Église cherche nouveau propriétaire à Sainte-Monique

SAINTE-MONIQUE. C’est un secret de polichinelle depuis longtemps déjà: la paroisse L’Assomption-de-la-Vierge-Marie souhaite se départir de l’église de Sainte-Monique. L’ajout récent d’une pancarte d’un agent immobilier sur le terrain fait tout de même jaser au sein de la communauté…

Il y a environ un an et demi, la municipalité a proposé à la paroisse de l’acheter pour la somme symbolique de 1$, mais cet achat est loin de faire l’unanimité au village. Dans les derniers mois, Sainte-Monique a investi plusieurs milliers de dollars pour la réalisation d’études portant sur l’état du bâtiment, dont la façade s’enfonce dans le sol. La mairesse Denise Gendron voit l’église comme la pièce maîtresse potentielle du projet de revitalisation de la municipalité. Mais avant de signer quoi que ce soit, elle souhaitait s’assurer qu’une telle acquisition demeurerait à portée de la bourse de ses citoyens.

«On est encore intéressé [à l’acheter et à déposer un projet], mais on n’était pas prêt à le faire au moment où la pancarte a été affichée sur la pelouse. On avait toutefois fait un gros cheminement ce printemps. Par contre, on n’avait pas pu présenter le projet aux citoyens en raison de la COVID-19, qui nous empêchait de tenir des réunions publiques», indique la mairesse.

Il n’en demeure pas moins que le dossier stagne, aux yeux de la paroisse L’Assomption-de-la-Vierge-Marie, qui continue de payer pour le maintien du bâtiment alors qu’elle n’en a plus les moyens. «Ça fait cinq ans que nos états financiers sont dans le négatif. Nos revenus sont en forte baisse, tout comme la pratique religieuse. En 2014, on prévoyait une diminution de 3 à 5% par année, mais elle se situe plutôt autour de 10%. Et depuis ce printemps, la problématique s’accélère à la vitesse grand V parce qu’il n’y a pas eu de pratique religieuse, donc de rentrées d’argent, durant quatre mois en raison de la pandémie», mentionne Michel Lemire, le président d’assemblée de fabrique.

La paroisse ne peut plus se permettre de garder l’immeuble encore des années. Par expérience, elle sait que le processus de vente d’une église prend au-delà d’un an en raison de toutes les étapes à franchir. «Prenons l’exemple de l’église de Saint-Zéphirin-de-Courval. Il a fallu un an et demi ferme avant de conclure la vente», mentionne M. Lemire, ajoutant que trouver un acheteur ne se fait pas non plus du jour au lendemain.

«On a une procédure à suivre, explique-t-il. L’acheteur [que ce soit une municipalité ou un particulier] doit soumettre un projet et le présenter à la communauté. C’est elle qui donne l’aval ou non. Ensuite, il doit présenter le même projet par écrit au Diocèse, auprès de deux conseils qui ne sont actifs que deux fois par année, en novembre et en mai: le conseil économique et le conseil diocésain. Une fois le projet accepté, il faut procéder à la désacralisation de l’église. Ensuite, le contrat est signé chez le notaire.»

À travers tout ce processus s’ajoutent d’autres obligations. Par exemple, dès que les paroissiens autorisent la mise en vente de l’église (c’était le 16 octobre 2019, en ce qui concerne Sainte-Monique), il faut faire changer le zonage institutionnel et religieux des lieux afin de le laisser libre à un autre genre de pratique. Cette étape a été franchie le 27 juin dernier.

Dans le cas de Sainte-Monique, la paroisse doit également réaliser des démarches pour exhumer un mort, car un curé est enterré sous l’église. «Ça peut prendre de 6 à 8 mois», indique Michel Lemire, précisant que le processus a été enclenché il y a environ deux semaines.

«Il y a beaucoup d’étapes dans le processus de vente sur lesquels on n’a pas de contrôle et qui prennent du temps. De plus, on est poussé par nos états financiers et par la situation de confinement. Sans compter que la municipalité n’a toujours pas déposé de projet concret et qu’on ignore encore si elle le fera. Si ce n’est pas le cas, on va avoir perdu un temps précieux [dans le processus]. Pour toutes ces raisons, on ne trouve pas qu’on est allé trop vite en mettant la vente de l’église dans les mains d’un agent immobilier.»

Michel Lemire estime que la municipalité a encore toute la latitude nécessaire pour soumettre un projet, si elle souhaite le faire. «On prône la transparence [tout au long des démarches] puisqu’à la toute fin, c’est la communauté qui va décider. On sera très heureux de lui laisser l’église pour qu’elle en fasse un projet [porteur]. Mais on serait très malheureux de la lui laisser si c’est un projet de chicane et de mésentente.»

Un projet à l’automne?

Selon la mairesse Denise Gendron, un projet pourrait être déposé à l’automne (probablement en septembre). Il serait question d’aménager une salle multifonctionnelle dans la nef. Une partie du chœur serait conservée intacte, avec quelques bancs, à l’avant, pour permettre le culte pendant quelques années encore. Au jubé, des chambres seraient aménagées pour les touristes.

«Ça s’inscrirait bien dans le virage qu’entreprend la MRC de Nicolet-Yamaska en matière d’écotourisme. Ça amènerait aussi une rentrée d’argent. Ça serait une expérience unique au Québec de coucher dans une église», estime la première magistrate, qui prévoit également conserver l’orgue pour d’éventuelles soirées de concert.

«Le projet qu’on prévoit déposer sera un <@Ri> »work-in-progress »<@$p>. On pourra y présenter notre orientation générale, qui consiste à conserver la partie patrimoniale, tout en redonnant l’accès à l’église à la population. Mais il y aura des bémols parce que des éléments devront être regardés avec les citoyens [qui demeurent divisés sur la question] et bonifiés en fonction de leurs idées et des avis de professionnels», conclut-elle.