Cannabis: la consommation mieux encadrée dans la région

DOSSIER. «Il n’y a pas eu de drame. Ce n’est pas parce qu’on a légalisé [le cannabis] que c’est l’apocalypse, au contraire.»

À pareille date l’an dernier, le sujet de la légalisation du cannabis était sur toutes les lèvres, avec toutes les spéculations, craintes et interrogations qui viennent avec. De leur côté, les organismes experts en dépendances, comme La Relance Nicolet-Bécancour, étaient prêts à faire face à la musique.

«C’est sûr qu’on  a eu beaucoup plus d’appels et de demandes de services et d’ateliers. Les gens voulaient en entendre parler. Les aînés, entre autres, nous ont beaucoup interpellés. Ils avaient peur, car plein de trucs sont sortis dans les médias, comme plus de psychoses ou de criminalité [à prévoir]. Des choses qui ne sont pas vraiment validées», indique Annie Gauthier, la directrice générale de La Relance.

«Les gens se questionnaient par rapport aux enjeux de la loi, ajoute-t-elle. C’est complexe, mais on a pu répondre à leurs questions. On y est allé avec les trucs importants à savoir. En même temps, on en a profité pour leur parler de dépendances, de prévention, de saines habitudes de vie, de consommation responsable et de facteurs de protection pour éviter de se retrouver dans une dépendance.»

Les douze derniers mois ont été très occupés du côté de l’organisme, et les prochains le seront encore davantage maintenant que les MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska ont fait appel à ses services pour mener des actions préventives en lien avec l’usage du cannabis sur leur territoire respectif.

En effet, les MRC ont reçu chacune une enveloppe d’environ 50 000$ (1,20$ par habitant) du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) à affecter aux dépenses en lien avec la légalisation du cannabis pour 2019 et 2020. Elles pouvaient utiliser cet argent pour de l’affichage dans les lieux publics, pour la mise à jour de ses règlements municipaux ou encore pour de la formation à des employés municipaux, leur suggérait, à titre d’exemples, le ministère.

«Quand on a su que cet argent était disponible, on a approché les MRC pour leur proposer des projets. Comme on est actif depuis 30 ans, elles nous connaissaient déjà et savaient que nous étions les experts en prévention sur le territoire», mentionne Mme Gauthier.

MRC de Bécancour

La MRC de Bécancour a décidé de verser une partie de son enveloppe, soit 20 000$, à La Relance Nicolet-Bécancour et à LaRue Bécancour, un organisme en travail de rue, pour mousser, de façon concertée, la prévention à travers les 12 municipalités du territoire et pour répondre à certains besoins spécifiques, s’il s’en présente.

Les deux organismes collaborent déjà étroitement. Ils deviendront maintenant les points de référence vers lesquels convergera tout ce qui touche, de près ou de loin, à la légalisation du cannabis et à la prévention des dépendances de façon plus générale.

«L’idée, c’est d’être un genre de vigie dans la MRC de Bécancour, illustre Annie Gauthier. On met en place un couloir de communication plus officiel pour que les gens aient maintenant le réflexe de nous contacter.»

Les deux organismes ont d’ailleurs commencé à intensifier leur présence depuis le début du mois d’octobre, notamment en augmentant leurs activités de prévention. Bientôt, La Relance Nicolet-Bécancour aura une ressource disponible de façon régulière à Bécancour. Cette ressource, spécialisée en dépendances,  aura comme mandat de faire de la détection et de l’évaluation.

«On se déplaçait déjà dans la MRC de Bécancour, mais sur appel, quand il y avait des besoins. Maintenant, on va avoir une récurrence. Pour commencer, nous serons là [à LaRue Bécancour] à tous les premiers vendredis du mois, de 13h30 à 16h. L’objectif de ces présences est de rencontrer les gens ayant des questionnements en lien avec les dépendances et faire de la détection de l’indice de gravité de problème liée à la consommation d’alcool, de drogues et de jeux chez les adultes, précise Mme Gauthier. On va aussi pouvoir former les travailleurs de rue en lien avec la détection de dépendance. Ce sera une excellente occasion d’arrimer nos pratiques et nos services.»

MRC de Nicolet-Yamaska

Du côté de la MRC de Nicolet-Yamaska, le mandat octroyé, qui accapare toute l’enveloppe allouée par le MAMH, est plus imposant. La Relance Nicolet-Bécancour lui a en effet proposé de développer un programme d’aide aux dépendances, comprenant un angle de sensibilisation et de prévention, s’adressant aux entreprises du territoire. Une proposition que les maires des 16 municipalités du territoire ont officiellement acceptée lors de leur séance de septembre dernier.

«On pense que c’est la meilleure façon d’aller rejoindre le plus grand nombre de consommateurs», fait valoir la directrice générale de La Relance, s’appuyant sur le fait que  les plus gros consommateurs sont aussi ceux qui forment la majorité de la population active, à savoir les 15-24 ans et les 25-44 ans, dans une proportion de 36,5% et 24%.

«On veut soutenir les cadres et les ressources humaines des entreprises qui, souvent, ne savent pas quoi faire lorsque quelqu’un entre au travail intoxiqué, ni comment l’aider. On va les coacher pour les aider à bien gérer la situation sans compromettre la sécurité de personne. Le programme s’adressera aussi aux employés et à leurs proches.»

La première étape, qui s’amorce dès maintenant, est d’approcher les entreprises  et de comprendre leurs besoins spécifiques. L’équipe de La Relance se donne jusqu’au 31 mars 2020 pour entrer en communication avec les 130 entreprises manufacturières du territoire. Ensuite, elle déploiera des actions concrètes et bien définies chez ces mêmes entreprises, avec un taux de pénétration espéré de 80%.

Embauche

Pour réaliser ces nouveaux mandats, l’organisme embauchera une ou deux ressources supplémentaires. La directrice générale est en train de faire ses prévisions budgétaires à ce sujet. Pour le moment, l’équipe compte six employés, dont quatre travaillent à temps plein et deux à temps partiel.

 

Dans la MRC de Bécancour

Encore 30 000$ à dépenser

La MRC de Bécancour dispose d’encore 30 000$ à affecter à des dépenses en lien avec la légalisation du cannabis pour 2019 et 2020. Elle doit utiliser cet argent d’ici le 31 décembre 2020. Le préfet Mario Lyonnais et les maires du territoire souhaitent investir ce montant dans un volet de prévention destiné aux jeunes spécifiquement. Aucun projet n’est encore sur la table.

 

 

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