D’employée à unique propriétaire
NICOLET. Le 29 juin 2004, Myriam Levasseur joignait l’équipe d’Ultramar Nicolet comme caissière. Depuis le 1er novembre dernier, le commerce lui appartient. « C’est mon quatrième enfant! », lance-t-elle en riant.
Cette mère de 33 ans a obtenu la pleine confiance de ses anciens patrons, Gaétan St-Pierre et Suzanne Hamelin, pour reprendre les rênes de leur entreprise… après 43 ans d’investissement de temps et d’argent!
« On a construit le commerce en décembre 1978, avec mes associés du temps. Ç’a évolué avec les années. À un moment donné, il y avait un restaurant annexé. On a connu plusieurs époques! », rappelle M. St-Pierre, qui a été gérant du commerce jusqu’au début des années 2000, suivi de sa conjointe Suzanne.
Myriam Levasseur était adolescente lorsqu’elle a été embauchée par le couple, mais elle a rapidement gagné des jalons. « J’ai tout fait! », rigole celle qui a expérimenté tous les horaires possibles et imaginables et à qui l’on a confié des responsabilités accrues, jusqu’à la gestion complète du plancher et la négociation de contrats, il y a quelques années. « Devenir propriétaire, c’est la suite logique des choses », évalue-t-elle.
« Elle a le chien pour mener une entreprise comme celle-là », affirme pour sa part M. St-Pierre, qui a pris pleinement conscience de la chose pendant la pandémie de COVID-19. « On était en gestion de crise. La CNESSST venait voir si on respectait toutes les normes sanitaires, si on avait les bons panneaux, etc. Myriam a pris le lead de tout ça à pied levé… avec succès! »
Passation
Quelques mois avant la pandémie, la jeune femme avait signifié aux propriétaires qu’elle serait intéressée à acheter le commerce lorsqu’ils souhaiteraient s’en départir. « Ça nous avait surpris un peu, car on n’était pas encore en réflexion sérieuse concernant notre retraite », admet M. St-Pierre.
Une cheville cassée et une pandémie ont finalement forcé la réflexion! « Deux semaines avant la pandémie, Suzanne s’est cassé la cheville. Elle ne pouvait plus conduire et ça nous a fait réaliser qu’on était un peu mal pris… », raconte Gaétan St-Pierre, dont la résidence principale est maintenant à Champlain. « Ensuite, la pandémie a frappé, et on a vu aller Myriam. »
Les propriétaires ont attendu que les choses reviennent un peu plus à la normale avant de décider de passer le flambeau. « Il y avait plein d’incertitudes et on ne pouvait pas marcher avec des « à peu près ». Ça s’est stabilisé, les ventes ont repris, alors on a entamé les discussions et convenu d’un arrangement au niveau de la passation. »
Accompagnement
Même s’ils ne sont désormais plus propriétaires, Gaétan St-Pierre et Suzanne Hamelin demeurent présents pour soutenir leur protégée en cas de besoin. « On est là pour assurer la transition tant que le besoin se fera sentir », assurent-ils.
Myriam Levasseur bénéficie aussi du service de mentorat de la SADC de Nicolet-Bécancour et d’un large réseau de contacts aux expertises variées pour l’épauler dans son nouveau défi. « Je suis bien entourée. Comme ça, si j’ai des questions, un ressenti que je ne sais pas trop comment gérer, je sais que [ces ressources] sont là. »
« C’est une bonne chose, renchérit Gaétan St-Pierre, car ça apporte une vue de l’extérieur et une certaine objectivité que nous, on n’a pas nécessairement. »
La suite
Myriam Levasseur prend la tête de l’entreprise dans un esprit de continuité. « Je souhaite être une gestionnaire aussi ouverte et humaine qu’eux! Ils ont développé une proximité avec les employés qui est très belle à voir. Plusieurs anciens reviennent les voir pour jaser. L’ambiance de travail est très bonne. Il faut que je continue dans cette lignée. »
En même temps, elle apportera à plus long terme sa touche personnelle au commerce. Elle souhaite éventuellement augmenter la superficie de réfrigérateurs dédiés aux bières de microbrasserie; un volet qui fait la renommée du dépanneur depuis 2013 – année où elle a convaincu ses anciens patrons de se lancer dans ce créneau de niche. « C’est sûr que ça va progresser encore et qu’il y aura des nouveautés et des partenariats, mais je vais y aller une étape à la fois. Pour le moment, je mets des souliers qui ne m’appartiennent pas. Je dois les former à mes pieds et m’ajuster [avant de passer à une autre étape] ».
Parcours atypique
Ces souliers ne devraient pas tarder à devenir des pantoufles pour celle qui est déjà dotée d’un fort esprit entrepreneurial. « J’ai ouvert mon propre salon de coiffure il y a quelques années, après avoir fait mon DEP en coiffure. J’ai toujours fait ça en parallèle de mon travail ici. Aujourd’hui, j’en fais beaucoup moins, mais je vais quand même continuer car c’est une passion! »
Selon elle, il n’y avait pas de meilleur moment pour faire l’acquisition du complexe de M. St-Pierre et Mme Hamelin, qui comprend aussi la bâtisse abritant le Tim Hortons, louée à un franchisé. « Mon conjoint vient de terminer ses études en génie civil et entre sur le marché du travail dans son nouveau domaine, tandis que ma plus jeune vient d’entrer en maternelle. C’était un timing parfait! », partage-t-elle, tout en réalisant à voix haute que le 29 décembre prochain, elle aura passé précisément la moitié de sa vie au Ultramar!
Ce constat fait sourire ses deux mentors, qui la considèrent d’ailleurs un peu comme leur troisième fille. « Myriam, on dirait que c’est la continuité de moi!, confie Suzanne Hamelin. On travaille de la même manière, on complète nos phrases, on pense la même chose sans se le dire… Je suis sûre qu’elle ira loin. »
« Gaétan et Suzanne font partie intégrante de ma vie depuis plus de 16 ans. On a une belle complicité. D’ailleurs, Suzanne, je la surnomme Maman Sue! Elle a vu toutes mes grossesses et a pris tous mes bébés! Elle figurait parmi les personnes importantes à appeler. »
Nul doute que ce lien qui les unit facilitera à bien des égards la période de transition…