Un logo unique pour identifier les entreprises des Premières Nations

WÔLINAK/ODANAK.  Depuis cet été, un nouvel outil est à la disposition des entreprises des Premières Nations afin, notamment, de favoriser leur développement économique. À ce jour, ce sont 12 entreprises ou individus associés aux communautés d’Odanak et de Wôlinak qui se sont inscrits afin d’utiliser un logo d’Ours tout à fait unique.

Le logo de l’Ours a été lancé en novembre 2021 dans le cadre du Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec, mais ce n’est que depuis juin dernier que les entreprises et entrepreneurs peuvent s’inscrire afin de l’utiliser sur leurs produits ou encore leur site web, entre autres. Il s’agit d’un tout premier outil créé et géré par les Premières Nations, et non par une institution externe, ce qui représente beaucoup pour l’autodétermination des Premières Nations.

Ce logo permet aux entreprises et entrepreneurs des Premières Nations, en plus de se rendre visibles en développement économique et d’affirmer fièrement son identité autochtone, de lutter contre l’appropriation culturelle.

« Ça faisait plusieurs années qu’on nous parlait de l’appropriation culturelle comme étant un élément irritant dans le développement économique », explique Emmanuel Bertrand-Gauvin, conseiller en entrepreneuriat féminin pour la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador.

« Par exemple, certaines boutiques offrent des produits d’artisanat autochtone, mais dans les faits, ni le commerçant, ni le fabriquant, ni qui que ce soit impliqué là-dedans n’est autochtone. Aux yeux de la Commission de développement économique des Premières Nations, c’est un peu indécent comme situation. Utiliser l’identité autochtone pour se faire de l’argent sans impliquer les autochtones, ça ne se peut plus, en 2022! », déplore M. Bertrand-Gauvin.

Le logo permet également de rassurer et de protéger les entreprises existantes et à venir. C’est ce qu’a constaté la Commission alors qu’elle œuvrait à la valorisation de l’apport économique des femmes, particulièrement dans la cueillette de petits fruits et de leur transformation. Les femmes autochtones craignent de voir leurs recettes traditionnelles récupérées par des non-autochtones, comme cela s’est déjà vu par le passé, les empêchant ainsi de contribuer à la santé économique des Premières Nations.

Un geste de réconciliation

Le répertoire des entreprises de la Commission compte plus de 1200 entreprises autochtones au Québec seulement. Pour l’instant, environ 200 entreprises des Premières Nations se sont inscrites afin d’afficher le logo de l’Ours, sans limites territoriales.

Alors que la Commission planche actuellement à faire connaitre l’initiative auprès des communautés autochtones, M. Bertrand-Gauvin croit que dès 2023, les efforts pourront être déployés afin de la faire connaitre auprès des Allochtones également. D’ailleurs, le logo se veut une option simple de geste de réconciliation. Les non-autochtones peuvent dorénavant poser des gestes simples pour soutenir la réconciliation en faisant des affaires avec les entreprises identifiées par l’Ours.

« Des entreprises inscrites ont déjà commencé à afficher le logo. On ne savait pas trop comment ça allait être accueilli, mais franchement, ça dépasse toutes nos attentes comme réception. Les gens s’inscrivent et le lendemain ou le surlendemain, ils affichent le logo en ligne et sur Facebook », se réjouit M. Bertrand-Gauvin.  

Le logo de l’Ours a été créé par un artiste algonquin, Frank Polson. Il représente les valeurs partagées de courage, de respect et de protection qui ont été transmises de génération en génération à travers toutes les Premières Nations.