Aide alimentaire et COVID-19: nos organismes passent en mode adaptation

RÉGION. «On n’a pas eu d’augmentation d’appels. Par contre, on s’attend à ce qu’il y en ait prochainement avec toutes les coupures d’emplois et l’attente du chômage», projette Sonia Lauzon, directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) de la MRC de Bécancour.

Son organisme, comme tous les autres offrant des services d’aide alimentaire sur le territoire et ailleurs au Québec, est sur le qui-vive alors que la vie de milliers de gens est chamboulée en raison de la progression du fameux coronavirus (COVID-19). Ce redoutable ennemi, on ne le sait que trop bien, a forcé les gouvernements à adopter des mesures draconiennes de confinement et de distanciation sociale ayant mené à la fermeture temporaire de plusieurs commerces en tous genres. De l’aide viendra, mais au moment d’écrire ces lignes, on en ignore encore toute la teneur.

En attendant, nos organismes se préparent à soutenir ceux qui auront besoin d’eux dans les jours et les semaines à venir. Déjà, ils ont changé plusieurs façons de faire pour se conformer aux nouvelles exigences sanitaires. Par exemple, au Centre d’action bénévole de la MRC de Bécancour, la distribution de denrées du mardi se fait maintenant exclusivement sur rendez-vous, fixés à dix minutes d’intervalle, pour éviter que les gens se croisent.

Du côté de La Ressource aide alimentaire Nicolet et régions, les gens ne peuvent plus entrer dans les locaux. La distribution a lieu dehors. «On place la boîte de produits sur une table et les gens mettent eux-mêmes les denrées dans leurs sacs. On ne fait plus de manipulation», explique l’intervenante Sylvie Champagne, ajoutant qu’un service de livraison a aussi été instauré avec la collaboration exceptionnelle d’autres organismes du territoire. «Le bénévole sonne à la porte et met la boîte sur la galerie. Le bénéficiaire la vide lui-même.»

Besoin de ressources humaines et financières

La charge de travail pesant sur les équipes en place s’alourdira assurément, très prochainement, non seulement en raison de la hausse anticipée des demandes d’aide, mais aussi par manque de bénévoles. «Malheureusement, les nôtres ont tous plus de 70 ans, note Sonia Lauzon. On a dû leur dire de rester à la maison pour respecter les recommandations du gouvernement. Depuis, c’est l’équipe de travail qui assume entièrement la distribution alimentaire. On est sept.»

L’équipe a réussi à bien s’organiser la semaine dernière, mais espère trouver de l’aide rapidement, tant humaine que financière. D’ailleurs, pour accélérer l’arrivée de cette aide, elle s’est alliée aux autres organismes d’aide alimentaire de la MRC (Centre du Plateau Laval et Entraide Bécancour) et à d’autres partenaires (MRC de Bécancour, CIUSSS MCQ, CDC de la MRC de Bécancour et LaRue Bécancour) pour former une escouade qui tentera de pallier aux besoins alimentaires à venir.

«On est en train de regarder les solutions possibles pour que les gens vulnérables ne manquent pas de nourriture. On met des plans en place», explique Sonia Lauzon.

Dans un communiqué émis vendredi, la MRC de Bécancour a lancé un appel à la mobilisation à cet égard. «Nous cherchons des partenaires, des ressources humaines disponibles et, surtout, du financement. Nous avons besoin de l’aide de tout le monde», y soulignait le directeur général de la MRC de Bécancour, Daniel Béliveau, qui souhaite pouvoir annoncer dans les prochains jours ou semaines des mesures concrètes qui permettront de bonifier l’offre actuelle.

Le gouvernement du Québec ne reste pas insensible à la situation lui non plus. Samedi, le premier ministre François Legault a annoncé «une possible mesure financière» pour permettre aux organismes communautaires de remplacer leurs bénévoles de 70 ans et plus qui doivent être confinés à la maison par des personnes rémunérées. Il reste à voir quand et comment elle se matérialisera.

Une offre de denrées incertaine?

L’autre problématique anticipée se situe au niveau des réserves d’aliments. On craint qu’elles s’épuisent plus – voire trop – rapidement. «Les tablettes se vident. Les restaurants ferment et les épiceries modifient leurs heures d’ouverture, énumère Mme Lauzon. Or, ils sont nos principaux fournisseurs.»

Évidemment, on ne connaît pas encore l’impact de cette réalité en ce qui concerne la quantité de denrées qui continuera d’être acheminée aux banques alimentaires. «La seule chose qui est certaine, c’est que si l’approvisionnement diminue et que les demandes augmentent, chaque bénéficiaire aura une quantité moindre», se désole la directrice générale du CAB de la MRC de Bécancour.

«On se croise les doigts. [Une diminution] peut arriver du jour au lendemain. Mais pour le moment, la nourriture continue d’entrer en quantité normale», indique Sylvie Champagne.

Du côté de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec, qui approvisionne les organismes de chez nous, on suit attentivement l’évolution de la pandémie. Elle pourrait avoir un impact direct sur sa Grande Collecte du printemps, qui a lieu à la fin du mois d’avril dans plusieurs épiceries à travers le territoire. En date d’aujourd’hui, la décision de la maintenir ou de l’annuler n’était pas encore prise.

«Pour l’instant, nous sommes dans l’incertitude. On y va au jour le jour», mentionne Geneviève Marchand, responsable du financement et des communications au sein de l’organisme.

 

Aide alimentaire

-Pour obtenir des informations générales sur l’aide alimentaire: 819 371-7778 poste 1

-Pour de l’information sur l’aide alimentaire dans la MRC de Bécancour 1 866 441-0404

– Pour se joindre à l’escouade de la MRC de Bécancour: 819 298-3300 poste 226