Dur temps pour les personnes peu alphabétisées
COVID-19. La crise sanitaire a entraîné la transmission d’une avalanche d’informations de la part du gouvernement concernant les consignes de santé publique et les mesures d’aide financière d’urgence. Or, une bonne part de l’information transmise demeure inaccessible pour les personnes peu alphabétisées, dénoncent Alpha-Nicolet et le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ).
«Au Québec, plus d’un million d’adultes de 16 à 65 ans ont de grandes difficultés en lecture, en écriture et en calcul. C’est donc un adulte sur cinq qui peine à comprendre le langage souvent complexe des spécialistes et des représentants du gouvernement», fait savoir le RGPAQ.
Dans le contexte, Alpha-Nicolet vulgarise l’information provenant des sources gouvernementales afin de s’assurer que les termes et les concepts utilisés sont bien compris. «Nous sommes en contact régulier avec nos membres par téléphone afin de nous assurer de leur compréhension de la situation», souligne Véronique Mainguy, co-coordonnatrice au sein de l’organisme fondé en 1984.
Toute l’équipe de travail se partage des appels. «Lors d’un appel, on s’ajuste à la personne: utiliser des mots connus pour expliquer, envoyer par la poste l’information simplifiée et imagée, rassurer, donner l’information à jour (par exemple: le port du masque, les frais d’amendes pour un rassemblement, l’aide alimentaire, le droit d’aller à l’épicerie, la façon d’accéder aux soins de santé, etc.). Par le fait même, cela leur permet de briser leur isolement et d’échanger sur leur vécu», ajoute Mme Mainguy.
Un autre obstacle rencontré par la clientèle des organismes comme Alpha-Nicolet est l’utilisation accrue, voire obligée, des technologies pour s’informer. «Plusieurs services gouvernementaux en personne sont fermés. Les services téléphoniques sont très occupés. L’accès en ligne est plus rapide, mais difficile à comprendre pour notre clientèle. Plusieurs ont aussi de la difficulté à comprendre l’utilisation d’un appareil ou d’une application et certaines n’ont pas Internet et/ou d’appareil», poursuit Véronique Mainguy.
Alpha-Nicolet a également dû effectuer des interventions auprès de commerçants locaux afin de les sensibiliser au fait que certains de ses membres n’ont pas de carte de débit ou n’ont pas accès à une carte de crédit. «C’est un défi, pour eux, d’utiliser une carte de paiement: mémoriser la façon de faire, lire et comprendre vite. Ils utilisent le paiement comptant. C’est pourquoi nous incitons les commerces à accepter l’argent comptant afin de ne pas précariser davantage ces personnes», conclut la co-coordonnatrice.
(Collaboration de Stéphane Lévesque)