Dans les coulisses des tests de pyrrhotite

RÉGION. Ces trois dernières années, l’entreprise FNX-INNOV  a effectué entre 120 et 150 tests annuellement. En 2013, au plus fort de la demande, on pouvait réaliser jusqu’à 400 tests en une année.

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FNX-INNOV est une société d’ingénierie québécoise qui offre notamment des services en environnement, en infrastructures, en bâtiment, en énergie, en sciences de la terre et en ingénierie des matériaux. Elle a acquis, en 2018, le Groupe S. M. et agit à titre de guichet unique régional pour effectuer les tests de pyrrhotite sur les propriétés de la Mauricie.

Nadia Girard, géologue, a commencé à travailler pour l’entreprise durant les années les plus fortes de la crise.

«Je me souviens qu’au début, c’était la cohue. Ça craquait de partout. Parfois, dans des échantillons, on pouvait déterminer qu’il y avait de la pyrrhotite simplement en les regardant tellement c’était flagrant. Maintenant, ce qu’on remarque, c’est que les tests qui sont demandés sont surtout dans un contexte de vente d’une maison. Les résidences construites entre 1996 et 2008 sont surveillées», explique Mme Girard.

Et comme il n’y a pas de normes pour les tests de pyrrhotite effectués en laboratoire, il a fallu mettre en place un cadre, de sorte que les laboratoires et la partie défenderesse ont signé un protocole d’entente afin de baliser les tests pour qu’ils puissent être comparés sur des bases égales.

Depuis quelques années, elle remarque davantage de cas qui se situent dans la zone grise, soit un taux de moins de 0,23 %.

«C’est certain qu’au début, les propriétaires qui demandaient un test de pyrrhotite le faisait parce qu’ils voyaient des fissures dans leurs fondations, fait remarquer Nadia Girard. Maintenant, il n’y a pas toujours de fissures visibles quand le test est demandé, de sorte qu’on peut y retrouver des quantités très basses de pyrrhotite.»

Des maisons étant dans la zone grise pourraient ne jamais avoir de fissures, alors que d’autres oui. C’est que la condition de la pyrrhotite, quand elle est présente à de faibles taux comme dans les cas de la zone grise, peut être dormante, jusqu’à ce qu’un déclencheur cause des fissures. Ce déclencheur pourrait être, par exemple, un contact avec l’eau, un drain français bouché, une gouttière trop près du mur et dont l’eau ruisselle contre le béton.

Au fil des années, FNX-INNOV s’est adaptée pour être plus précise lors de l’extraction d’échantillons. Avec la popularité croissante des planchers chauffants, par exemple, les techniciens utilisent un appareil de thermographie permettant de détecter les éléments qui émettent de la chaleur pour éviter de les endommager lors du carottage dans le solage de la maison.

Au total, cinq échantillons sont entre autres extraits des murs de la fondation, à divers endroits, et du plancher du sous-sol. Les échantillons sont ensuite envoyés dans un laboratoire aux fins d’analyse. Le tout est alors réduit en poudre fine. Une machine détermine ensuite la quantité de soufre présente. C’est ensuite que les géologues de FNX-INNOV fait le calcul pour établir le taux présent dans le granulat.

Si le taux de soufre dans le granulat est supérieur à 0,10%, un échantillon est poli, puis observé attentivement au microscope afin d’obtenir une mesure encore plus précise.

Quand la géologie côtoie la psychologie

Il n’est pas rare que les gens se déplacent pour se faire expliquer leur rapport, question de bien le comprendre. Cela a confronté les géologues à des situations difficiles auxquels ils ne pensaient pas avoir à faire face en devenant géologue.

«Les gens les plus touchés sont ceux proches de la retraite ou des retraités qui apprennent qu’ils perdent un capital important sur lequel ils comptaient pour l’avenir. Quand j’étudiais en géologie, je ne pensais pas faire autant de psychologie. En général, ils veulent savoir ce qu’ils peuvent faire avec ça, quelles sont les prochaines étapes, si ça va craquer et quand, si ça va tomber, etc.», mentionne Mme Girard.

«On a vu des gens faire des crises en recevant la mauvaise nouvelle. Plusieurs comptaient sur l’argent de la vente de leur maison pour financer leurs projets de retraite et tout d’un coup, ça ne vaut plus rien. À l’inverse, ceux qui apprennent que leur maison n’a pas de pyrrhotite repartent le cœur léger», ajoute Stéphan Ross, directeur adjoint – sciences du bâtiment chez FNX-INNOV.

«La pyrrhotite a un impact fort sur les résidents, mais aussi sur ceux qui n’en ont pas, poursuit Christian Bergeron, ingénieur et directeur du département de contrôle des matériaux. Je me souviens d’un homme qui était convaincu que sa maison avait de la pyrrhotite quand, pourtant, elle n’avait pas été construite entre 1996 et 2008. On voit que la peur s’installe. La pyrrhotite fait peur.»