Une équipe du tonnerre!

Jouer à cache-cache avec Cluzo, c’est perdre assurément! Mais il ne faut pas s’en désoler: ce labrador est justement entraîné pour nous trouver! Depuis un an, sa maîtresse, Marielle Langlois, peaufine patiemment sa formation pour une noble cause: la recherche et le sauvetage de personnes disparues.

Madame Langlois est retraitée du ministère de la Sécurité publique. « J’étais conseillère en sécurité civile. Notre rôle était d’accompagner les municipalités quand survenaient des événements comme des inondations, des glissements de terrains ou autres catastrophes naturelles. Quand il y avait des recherches et sauvetages à faire, on accompagnait les organismes bénévoles spécialisés là-dedans en collaboration avec la Sûreté du Québec. J’ai vu à l’œuvre à quelques reprises l’équipe canine d’Eurêka Recherche et Sauvetage. Ça m’a fascinée! Je trouvais que mettre le flair exceptionnel du chien à contribution pour retrouver une personne disparue était une belle mission. »

Le début de l’aventure

Voyant poindre la retraite, elle a acquis Cluzo avec l’intention de se lancer avec lui dans cette aventure. C’était il y a trois ans, juste avant la pandémie. « Mon projet a décalé dans le temps puisque Eurêka a dû suspendre ses activités. Il n’y avait pas d’entraînements. C’est pour ça que j’ai commencé seulement en août 2021. J’aurais aimé commencer beaucoup plus tôt; c’est plus facile quand le chien est tout jeune. »

Elle explique que pour maximiser la réussite du processus, le chien doit au préalable développer un lien très fort avec un jouet: « C’est sa récompense. Il sait que lorsqu’il vient nous signifier qu’il a trouvé la personne et qu’il nous mène à elle, il pourra jouer avec lui ».

Dans un monde idéal, ce lien est créé en bas âge. « Le jeune chien est porté à mordiller. On lui donne alors un jouet pour le satisfaire. Il s’y attache. Dans mon cas, quand j’ai eu Cluzo, j’avais un vieux chien qui le rappelait à l’ordre lorsqu’il mordillait le jouet. Cluzo n’a donc pas vraiment développé de lien fort avec un jouet. Cela fait en sorte que lors des entraînements, sa motivation est moins constante. »

Marielle Langlois travaille fort pour tenter de pallier cette lacune, qui rend les rappels plus complexes. Elle sait que son chien a les capacités requises pour joindre les rangs d’Eurêka Recherche et Sauvetage à ses côtés : « Il a énormément de facilité à trouver la victime même sur de bonnes distances, car il a un flair du tonnerre. Mais avant de passer les tests pour se faire accréditer comme équipe canine de recherche et sauvetage, je dois réussir à alimenter sa motivation dans toutes les étapes de recherche et l’aider à développer ce lien fort avec un jouet. Si je ne réussis pas, je vais oublier la perspective d’une accréditation, car pour la recevoir, il faut que tout soit impeccable. »

L’entraînement

Pour maximiser les chances de réussite, l’entraînement est crucial. Il y a quelques mois, elle a créé le groupe Facebook « Le Fun Club des victimes de Cluzo » afin de recruter des gens intéressés à jouer le rôle de victime à trouver. Une bonne douzaine de personnes ont levé la main. « Je fais des appels à tous quand je fais des entraînements. Ceux qui sont disponibles se joignent alors à nous. »

La plupart des entraînements se déroulent en forêt, dans le coin de Précieux-Sang. Certains ont aussi lieu dans l’entrepôt du Home Hardware de Gentilly, grâce à une entente négociée avec les propriétaires. « À cet endroit, on fait principalement de la recherche d’odeurs humaines. J’y cache des vêtements de différentes personnes (autres que les miens), et il doit les trouver. On pratique beaucoup les rappels. »

Chaque période d’entraînement n’est jamais très longue, car « c’est très exigeant pour le chien », souligne Mme Langlois, et ce, « particulièrement dans des conditions de forte humidité et de chaleur » comme on en a connu à plusieurs reprises cet été : « Les odeurs restent au sol. À ce moment, Cluzo fait du pistage le museau au sol. Autrement, il travaille au flair. Il s’avance près du boisé et lorsqu’il sent le couloir d’odeur de la personne, il rentre dans le bois et la trouve. C’est fascinant de le voir aller ».

Les fins de semaine, l’entraînement a généralement lieu avec d’autres équipes canines potentielles d’Eurêka. « Mes entraînements me permettent de rencontrer des gens formidables. C’est vraiment plaisant. On est dehors, on marche… C’est une activité qui comporte plein de vertus! »

L’accréditation

C’est cet automne que Marielle Langlois envisage de tenter sa chance en vue d’obtenir l’accréditation souhaitée. « Si ça ne fonctionne pas, je serai déçue, mais je ne m’acharnerai pas. J’aurai essayé. »

Si elle ne peut faire équipe avec Cluzo, elle prévoit tout de même demeurer active au sein d’Eurêka Recherche et Sauvetage : « L’organisation n’a pas que des équipes canines. Elle fait aussi de la recherche au sol avec des personnes formées et accréditées. Je prévois d’ailleurs obtenir mon accréditation à cet effet bientôt, car je dois nécessairement l’avoir en poche pour former une équipe canine ».

Dans cette optique, elle suit diverses formations: manipulation de GPS et de boussole (« Il faut être capable de se débrouiller en forêt »), RCR, sauvetage, caractérisation des personnes disparues, etc. Ce sont des formations récurrentes. Cela permet aux participants de garder l’information toute fraîche dans leur esprit. « Quand on fait de la recherche et sauvetage, ça doit devenir intégré comme une seconde nature », exprime Mme Langlois. 

Ainsi, une fois l’accréditation obtenue, l’entraînement et les formations se poursuivent. « On ne s’assoit pas sur nos lauriers. On se perfectionne et on se met à jour constamment. » 

Bref, l’automne sera un moment charnière pour Marielle Langlois et Cluzo. Qu’ils soient accrédités « équipe canine » ou pas, une chose est certaine: ils conserveront tous les deux un lien très fort…