LETTRE OUVERTE. Voici une lettre d’opinion partagée par Jérôme Gagnon de Nicolet. Prenez note que les propos qui sont tenus dans les lettres que nous recevons et diffusons n’engagent que l’auteur, et aucunement Le Courrier Sud.

Il y a cassure. 

Si nous sommes un peu soit tant lucides, il faut constater les dégâts. Cette pandémie qui perdure depuis deux ans fait mal sur tous les plans. Les bons côtés que l’on voyait de ce lointain début où on disait que le ralentissement généralisé et les moments passés en famille faisaient du bien, ont laissé leur place à la une colère, une tristesse et une méfiance inquiétante. 

Soyons réalistes, de toute cette pandémie, il n’y a pas de vérité absolue, il n’y a que des débats, des décisions appuyées par la science, mais aussi parfois, pour protéger la cohésion sociale. 

Si on peut avancer de manière unanime que tout le monde est fatigué et écœuré de cette situation (enfin, tout le monde est d’accord), la cassure est bien réelle.

D’abord, je suis un pro-vaccin, mais je suis aussi de ceux qui pensent que les mesures sanitaires ne sont pas parfaites.  

Parfois (souvent) incohérentes. 

Que le mur à mur n’est pas une solution viable. 

Qu’on ne peut pas gouverner en ayant seulement à l’esprit la capacité hospitalière.

Et que la gestion du risque doit s’adapter, au fil et à mesure que l’on connaît davantage le virus. 

Bref, mea culpa, je suis le premier à avoir utilisé le gros bon sens en me soustrayant à certaines mesures.

Nous avons beaucoup entendu les voix divergentes. 

La classe politique et la communauté scientifique, depuis 2 ans puis ces dernières semaines, davantage ceux qui sont contre les mesures sanitaires : soit le Parti conservateur du Québec qui n’a de programme que de rallier les gens fâchés des mesures, les partisans du mouvement  » convoi de la liberté « , pour ne nommer que celui-là.

Plus silencieux, il y a ceux, qui comme moi, se retrouve entre les deux. 

Silencieux parce que parfois, le silence est d’or et se taire est parfois une prise de position. 

Mais, il y a une limite. 

Lorsqu’on affirme parler en mon nom, encore faut-il que cela s’accorde avec mes convictions. 

Vous êtes fâchés, tout à fait légitime. 

Vous désirez manifester, tout à fait d’accord. 

Là s’arrête mon accord à ce que vous parliez en nom, pour  » la liberté du peuple « . 

Il y aura toujours des gens qui ont en horreur tout ce qui se rapporte à l’autorité et à l’État. Je le sais, on vous connaît depuis toujours, dès l’école primaire, votre position est d’être contre la majorité.  

Quand vous criez, que vous scandez :  » liberté « , au nom du peuple… c’est prétentieux, inapproprié et c’est manqué de respect au sens du mot. 

Vous en faites quoi de votre liberté? 

Vous allez prendre en otage des commerces et des familles, même si c’est fait de manière harmonieuse. 

Brûler 8 millions en diesel, libres pour l’environnement. 

Je ne crois pas au contrôle des médias pour nous faire peur. Lorsque vous me demandez de m’informer sur vos réseaux parallèles, vous confirmez que vous vous informez là où ça concorde avec vos ressentiments. 

Vous estimez que toute personne qui nous gouverne à un agenda caché. 

 Elle est là, la cassure. 

Il y a des valeurs qu’on ne peut mettre en berne pour préserver nos relations.   

Je suis un ardent défenseur de la démocratie, de nos systèmes parlementaires, de nos gouvernements et de l’administration publique. 

Je crois en un État fort, car je n’ai pas confiance en l’individu pour prendre soin du plus faible. 

 La pandémie fait mal, elle nous fait mal. 

Jamais assez pour me faire perdre le désir de défendre la démocratie et la bienveillance.

Au final, ce qu’il faut retenir, c’est que toute cassure peut être réparée.

Amour et espoir. 

Jérome Gagnon, Nicolet