La persévérance scolaire, ça s’apprend en plein air

SAINT-CÉLESTIN. Les Journées de la persévérance scolaire (JPS), cela se passe également au centre Le Grand Chemin Mauricie/Centre-du-Québec, situé à Saint-Célestin. La journée du vendredi a été réservée pour une sortie plein air durant laquelle les sept jeunes hébergés au centre ont été invités à se dépasser et, bien entendu, à persévérer.

Karine Benoît, enseignante à l’école secondaire Jean-Nicolet (classe Grand Chemin), avait toute une programmation pour ses élèves pour les JPS. Elle a souhaité conclure la semaine avec une activité en collaboration avec le programme d’Intervention en contexte de nature et d’aventure (INA). Cette activité a permis de favoriser l’entraide, la communication et le leadership.

Au programme: expédition en raquettes et construction de quinzhees. Tout a été planifié de A à Z. Les objectifs sont clairs et ont été savamment réfléchis pour provoquer des émotions ou des comportements spécifiques chez les jeunes.

«On a créé des activités expérientielles qui favorisent le concept de persévérance scolaire. Tout d’abord, les jeunes se sont familiarisés avec leur environnement en faisant une randonnée durant laquelle ils ont reçu différents handicaps: certains étaient sourds, certains étaient aveugles», explique Jessica Bourbonnière, coordonnatrice – Intervention en contexte de nature et d’aventure (INA).

La seconde activité était la construction de quinzhees, soit des amas de neige compactés dans lesquels on creuse un trou pour en faire un habitacle. «C’est une activité qui demande beaucoup de persévérance, parce que ça demande beaucoup de pelletage!», lance Mme Bourbonnière. Il s’agissait d’un véritable défi pour les jeunes qui ont de la difficulté à faire longtemps la même tâche et à mettre de l’effort soutenu. «Le but, c’était de leur faire faire un bon deux ou trois heures de pelletage!», ajoute la coordonnatrice.

«La première activité en était une de groupe pour provoquer l’entraide, alors que la seconde stimulait plutôt les ressources internes nécessaires à maintenir la motivation», poursuit-elle.

C’était l’occasion d’observer comment les jeunes vont chercher des solutions pour progresser vers leur objectif. Qui demandera de l’aide? Qui saura développer des stratégies?

Même s’il s’agissait d’activités qui semblent simples à première vue, les jeunes sont dans un contexte qui les sort de leur zone de confort, car ils sont confrontés à un effort physique soutenu, au froid, à l’humidité ou à l’absence de commodités. En effet, ils ont également participé à la conception de latrines!

Ainsi, Jessica Bourbonnière explique que le concept est de faire vivre aux participants des expériences concrètes et d’ensuite faire le pont avec les éléments liés à la persévérance scolaire. «On part d’un objectif qui peut parfois être abstrait pour un adolescent qui a besoin de concret pour le comprendre», dit-elle.

Jessica Bourbonnière rappelle également que le naturel ressort dans une activité hors des murs du centre, ce qui permet à Karine Benoît d’observer les défis auxquels chacun des jeunes est confronté, mais surtout quelles sont leurs forces. «Je trouve que c’est l’atout de l’INA, parce que le programme permet de constater les forces que les jeunes possèdent déjà et sur lesquelles ils peuvent bâtir. Souvent, on connait bien les problèmes, mais on ne connait pas nos forces, celles qui nous permettent justement de persévérer», insiste-t-elle.

«J’espère qu’ils sont sortis de là avec plein d’images en tête sur ce qu’ils ont été capables d’accomplir, et ensuite je pourrai les aider à trouver les forces qui peuvent être transférées dans leur vie scolaire», affirme Karine Benoît.

La mission des centres Le Grand Chemin

Le Grand Chemin est un organisme sans but lucratif dont les services gratuits s’adressent aux adolescents de 12 à 17 ans qui ont développé ou sont en voie de développer une problématique de toxicomanie, d’alcoolisme, de jeu excessif ou de cyberdépendance. Le programme des centres Le Grand Chemin est d’une durée de huit à dix semaines en hébergement et de quatre mois de suivi en réinsertion sociale.

Cette année, la Fondation médicale Jean-Pierre Despins a fait un don de 5000 $ pour permettre au centre d’organiser des activités basées sur l’INA. Ce don a permis de faire, jusqu’à présent, huit activités pour les différents groupes, dont une expédition au mont Ham.

David Laplante, directeur général des centres Le Grand Chemin, rappelle l’importance de l’INA: «En plein air, devant un défi, on voit les jeunes sous leur vrai jour. L’INA amène beaucoup de concret à la thérapie, ce qui n’est parfois pas évident entre quatre murs. Pendant ces activités, ils peuvent appliquer ce qu’ils ont appris et la chute risque d’être moins haute à la sortie du centre, au bout des 8 semaines. C’est un peu pour atténuer le passage de l’interne à la réinsertion sociale».

Julien* est en réinsertion sociale depuis le 30 décembre dernier. Il a eu l’occasion de participer à plusieurs activités de l’INA. Sa présence à l’activité du 19 février a été l’occasion pour lui de partager ses apprentissages avec ses pairs qui vivent ce qui lui a vécu peu de temps auparavant, et de les encourager.

Pour lui, il est certain que l’INA l’a beaucoup aidé. «C’est vraiment le fun! Quand on se retrouve à l’extérieur dans des activités de l’INA, c’est le moment de lâcher son fou, d’avoir du plaisir et de se retrouver dans la nature. Après une activité de l’INA, j’étais également beaucoup plus détendu pour la suite de la thérapie», témoigne-t-il.

La grande prise de conscience de Julien s’est faite lors de l’ascension d’une montagne. «Je suis vapoteur, et en montagne c’était difficile sur les poumons et sur les jambes. Je me suis rendu compte que je n’étais pas en santé comme je pensais», avoue-t-il. Il a d’ailleurs considérablement réduit sa consommation de nicotine depuis.

*Nom fictif