Aide alimentaire: le point sur la situation

NICOLET-BÉCANCOUR. La crise provoquée par la COVID-19 ayant presque un an, le Courrier Sud s’est penché sur la question de l’aide alimentaire dans la région. Un constat revient pour les organismes communautaires qui sont au front: le nécessaire financement pour accomplir leur mission à long terme.

«Pour le moment, on a réussi à trouver des fonds pour passer à travers. Les gouvernements ont beaucoup reconnu les organismes en aide alimentaire. On nous a qualifiés «d’essentiels» et de «primordiaux». On a dit que l’on était un filet de sécurité pour les gens. Mais pourquoi que ça prend une crise pour injecter de l’argent et qu’on reconnaisse notre importance?», demande Josée Gariépy, directrice du Centre du Plateau Laval. Une question qui résume bien les propos recueillis auprès des organismes qui nourrissent les résidents du Cœur-du-Québec dans le besoin.

«Des gens qui ont de la difficulté à se nourrir, il n’y en a pas juste en temps de pandémie. Il y en a tous les jours. On est sous-financé. En raison des salaires peu élevés, on a de la misère à recruter et à garder notre personnel. Si tu es essentiel, tu serais censé avoir le financement pour réaliser ta mission», ajoute Josée Gariépy tout en précisant que la pandémie a provoqué une hausse de clientèle.

«Avant mars, on donnait 45 paniers. On a toujours continué malgré que l’on n’ait plus sollicité les bénévoles. Ce sont les cinq employés du Centre qui s’en occupaient. La distribution s’est faite à l’extérieur. On n’a jamais refusé personne et on a investi dans nos paniers pour y ajouter des viandes. On a monté progressivement jusqu’à 70 aux Fêtes. La hausse s’explique par des travailleurs qui ont perdu leur emploi, qui ont attendu et attendu, et qui là, avaient vraiment besoin. Ce n’est pas toujours facile de demander de l’aide. Mais c’est parfois nécessaire: à une période exceptionnelle, ça se peut, avoir besoin exceptionnellement», explique la directrice de l’organisme qui dessert les résidents de Sainte-Angèle.

Du côté du Centre d’action bénévole de la MRC Bécancour, que ce soit pour la popote roulante ou le comptoir alimentaire, les demandes ont aussi fluctué. «En février 2020, 50 personnes se faisaient livrer un total de 300 repas. En juin 2020, c’était 93 personnes pour 650 repas. Présentement, nous en sommes à 66 personnes et 400 repas. Pour le comptoir alimentaire, on est passé de 30 à 53 familles. Actuellement, c’est 46 familles», précise Sonia Lauzon, une directrice générale fière de son équipe. «On est bien organisé et on est arrivé à se virer sur un dix cents».

Il demeure que les mesures sanitaires qui font en sorte que les livreurs ne peuvent plus entrer dans les maisons posent problème. «Avant mars, notre popote roulante du mercredi permettait, oui, de livrer des repas à des personnes âgées, mais c’était aussi un moyen de briser leur isolement. Nos bénévoles entraient dans les maisons. Ils prenaient le temps de jaser, il se créait des liens. Ils étaient, d’une certaine façon, des sentinelles pour voir si tout allait bien. Ce n’est plus possible de faire ça. Avec nos bénévoles âgées de plus 65 ans, c’est l’équipe de travail composé de sept personnes qui a pris la place. On n’a quand même jamais eu d’interruptions de service», rapporte Sonia Lauzon qui réfléchit à des moyens de recruter de plus jeunes bénévoles dans l’avenir.

Une hausse des demandes a également été constatée chez Entraide Bécancour. «Habituellement, on avait 50 ou 60 paniers. On a été jusqu’à 70. Ce qui a changé, c’est la clientèle. Historiquement, on avait une clientèle régulière de gens sur l’aide sociale. Ce qu’on a vu apparaître, c’est des personnes qui ont perdu leur job en raison de la pandémie. Des gens qui ont une maison et deux autos dans la cour et qui se retrouvaient du jour au lendemain sans revenu. Ce n’est pas tout le monde qui cadrait dans les programmes gouvernementaux. J’en ai reçu au dépannage qui n’avaient plus rien dans le frigo et qui avaient des enfants. Pour certains, ils ne connaissaient même pas l’organisme. Ce sont des voisins qui les ont informés», relate Serge Champagne, président du conseil d’administration de l’organisme.

Du côté de la Ludolettre à Saint-Léonard-d’Aston, il y a également eu des fluctuations. «Nous, on a une distribution de paniers à chaque deux semaines. On avait 32 personnes en moyenne. On couvre Saint-Léonard-d’Aston, Sainte-Eulalie, Saint-Wenceslas, Aston-Jonction, Saint-Célestin et Sainte-Perpétue. Avec la COVID, on est passé à 50 paniers. Maintenant, c’est baissé à 40», rapporte Julie Rochefort, intervenante communautaire à la Ludolettre, tout en précisant que malgré certaines difficultés, il n’a pas eu de rupture de service.

«On a sauté une semaine qui a été reprise par la suite pour repenser nos pratiques. Avant, on disposait les aliments sur les tables et les gens composaient leur panier sur place. Cependant, avec les mesures sanitaires, c’est nous qui préparons les paniers et qui les livrons. Également, au plus fort de la crise, on a eu beaucoup d’aide de bénévoles. On a eu jusqu’à 17 livreurs bénévoles. On a développé un nouveau partenariat avec l’épicerie Tradition. Elle nous donne ses surplus», explique-t-elle tout en souhaitant que l’aide alimentaire prenne une tendance vers l’autonomie pour ses bénéficiaires. «C’est plus dans nos valeurs éducatives de favoriser des initiatives comme des groupes d’achat ou des cuisines collectives».

Un propos qui trouve écho chez Serge Champagne d’Entraide Bécancour. «Nous demandons aux gouvernements de continuer à financer nos activités. On n’a pas juste l’aide alimentaire via les paniers, on veut aussi axer sur les cuisines collectives afin d’augmenter l’autonomie des gens», dit-il.