Récupérer, consigner… et souder!

FORTIERVILLE. Il y a déjà quelque temps que Soudure Camille Castonguay récupère des pieux battus coupés sur les chantiers de construction afin de leur redonner une deuxième vie : « On les ressoude et ils sont retournés sur les chantiers pour être replantés ». C’était avant même que l’expression « économie circulaire » soit popularisée…

L’économie circulaire, c’est un modèle d’économie favorisant la récupération de matières qui, pour une entreprise, sont un rebut, mais pour une autre, une ressource. Aujourd’hui, l’entreprise de -Fortierville pousse encore plus loin la chose : et si ses propres rebuts servaient à d’autres entreprises ou institutions ?

Soudure Camille Castonguay se spécialise dans la fabrication de métaux ouvrés et de structures d’acier généralement destinés à de grands chantiers routiers un peu partout au-Québec. Elle fabrique aussi des ouvrages architecturaux et ornementaux. Des retailles d’acier, elle en a de tous les styles et de toutes les formes…

Depuis toujours, elle les envoie chez le ferrailleur ; c’est la solution la plus simple pour s’en départir. Mais depuis quelques mois, elle cherche d’autres avenues, convaincue que ces retailles pourraient faire le bonheur de quelqu’un, quelque part. Elle en a d’ailleurs trouvé une prometteuse : se mailler avec des écoles de métier offrant le cours de soudage. « Elles peuvent se servir de ces matériaux-là comme échantillons pour se pratiquer. On leur vend meilleur marché que si elles se procuraient du neuf, et de notre côté, on obtient un peu plus que ce qu’on aurait pour le recyclage. Tout le monde y trouve son compte », indique Damien Adam, copropriétaire de l’entreprise.

L’école de soudage du Centre de formation professionnelle André-Morissette de Plessisville est la première à avoir adhéré à la formule. « Elle nous en commande de temps en temps. On lui envoie des photos de ce que nous avons et elle nous dit ce qui l’intéresse. »

L’idée de pousser plus loin l’économie circulaire est issue de la participation de l’entreprise à la démarche ProAction de la SADC de Nicolet-Bécancour. Ce service d’accompagnement en développement durable est offert aux entreprises du territoire depuis 2017. Il les aide à adopter des pratiques d’affaires écoresponsables et à améliorer leur performance environnementale, sociale et économique. Soudure Camille Castonguay a participé à la démarche de la fin de 2020 au début de 2022. Elle lui a permis de sensibiliser ses travailleurs à l’écoresponsabilité en mettant en place diverses mesures de récupération et de bonifier son réseau de contacts.

« Une firme externe a été mandatée par la SADC pour faire le maillage entre nous et les écoles de métiers un peu partout dans la province. C’est encore en cours. La grande contrainte, pour le moment, c’est que [la plupart sont régies] par des Centres de services scolaire et qu’elles doivent passer par des acheteurs et des appels d’offres pour se procurer du matériel », souligne M. Adam, qui entend cependant persévérer dans cette voie : « Même si on est conscient du cadre rigide des Centres de services scolaire, on poursuit les approches, car cela nous permet de nous faire des contacts avec des gens des départements de soudure. Ça peut faciliter le recrutement d’employés ou de stagiaires », poursuit M. Adam.

Il admet qu’avec cette nouvelle offre, son entreprise sort des sentiers battus : « On avance un peu à tâtons, mais on crée des liens durables. On veut vraiment faire un effort pour donner une deuxième vie à notre acier et devenir un leader en la matière. »

Gestion des matières recyclables

En plus de bonifier son volet « économie circulaire », Soudure Camille Castonguay a entrepris un virage durable en déployant certaines mesures à l’interne.

« La mesure phare est la gestion des déchets et des matières recyclables », indique Damien Adam. L’entreprise a en effet instauré le triage des différentes matières dans les salles de lunch et la salle des employés pour éviter que tout soit systématiquement envoyé dans les conteneurs à déchet. « Maintenant, c’est plus facile de rediriger chaque chose à la bonne place. »

Une attention particulière a été accordée à tout ce qui est consigné. « On remet les bouteilles et les cannettes consignées à un organisme communautaire du village, La Clef de la galerie, pour aider à son financement », souligne M. Adam.

L’entreprise est fière de s’être lancée dans cette démarche en développement durable : « C’est de l’ouvrage sur le coup, et le résultat n’est pas nécessairement quantifiable tout de suite, mais à long terme, je pense que ce sera bon en général », commente Damien Adam, rappelant l’importance d’oser foncer lorsqu’on est en affaires : «-Essayer de nouvelles choses, c’est parfois déstabilisant, mais c’est nécessaire pour arriver à avancer. Quand on fait toujours la même chose en obtenir avoir un résultat différent, ça ne fonctionne pas, comme dirait Einstein », termine-t-il.

Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne Nicolet-Bécancour résolument durable, initiée par la SADC de Nicolet-Bécancour en collaboration avec la Fondation Alcoa. Cette campagne vise à mettre en lumière les entreprises du territoire qui mettent en place des actions de développement durable.