Du tourisme nouveau genre à Notre-Dame-de-Pierreville

PIERREVILLE. Dès l’été prochain, les touristes pourront dormir dans un bateau à Notre-Dame-de-Pierreville. Les cyclistes et passants pourront quant à eux faire une halte sur une nouvelle terrasse surplombant la rivière Saint-François. Et d’ici là, un loft avec vue panoramique fera le bonheur de locataires à court terme, tout comme le fait déjà, depuis juin dernier, une petite maison située sur le site d’un vaste projet touristique piloté par Mario Tourigny et sa conjointe, Carmen Hébert.

Ces résidents de Saint-Valère ont acquis à l’automne 2019 le site de l’entreprise Dragage St-Maurice Ltée, inoccupé depuis quelques années. Il s’agit d’un terrain d’environ 65 000 pieds carrés comptant quatre bâtiments: un grand hangar, un garage, une petite maison qui servait de bureau administratif, de même qu’un ancien wheelhouse de bateau (timonerie). Un long quai, un vaste espace de stationnement et une vieille rampe de mise à l’eau complètent le portrait.

Le Roxane D sera bientôt de retour à Notre-Dame-de-Pierreville.

Dans les prochains jours, sinon les prochaines semaines, un vieux bateau de 60 pieds de long et de 16 pieds de large viendra se greffer au site. Certains résidents de Notre-Dame-de-Pierreville le reconnaîtront d’ailleurs, puisqu’il a déjà fait partie du paysage par le passé. On parle ici du petit remorqueur <@Ri>Roxane D<@$p>, construit en 1945 et ayant été en fonction durant quelques années dans la région des Grands Lacs, avant d’aboutir dans la région de Pierreville dans les années 1990. On l’utilisait principalement pour draguer le fleuve St-Laurent.

Le couple est sur le point d’en faire l’acquisition officielle. Au moment d’écrire ces lignes, il ne restait que les signatures à apposer sur les papiers avant la livraison. Une fois que le bateau arrivera chez ses nouveaux propriétaires, ceux-ci en rafraîchiront l’intérieur afin qu’il soit des plus accueillants pour les futurs visiteurs.

Un site riche d’histoire

Mario Tourigny et Carmen Hébert lorgnaient le site depuis un certain temps déjà. Propriétaires d’un chalet à Notre-Dame-de-Pierreville depuis quelques années, ils passaient fréquemment devant les lieux et en appréciaient toute la splendeur. Ainsi, dès que la pancarte «À vendre» a fait son apparition, ils se sont empressés de faire une offre d’achat. «Ça faisait trois ans que j’appelais à chaque année pour voir si c’était à vendre!», s’exclame Mario Tourigny.

«À la base, on cherchait un endroit où entreposer notre bateau. Finalement, le site offrait beaucoup plus que ce qu’on pensait», ajoute Carmen Hébert.

En effet, la vente incluait non seulement le terrain en bordure de l’eau, mais aussi le bureau administratif situé de l’autre côté de la rue… et tous ses trésors! «Quand on est entré, on a eu l’impression de faire un retour dans temps, un peu comme dans un film! Tout était resté intact. Le calendrier au mur affichait « octobre 2006 ». L’ancien système informatique était encore là, avec ses vieilles disquettes. Les classeurs étaient encore pleins de documents. Rien n’avait bougé. C’était impressionnant de voir ça!», relate M. Tourigny.

Des cartes, des plans, des contrats, des soumissions ainsi que divers équipements avaient aussi été laissés sur place. Le couple a l’intention de récupérer certains documents et articles pour exposition. Une partie du reste sera possiblement acheminée vers des centres d’archives. «Il y a un gros ménage à faire», admet M. Tourigny, précisant qu’un ethnologue spécialisé en histoire maritime viendra prendre connaissance du matériel disponible.

«Il y a de l’histoire, sur ce site-là!», poursuit-il, les yeux brillants. Et on doit lui donner raison. Dragage St-Maurice y a été actif durant une quarantaine d’années. Sans compter que c’est possiblement au même endroit qu’a été érigé, en 1687, le Fort Crevier (à l’origine appelé Fort Saint-François), comme le rappelle une plaque commémorative installée juste devant l’extrémité du terrain. Ce fort, rappelons-le, visait à protéger les Français contre les attaques iroquoises encouragées par les Anglais au début de la colonie…

Partenariat?

Le couple a la ferme intention de mettre en valeur le riche passé du site dans ses actions futures. Par exemple, il entrevoit déjà la mise en place de panneaux d’interprétation, dont le contenu pourra être tiré des documents trouvés. Il aimerait d’ailleurs collaborer avec la municipalité de Pierreville pour certains aspects de cette mise en valeur.

«On a une belle relation avec notre conseiller municipal Steeve Desmarais. Il faudra voir [avec le conseil] quelles pourraient être les possibilités», mentionne M. Tourigny.

De son côté, le maire de Pierreville, Éric Descheneaux, se dit ouvert à étudier, avec son conseil, tout projet qui pourrait être soumis par le couple. «On va en prendre connaissance et voir ce qu’on peut faire en vertu des lois municipales», assure-t-il, ajoutant toutefois que la municipalité ne peut pas s’engager à quoi que soit avant d’avoir un projet concret sur la table.

 

BON À SAVOIR

La municipalité de Pierreville avait évalué la possibilité d’acquérir le site en 2018 pour redonner accès à la rivière aux citoyens en y aménageant un parc doté d’une pergola et de tables à pique-nique. Par contre, des études ont révélé que le terrain était contaminé. «Une municipalité qui acquiert un terrain doit le décontaminer. Ici, les coûts étaient très élevés», explique le maire Éric Descheneaux. Puis, le terrain a été vendu à Mario Tourigny. «Lui n’est pas obligé de le décontaminer», précise le maire.

Mario Tourigny confirme avoir en main un rapport faisant état de traces de contaminants. Les coûts pour les éliminer s’élèveraient à 16 000$ ou 17 000$, affirme-t-il. Pour le moment, il n’a pas l’obligation légale de procéder à cette opération pour les fins de son projet. Mais il n’hésitera pas à aller de l’avant si cela s’avère nécessaire un jour: «Ce n’est pas grand-chose (17 000$) pour un terrain de cette grandeur», fait-il valoir, ajoutant que des subventions sont disponibles lorsqu’il est question de réhabiliter un terrain, autant pour les propriétaires privés que les municipalités (jusqu’à la hauteur de 70%, si l’on se fie au contenu programme ClimatSol-Plus du gouvernement du Québec).