Des cannettes meurtrières pour les bovins

GRAND-SAINT-ESPRIT. Noéla Beauchemin est à la tête de la ferme laitière familiale, M.A.Y. Beauchemin & fille, dont les terres longent le rang Prince, dans la municipalité de Grand-Saint-Esprit. Le 9 avril dernier, alors que Mme Beauchemin faisait une simple promenade exploratoire dans ses champs, elle a fait une découverte qui pourrait mettre la santé de son bétail en péril.

Ce sont une centaine de cannettes et une quarantaine de bouteilles que Mme Beauchemin a récupérées sur une parcelle de terre mesurant à peine 500 mètres de long par un mètre de large. C’est pour cette raison que Mme Beauchemin souhaite mettre en garde les automobilistes quant aux risquent encouru par ses vaches, et celles de toutes les autres fermes, lorsque que ceux-ci décident de se débarrasser des déchets qui encombrent leur voiture. «Pourtant, c’est un petit rang de campagne, ce n’est pas la route la plus passante! Je ne me serais jamais attendue à ce qu’il y en ait autant», s’exclame Mme Beauchemin.

Le 9 avril dernier, Noéla Beauchemin a amassé une quantité impressionnante de cannettes et de bouteilles en bordure de son champ.

«Les cannettes sont invisibles dans le foin quand on le fauche, ce qui fait qu’on ensile les cannettes qui deviennent une dizaine, voire une vingtaine de petits morceaux très coupants. Les vaches consomment ces cannettes qui charcutent leurs estomacs. Bien souvent, elles en meurent», avertit Noéla Beauchemin.

«Une fois que la cannette est fragmentée en une vingtaine de morceaux, on ne la voit souvent plus et ça fait vingt fois plus de chances de blesser les vaches qui la consomment. Les vaches ne sont pas aveugles, mais quand elles mangent, elles ne se doutent pas qu’il y a de petits morceaux néfastes pour elles dans leur nourriture», explique Mme Beauchemin.

C’est lorsque la vache rumine que les dégâts sont causés, alors que les fragments de cannettes se promènent dans le système digestif. Selon Mme Beauchemin, il est monnaie courante qu’un corps étranger se retrouve dans les vaches laitières. «Par exemple, une vache qui consomme un vieux clou ou un objet qu’elle n’est pas capable de digérer va rester dans son estomac où il peut faire des lacérations internes, et on ne pourra pas la soigner. L’estomac des vaches est quand même difficile d’accès», plaide la productrice laitière.

Noéla Beauchemin explique néanmoins que des mesures sont prises pour éviter l’ingestion de morceaux de métal. En plus de sa machinerie agricole qui est munie de «métal alerte», un outil de prévention qui arrête la machine dès le passage d’un corps métallique lors de la récolte du foin, il est habituel de faire ingérer des aimants aux vaches. Ces aimants, qui vont demeurer dans les estomacs de la vache durant toute sa vie, attireront par exemple un clou en fer ingéré par mégarde par la vache et ainsi empêcher le clou de causer des dommages irréversibles.

Le problème est que malgré la «métal alerte» et les aimants, l’aluminium avec lequel les cannettes sont fabriquées n’est ni détecté par la machinerie, ni attiré par les aimants. Verdict: jeter sa cannette dans un champ résulte quasi inévitablement par l’ingestion de celle-ci par une vache, et la cannette sera beaucoup plus dommageable qu’un vieux clou.

C’est ce message que la productrice laitière essaie de faire passer, notamment par les réseaux sociaux. En effet, elle n’en est pas à son premier message de sensibilisation à ce sujet, le premier remontant à 2017. «Les gens qui jettent leurs cannettes de la fenêtre de leur automobile ne se doutent pas des répercussions», conclut-elle.