«En VTT ou motoneige, restez dans les sentiers ou restez chez vous»

BÉCANCOUR. Benoit Pellerin n’en peut plus des motoneiges qui viennent saccager ses plantations dans son champ. Sa publication à cet effet dans un petit groupe Facebook comptant un peu moins de 600 membres a été partagée près de 200 fois sur les réseaux sociaux. Comme quoi le problème est généralisé et interpelle beaucoup de gens.

«Les terres agricoles sont des terrains privés au même titre que vos pelouses, jardins et plates-bandes. Si un inconnu vient ravager votre bel arrangement paysager, je suis pas mal convaincu que la police va être appelée. Alors pourquoi serait-il acceptable de faire pareil dans nos champs?», peut-on lire dans le message de M. Pellerin. «En VTT ou motoneige, restez dans les sentiers ou restez chez vous», conclut-il.

Benoit Pellerin a grandi sur la ferme familiale située sur la route du Missouri à Bécancour, dans le secteur de Précieux-Sang. Depuis deux ans, une toute nouvelle plantation de camerisiers fait la fierté du Bécancourois. Sa première récolte commerciale devrait se faire à l’été 2021, car les arbustes demandent un minimum de deux années végétatives avant d’offrir une petite production, et jusqu’à 7 ans avant d’avoir une pleine productivité.

«Pendant la fin de semaine du 23 janvier, une motoneige a traversé 12 rangs de la plantation, est arrivée à un fossé, a rebroussé chemin et retraversé les 12 rangs à un autre endroit. La personne a dû rester environ 30 secondes dans mon champ, mais ce sont 30 secondes qui vont me coûter cher. On estime qu’une cinquantaine de plants ont été touchés», témoigne M. Pellerin.

Ce n’est qu’au printemps que Benoit Pellerin découvrira l’étendue des pertes. Selon l’agriculteur, le scénario optimiste est que les tiges de ses arbustes sont cassées, mais que les plants survivent. «Je perdrais environ 500 $ de production cette année, et tout rentrerait dans l’ordre l’an prochain», estime-t-il. Cependant, un scénario pessimiste existe également, celui dans lequel ses plants meurent. «Les deux dernières années seraient gaspillées et je devrais recommencer pour les 50 plants touchés».

L’implantation des 4500 camerisiers représente un investissement d’un peu plus de 50 000 $ en matériel et immobilisation sur une terre dont il était déjà propriétaire.

Benoit Pellerin considère que sa plantation, qui couvre 2 hectares, soit environ 2 % de ses champs, est bien identifiée et délimitée. «J’essaie d’identifier mes rangs, j’ai planté des poteaux, je fais des messages de sensibilisation et de prévention chaque année sur les réseaux sociaux. Je ne crois pas que les gens soient mal intentionnés, ils sont surtout dans l’ignorance. Ils ne pensent pas que ça peut faire d’aussi gros dégâts», affirme-t-il.

Si le message ne passe pas encore cette fois-ci auprès des quelques récalcitrants, Benoit Pellerin considère l’idée de clôturer entièrement sa plantation. «À force de parler mais que ça ne change pas, il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas avoir des pertes de revenus sans rien faire», dit-il.

Un droit de passage

Chaque saison hivernale, certains producteurs agricoles accordent des droits d’accès aux motoneigistes. «La pratique de la motoneige, en territoire centricois, comme partout ailleurs en terre privée, est rendue possible grâce à un partenariat entre les adeptes de ce sport et les producteurs agricoles qui acceptent volontiers de permettre le passage des sentiers sur leurs terres», rappelle Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec dans une lettre publiée sur le site web de son organisation.

«Rappelez-vous que les producteurs agricoles acceptent de bon cœur de partager une partie de leurs propriétés avec vous, mais qu’il serait très regrettable que cette collaboration soit ternie par des gestes isolés, mais lourds de conséquences», avance ce dernier.

Benoit Pellerin révèle cependant qu’il ne détient aucune entente avec des clubs de motoneige ou des motoneigistes cédant le passage sur ses terres agricoles. «Si les motoneigistes veulent utiliser nos terres, ils ont juste à venir nous voir! On est <@Ri>parlable<@$p>! C’est juste qu’il y a des zones qui doivent être évitées. Il y a des endroits où ça dérange moins. On peut faire des ententes, mais le monde ne pense pas à venir nous voir avant de circuler», dit-il. Selon M. Pellerin, aucun sentier de motoneiges ne passe d’ailleurs près de chez lui.

Plaintes logées à la Ville

Le maire de la Ville de Bécancour, Jean-Guy Dubois, révélait lors de la séance du conseil du 1er février dernier que plusieurs plaintes avaient été logées à la Ville concernant des motoneigistes qui ne respectent pas les sentiers balisés.

«À ceux qui se promènent en motoneiges, s’il vous plait, soyez respectueux des pistes, parce qu’on a beaucoup de plaintes qui viennent d’agriculteurs qui menacent d’interdire l’accès à leurs terres, parce que certains motoneigistes brisent leurs cultures en s’aventurant hors des pistes», souligne M. Dubois.

«C’est la même chose pour les circuits cyclables, ce n’est pas une place pour les motoneiges. C’est une place pour les piétons, pour le ski de fond, pour la raquette, alors essayons donc de se respecter les uns les autres et éviter qu’on ait de mauvaises surprises pour les hivers prochains», a conclu le premier magistrat.

Denis Vouligny, conseiller municipal à la Ville de Bécancour, a ajouté l’importance, également pour les motoneigistes, de ne pas jeter leurs déchets dans les champs. «Ne pensez pas que ce n’est pas grave, c’est grave. Il y a de la machinerie et des animaux qui vont là. Ramenez vos déchets s’il vous plait. Cette année, peut-être plus que d’habitude, on va avoir plus de déchets, parce que l’accès aux relais est limité. Soyez respectueux, comme ça l’année prochaine on va pouvoir encore faire de la motoneige, et dans 10 ans aussi», a insisté le conseiller du secteur Saint-Grégoire.