Double crise pour Spec-Tech
PIERREVILLE. Un peu plus de six mois après avoir vu son entrepôt de Nicolet être réduit en cendres, voilà que l’entreprise Spec-Tech doit encaisser un autre coup dur avec l’annulation de tous les grands événements de l’été.
«Dans notre domaine, l’été représente à peu près 75% de nos revenus de l’année», évalue Éric Desmarais, le propriétaire de cette entreprise de Pierreville qui œuvre dans la sonorisation et l’éclairage d’événements de tous genres, en plus de présenter des feux d’artifice. «Là, c’est arrêté jusqu’au 31 août. C’est pile pendant la période la plus achalandée pour nous.»
À titre d’exemple, Spec-Tech avait décroché encore cette année une bonne dizaine de contrats pour les fêtes nationales de diverses municipalités du territoire, dont Drummondville, Nicolet, Fortierville, Pierreville et Massueville. Elles ont toutes été annulées ces derniers jours. Elle avait également renouvelé son contrat avec le Festival de la gibelotte de Sorel et le Festival des 5 Sens de Sainte-Sophie-de-Lévrard, qui n’auront pas lieu, eux non plus, en raison de la décision gouvernementale.
«On va perdre environ 120 000$», évalue grosso modo Éric Desmarais, qui anticipe aussi des pertes pour sa deuxième grosse saison de l’année, à savoir le temps des Fêtes. «En décembre, on fait beaucoup de partys d’entreprises et de choses comme ça. Malheureusement, on commence déjà à avoir des annulations. Soit parce que les gens sont frileux à l’idée de se réunir dans un party avec ce qu’on vit présentement, soit parce que l’entreprise a perdu tellement d’argent qu’elle ne veut pas dépenser pour ça cette année.»
Le propriétaire de Spec-Tech n’entrevoit donc pas de retour à la normale avant le printemps 2021. «On sait bien que même quand le confinement sera levé, le monde va continuer à avoir peur. Du moins jusqu’à ce qu’on trouve un vaccin.»
Comme tous les techniciens pigistes qu’il embauche, il n’a d’autre choix que de se tourner vers la Prestation canadienne d’urgence (PCU) comme source de revenus pour les quatre prochains mois. Or, quand l’aide disparaîtra, l’industrie dans laquelle œuvre son entreprise tombera dans sa période la plus creuse de l’année. «On n’aura pas pu se mettre de l’argent de côté pour l’automne.»
Une situation d’autant plus problématique qu’il doit continuer, pendant tout ce temps, à assumer les dépenses fixes de son entreprise: paiement des prêts, assurances, immatriculations, etc. «Oui, certaines banques proposent des congés de paiement, mais les intérêts, eux, continuent de rouler! Nos obligations sont là.»
Deuxième crise
En plus de tout ce stress, une autre tuile est tombée sur la tête d’Éric Desmarais récemment: il a reçu un compte de taxes surprise de 8000$ de la Ville de Nicolet. C’est que depuis l’incendie de son entrepôt, en août dernier, son entreprise est considérée comme n’étant plus en activité. Pour cette raison, on lui a retiré le droit à son rabais de taxes de cinq ans.
«J’ai essayé de prendre entente avec la Ville, mais les réponses restent très évasives. C’est très ordinaire, commente M. Desmarais. Je n’ai pas laissé tomber l’idée de reconstruire, mais je vais attendre que la crise passe. Ça va aller à 2021. Et dans les circonstances, je n’écarte pas l’idée d’aller ailleurs.»