L’île Moras comme produit d’appel?

NICOLET-YAMASKA. Le dossier de l’île Moras est plus actif que jamais à Nicolet. On le sait, la Ville tente depuis des années de se réapproprier les lieux, qui appartiennent à la Défense nationale. Or, c’est maintenant la MRC de Nicolet-Yamaska au grand complet qui se rallie au dossier dans l’espoir de faire avancer les choses…

Les élus du territoire y voient un produit d’appel au potentiel énorme, eux qui sont à bâtir l’avenir du tourisme dans la MRC. «C’est devenu notre projet rassembleur», se réjouit la préfète de Nicolet-Yamaska, Geneviève Dubois, qui est également mairesse de Nicolet.

Dans ce projet maintenant régional, l’île Moras deviendrait un parc écologique; une vocation jugée toute naturelle par les élus étant donné que l’endroit est situé dans la Réserve mondiale de la biosphère du lac Saint-Pierre. Ils aimeraient que l’île devienne accessible à l’année. Selon eux, elle pourrait même être transformée en parc national ou en parc de la SÉPAQ.

«Tout le monde y voit une plus-value pour la région. L’île serait au cœur de notre développement touristique. Des circuits au départ de partout dans la MRC pourraient mener à cet endroit. Ce serait un incitatif pour que les touristes restent une journée de plus chez nous», rêve à voix haute Mme Dubois, bien déterminée à ce que le dossier chemine.

«À Nicolet, on est en train de développer quelque chose d’intéressant [sur le plan touristique] avec la passerelle, le quai et le centre d’interprétation écomaritime. L’île Moras est un prolongement naturel de ce développement et pourrait profiter à chacune des municipalités de la MRC», poursuit Mme Dubois.

Dans un monde idéal, dit-elle, le dossier serait réglé pour le 350e anniversaire de la Ville de Nicolet en 2022. «Idéalement, il y aurait à ce moment un dévoilement quelconque, une coupure de ruban, sinon une confirmation de l’intention réelle [du gouvernement fédéral de céder l’île].»

Un souhait que Mme Dubois a d’ailleurs partagé publiquement au ministre fédéral de l’Infrastructure François-Philippe Champagne, le 24 octobre 2019, alors qu’il était à Nicolet pour confirmer la cession du quai du Port-Saint-François à la Ville en 2020.

Évidemment, les démarches de représentation politique se sont poursuivies depuis. Pour sa part, la MRC confirme avoir parlé récemment du dossier au ministre régional André Lamontagne, qui rencontrera prochainement Pablo Rodriguez, le leader du gouvernement à la Chambre des communes. Elle mène aussi des démarches administratives en parallèle.

«Prochainement, nous allons rencontrer des représentants de certains ministères au fédéral, fait savoir Michel Côté, directeur général de la MRC. Nous voulons voir quelles sont les étapes à suivre pour faire cheminer le dossier dans l’appareil gouvernemental. C’est complexe puisque ça implique Patrimoine Canada, la Défense nationale, l’Environnement et la Faune.»

Il rappelle également que divers enjeux entourent l’éventuelle cession et utilisation de l’île Moras, notamment au niveau de la contamination et des risques qui y sont associés. L’endroit, rappelons-le, a longtemps été utilisé comme centre d’expertise par la Défense nationale.

Optimistes

Chose certaine, l’optimisme règne dans ce dossier somme toute complexe. «Personne ne nous a dit d’oublier ça parce que ça ne marchera pas. On nous a seulement mentionné que ça pouvait être long», souligne Geneviève Dubois.

«C’est un projet sur un certain temps, mais on suivra toutes les étapes nécessaires», assure pour sa part Michel Côté. «On établira nos éléments de vision et ensuite, on s’ajustera.»

Dans un contexte où l’écotourisme, l’agrotourisme et le cyclotourisme sont dans la mire des élus de Nicolet-Yamaska, il est clair qu’un point d’intérêt d’envergure tel que le parc écologique projeté faciliterait grandement le développement de ces créneaux. «On est bien conscient qu’il y a beaucoup de travail à faire pour concrétiser tout ça. En contrepartie, on est convaincu que ça changera le visage de la MRC», conclut M. Côté.