtellerie Québec.

Marie-Ève Boisclair et Francine Bouffard confirment que le tourisme d’affaires constitue 50% de leur clientèle, hors pandémie. « Il va falloir que le gouvernement annonce quelque chose. Ça nous permettrait de survivre, les plus petits hôtels, et ça permettrait de relancer la machine pour tout le monde. Et les clients, ils attendent ça avec impatience! Les gens ont besoin de se retrouver en dehors des rencontres Zoom, de discuter face à face », croit la directrice générale de l’Auberge Godefroy.

Francine Bouffard souhaite également voir la création d’un calendrier de déconfinement pour le tourisme d’affaires le plus rapidement possible. « Même si je suis consciente qu’on ne peut pas le faire maintenant, on a quand même deux ans d’expérience en pandémie. On doit commencer à avoir des bases auxquelles se fier pour placer des points de repère sur le calendrier », croit-elle.

Miser sur le tourisme d’agrément

« Du côté du tourisme d’agrément, les gens viennent beaucoup chez nous profiter des piscines, d’un bon repas, d’un lit douillet, pour s’enfuir de chez eux et du télétravail, alors pour nous ça va quand même bien. On a quand même de bons taux de réservation! », estime Mme Boisclair.

« Notre historique d’entreprise fait en sorte qu’on s’en sort quand même bien, ajoute Mme Bouffard. On a eu accès à de l’aide financière et ça a très bien fonctionné. Par contre, les restrictions ont créé une baisse d’achalandage incroyable. On n’a pas fermé l’hôtel, mais on opère avec des effectifs extrêmement réduits ». Toutefois, cette dernière n’a jamais été inquiète pour la pérennité de l’établissement. « On va avoir 10 ans cette année, et on est solide », assure-t-elle.

« Le fait que les spas ouvrent, ça nous aide vraiment beaucoup. Dans un centre de villégiature comme le nôtre, c’est ce que les gens veulent. C’est un des attraits les plus importants chez nous, il n’y a pas de doute là-dessus. Dès l’annonce de la réouverture des spas, le téléphone s’est mis à sonner pour de nouvelles réservations, et le mois de février s’annonce beaucoup mieux que ce que j’espérais il y a une semaine à peine », poursuit la directrice de l’établissement de Nicolet.

Tests rapides chez les hôteliers

Par ailleurs, l’Association hôtellerie Québec demande que le gouvernement du Québec achemine rapidement des tests rapides aux hôteliers. En plus du manque de liquidité, il y a un manque criant de main d’œuvre. L’acheminement de tests rapides permettrait de tester plus efficacement tous les employés qui ont des symptômes ou ceux qui sont à risque comme cela se fait ailleurs dans d’autres provinces. Cela permettrait à l’industrie d’être mieux outillée pour prévenir et limiter les éclosions en milieux de travail et, ainsi, de maintenir en poste le personnel nécessaire aux opérations.