Le Moulin Michel aspire à devenir l’Espace bleu du Centre-du-Québec

BÉCANCOUR. Le directeur général du Moulin Michel de Gentilly, Philippe Dumas, s’est presque pincé lorsque le gouvernement provincial a annoncé, en juin 2021, la création des Espaces bleus, c’est-à-dire un réseau de lieux culturels et patrimoniaux visant à valoriser l’histoire et les héros de chacune des régions du Québec. Il y a vu une opportunité en or d’assurer la pérennité de son établissement.

La description du réseau collait étonnamment bien à la réalité et au plan de développement du Moulin. « Le projet d’Espaces bleus utilisait le même vocabulaire que le nôtre!, s’exclame Philippe Dumas. On a fait un plus un. »

Sur son site web, le Gouvernement du Québec décrit les Espaces bleus comme un réseau qui « permettra de préserver notre patrimoine bâti » et de veiller à « la promotion et la transmission de notre héritage culturel ». Dans sa vision, « chacun des Espaces bleus comportera une exposition permanente sur la région, ses personnalités inspirantes, ses événements marquants et ses éléments caractéristiques qui la rendent unique; une exposition temporaire; une salle multifonctionnelle consacrée à la diffusion culturelle et artistique; et un comptoir alimentaire offrant des produits de la gastronomie locale. »

Or, le Moulin Michel est agréé comme institution muséale et travaille justement à mettre en place une exposition permanente. Il dispose d’un lieu de diffusion, et avec sa crêperie, son café et sa boutique, il met en valeur les produits locaux. « On est comme un embryon d’Espace bleu! », fait remarquer M. Dumas, qui souligne aussi à grands traits le fait que le Moulin est « un morceau de patrimoine en soi » et qu' »il a besoin de financement pour survivre ». 

Comme il n’y aura qu’un seul Espace bleu par région, le directeur général du Moulin espère réussir à mobiliser l’ensemble du Centre-du-Québec pour qu’il soit implanté à Gentilly, sur le site du Moulin Michel. « On a fait une grande réflexion et on trouve ça logique. Par exemple, on est le seul moulin classé au Centre-du-Québec. On a une mission régionale et on rayonne aussi à l’échelle nationale, entre autres grâce à nos événements comme Meunier, tu fêtes et le Blues & Gin, dont le tiers des participants provient de l’extérieur », argue-t-il. 

Déjà, des appuis ont été donnés à la candidature du Moulin Michel, notamment de la part de la Ville de Bécancour, propriétaire du Moulin, et de la MRC de Bécancour. D’autres appuis sont à venir, indique M. Dumas: « Je ne serais pas surpris que d’autres MRC emboîtent le pas », avance-t-il. 

Évidemment, rien n’est encore gagné. Le projet pourrait très bien se concrétiser ailleurs dans la région. Néanmoins, Philippe Dumas demeure convaincu que le Moulin Michel est l’endroit idéal pour accueillir un Espace bleu : « Un écosystème est déjà en place ici. On ne viendrait pas créer un nouveau joueur [dans l’industrie touristique et culturelle], mais bien en consolider un déjà en place ». 

Depuis l’annonce de la création du réseau, le gouvernement a officialisé trois projets, à Québec, Amos et Gaspé. Le réseau prend forme, même s’il fait grincer des dents l’opposition officielle et certains directeurs généraux de musées, dont Christian Marcotte du Musée des cultures du monde, à Nicolet. On se rappelle que dans les jours suivant l’annonce, il avait pris parole publiquement. Il disait comprendre la volonté du gouvernement de sauver des bâtiments patrimoniaux, mais doutait de la pertinence d’y créer de nouveaux musées : « Pourquoi ne pas consolider ceux déjà existants, en mal de financement? », avait-il indiqué au Devoir, notamment.

En choisissant le Moulin Michel, Québec répondrait à cette demande, estime Philippe Dumas, qui travaille sur tous les fronts pour convaincre les organismes et fonctionnaires de la pertinence de ce choix. Il leur demande de considérer le fait que la MRC de Bécancour est la seule MRC du Centre-du-Québec à ne pas avoir de lieu professionnel de diffusion. Il leur fait aussi comprendre qu’avec l’arrivée de la filière batterie au Parc industriel et portuaire de Bécancour et le déploiement de la future Zone d’innovation, « il faut vraiment développer un milieu de vie intéressant » sur le territoire de Bécancour. L’implantation d’un Espace bleu à Gentilly est, selon lui, tout à fait cohérente avec cette vision. « On est prêt [à l’accueillir] », termine M. Dumas.