Boisé de l’Avenue des Aigles : la Ville rend son verdict

BÉCANCOUR. Le 2 juin dernier s’est tenue une rencontre citoyenne, via la plateforme Zoom, concernant le boisé situé en bordure de l’Avenue des Aigles, dans le secteur Gentilly. En janvier dernier, un comité de citoyens de Bécancour avait lancé une pétition afin de sauver ledit boisé qui devrait être mis en vente par les propriétaires afin de le convertir en développement domiciliaire.

Le comité de citoyens demandait plutôt à la Ville de Bécancour de faire l’acquisition du terrain et d’y aménager un parc de proximité écologique au profit des résidents de Gentilly et des environs.

Lors de la rencontre citoyenne, la Ville a annoncé qu’après avoir fait l’analyse du dossier, elle n’irait pas de l’avant dans le projet et ne ferait pas l’achat du terrain dont il était question dans la pétition. Les raisons soulevées sont le coût élevé du terrain qui engendrerait une hausse de taxes substantielle pour les citoyens du secteur de Gentilly, ainsi que le zonage agricole du terrain.

Expliquons tout d’abord que les propriétaires possèdent deux parcelles de terrains; l’une zonée résidentielle (encadré blanc) et l’une zonée agricole (encadré vert). Selon Pierre Moras, conseiller municipal pour le secteur de Gentilly, les terrains zonés résidentiels ne seraient pas à vendre en ce moment, a-t-il avancé après s’être entretenu avec les membres de la famille Trottier. C’est donc pour l’achat du secteur zoné agricole que la Ville s’est prononcée la semaine dernière.

Les propriétaires demandent la somme de 1 M$ pour l’achat du secteur zoné agricole. Selon la simulation de la Ville, l’achat d’un terrain de ce montant engendrerait une hausse de taxes de l’ordre de 12,38 %. La simulation de la taxe spéciale a été basée sur les données suivantes: la valeur foncière imposable de la portion «village» de Gentilly est évaluée à 56 629 800$. Cette valeur est la base d’imposition globale pour déterminer le taux de base applicable pour chaque propriété, selon leur valeur. Le taux d’intérêt utilisé est de 2,5% l’an et la durée de l’emprunt est de 20 ans.

À noter que cette simulation ne tient pas compte des autres frais applicables, tels que les frais de justice, les frais d’aménagement et d’entretien du terrain. Le résultat indique ainsi que l’impact sur un compte de taxes pour une maison dont l’évaluation est de 135 000 $, avec la taxe spéciale annuelle pour un emprunt de 1 M$ estimée à 152,92$ par année pendant 20 ans, serait de l’ordre d’une augmentation du compte de taxes de 12,38%.

«À la suite de cette analyse, le Conseil de la Ville se doit de prendre une décision responsable. Tout d’abord, la charge financière imposable aux citoyens est trop importante et l’imposer à l’ensemble des citoyens de la Ville ne serait pas équitable.»

«De plus, la seule partie du lot qui est à vendre est celle située dans la zone agricole et, pour pouvoir changer sa vocation agricole, une autorisation de la CPTAQ doit nécessairement être obtenue. Ainsi, ce lot ne peut pas être utilisé à une fin autre qu’agricole, c’est-à-dire que la Ville ne pourrait pas l’utiliser pour y aménager des sentiers, puisque cet usage n’est pas un usage agricole. Par ailleurs, lorsqu’une demande est présentée à la CPTAQ, le demandeur doit démontrer qu’il n’y a pas d’autres emplacements sur le territoire où il serait possible de réaliser un tel projet hors de la zone agricole. La Ville n’est pas en mesure de faire cette démonstration, ainsi la Ville se heurterait vraisemblablement à un refus de la part de la Commission.»

Les citoyens ne sont pas prêts à abdiquer

Les citoyens présents à la rencontre citoyenne n’entendent pas accepter ce refus de la Ville aussi facilement. Alors que Jean-Guy Dubois, maire de la Ville de Bécancour, assure que personne de présent à la rencontre ne verra d’arbres coupés dans la zone agricole de leur vivant, Claude Carignan, un des membres du comité de citoyens derrière la pétition pour sauver le boisé, a lancé que c’est plutôt la zone résidentielle qu’il faut sauver de la coupe d’arbres, et non la zone agricole.

Le comité citoyen reviendra sans aucun doute à la charge avec de nouvelles propositions pour la Ville. Les citoyens présents souhaiteraient en arriver à une contre-offre à proposer aux propriétaires des terrains et s’asseoir avec la Ville pour voir les options de financement. Une citoyenne, Maude Auger, reprochait d’ailleurs à la Ville de ne pas avoir pris en compte les démarches déjà entamées par le comité pour trouver des sources de financement.

Malgré les craintes du comité de voir le secteur résidentiel subir une coupe à blanc en cas de vente, Pierre Moras se veut rassurant en mentionnant qu’il fait partie des exigences du promoteur de garder une partie boisée. «Ce n’est pas une coupe à blanc qui va se faire. Il y a des arbres qui vont demeurer dans la partie boisée à l’avant des terrains. De plus, à l’arrière, ça ne peut pas être bûché; ça ne relève pas de la réglementation municipale, mais de celle du ministère de l’Environnement pour les zones humides et près des cours d’eau», a expliqué le conseiller Pierre Moras.

Le citoyen Patrick Dastous a également tenu à rappeler pourquoi ce boisé devait retenir l’attention et les efforts de conservation de la Ville: «C’est le terrain de jeu des citoyens, c’est le poumon du village. Les autres bois situés d’un bord et de l’autre de la ville, ce n’est pas là que les citoyens vont. Le boisé de l’Avenue des Aigles, c’est le bois que les citoyens veulent conserver. C’est la plus belle forêt, c’est le bois centenaire qui reste à Gentilly.»