Donner une seconde vie à ses déchets industriels

SAINT-PIERRE-LES-BECQUETS.  Michael Tousignant et sa conjointe, Mariane Lemelin, on fait de l’économie circulaire le mot d’ordre de leur entreprise, sans même savoir de quoi il s’agissait. En effet, presque tous les déchets engendrés par leurs activités professionnelles se voient offrir une seconde vie.

« Instinctivement, je le faisais sans savoir que ça s’appelait comme ça. Je faisais de l’économie circulaire malgré moi!, lance Michael Tousignant. « Je crois que ça provient d’une conscience environnementale », ajoute-t-il.

La Scierie sur le Saint-Laurent, petite entreprise située à Saint-Pierre-les-Becquets, est née il y a trois ans. Des déchets, elle en produit une bonne quantité: bran de scie, croutes de bois, écorce.

Le bran de scie de la Scierie sur le Saint-Laurent était auparavant enterré ou tout bonnement abandonné plus loin sur les terres des propriétaires. « Je ne savais pas quoi faire avec! », mentionne M. Tousignant. Aujourd’hui, ce sont des propriétaires d’étables et d’écuries de la région qui viennent en prendre possession afin d’en faire de la litière pour les animaux. Une fois usée, la litière est remise dans les champs des agriculteurs. Ainsi, en plus de libérer la petite entreprise de Saint-Pierre-les-Becquets de cette forme de résidu, elle génère un petit revenu supplémentaire en les offrant à faible coût à des entreprises voisines.

En retour, Michael Tousignant se porte acquéreur de fumier de chèvres d’une étable voisine, car son propriétaire n’a pas de terre agricole où utiliser son fumier comme engrais. M. Tousignant mélange ce fumier avec ses écorces afin d’en faire du compost. « Ce n’est pas commercial, car c’est encore en analyse, mais ça pourrait le devenir. J’en ai mis dans ma serre et dans tous les cas, j’ai mangé de bonnes tomates et de bons concombres cet été! », assure-t-il.

Une autre partie des résidus de la scierie est également transformée en copeaux par une bleuetière avec qui il fait affaire. De son côté, la bleuetière broie les résidus pour en faire des copeaux utilisés pour aider à la conservation de l’acidité du sol où poussent les bleuets.

Quelques acériculteurs de la région vont également s’approvisionner en croûtes de bois à la scierie, un combustible prisé, car il brûle rapidement. L’an dernier, Michael Tousignant avait dû brûler 70 paquets qu’il avait en surplus, alors que cette année, il n’a que 20 paquets en trop.

Finalement, les résidus qui restent à la scierie sont brûlés pour alimenter la fournaise de ses séchoirs à bois. « Ça ne me coûte pas beaucoup d’électricité, mon chauffage est quasiment gratuit! En un an seulement, on a pu rentabiliser notre investissement de départ », se réjouit l’entrepreneur.

À la recherche d’un marché de niche

La Scierie sur le Saint-Laurent est une entreprise de transformation de bois qui tente de valoriser les essences que les grosses industries ne prennent pas, comme le mélèze, le tremble et le pin blanc.

« Les scieries transforment habituellement de l’épinette blanche pour la construction, et le marché américain mise sur l’épinette blanche et l’épinette noire. Je ne pourrais pas me lancer dans ce marché avec la grosseur de notre machinerie. Il faut plutôt que j’aille chercher un marché de niche », explique Michael Tousignant, copropriétaire de la scierie.

L’entreprise existe depuis un peu plus de trois ans. « Au départ, j’ai démarré ça pour m’amuser! On avait une terre à bois avec beaucoup de pin blanc. On avait fait venir un scieur et on avait été insatisfait du résultat, le bois présentant beaucoup de variations. Avec un de mes amis, on s’est dit qu’on pourrait acheter notre propre moulin à scie et s’occuper nous-mêmes de notre bois! », raconte M. Tousignant. Finalement, ses amis réquisitionnaient de plus en plus sa main-d’œuvre, et c’est ainsi que l’entreprise s’est développée. À ce moment, Michael Tousignant partageait son temps entre sa vie familiale et son emploi au Nunavut depuis 5 ans. Avec trois enfants et des immeubles résidentiels à Trois-Rivières, il a vu une belle opportunité d’être plus présent pour sa famille.

M. Tousignant explique que le mélèze est le bois idéal pour les projets extérieurs. « C’est un bois qu’on compare un peu au cèdre qui est un bois imputrescible, c’est-à-dire qui ne pourrit pas ou très peu », plaide-t-il.

Pour développer son propre marché, Michael Tousignant a également construit deux séchoirs à bois dans d’anciennes boites de camion de marchandise. Il peut ainsi faire sécher le bois de particuliers qui auraient de petits projets qui n’ont pas assez d’envergure pour les grandes entreprises. « J’ai des téléphones de partout au Québec, parce qu’il n’y a personne qui en fait! », lance-t-il.

Les entreprises qui souhaiteraient obtenir du soutien pour développer et implanter un système d’économie circulaire au sein de leurs activités peuvent obtenir le soutien de la Corporation de développement durable et de Recyc-Québec qui ont mis sur pieds le projet d’Économie circulaire Centre-du-Québec. Ce service est offert gratuitement.