La logique environnementale fait foi de tout

SAINTE-MARIE–DE-BLANDFORD. L’amour des végétaux a mené -Serge -Fortier à s’orienter en horticulture. Il l’a aussi conduit, après quelques années de pratique…à fermer son centre jardin !

« Je me suis aperçu au fil du temps que la manière dont l’horticulture évoluait ne respectait pas la nature, et ce, même s’il y avait une petite vague de produits écologiques. Les engrais naturels et le compost prenaient de l’ampleur mais pour moi, ce n’était pas assez. Je constatais qu’il y avait des méthodes discordantes sur le plan environnemental », explique M. Fortier.

Il donne comme exemple le fait de placer des toiles géotextiles autour des plantes « pour soi-disant contrôler les mauvaises herbes », avant d’y ajouter de petites pierres blanches décoratives. « Une fois la toile placée, où est-ce qu’on ajoute le compost ? », questionne-t-il, avant de faire remarquer que malgré la présence de la toile, « la mauvaise herbe s’installe pareil » après quelque temps, Dame Nature faisant son œuvre…

« Par le passé, j’ai fait des aménagements du genre pour certains clients. Mais je le faisais avec le sentiment que je ne réalisais pas quelque chose de durable. Je savais qu’à un moment donné, il y aurait du trouble. Je me suis mis à réfléchir sur ce qui pourrait être fait autrement et mieux, et sur comment faire, aussi, pour consommer moins de produits. »

Dans la foulée, il a commencé à explorer et à expérimenter diverses pratiques sur son terrain. À force de s’y intéresser, il a compris certaines lois de la nature et développé des trucs et astuces pour travailler en harmonie avec elles. « Dans la nature, les plantes n’ont pas besoin de produits pour être en santé. Quand quelqu’un venait en acheter dans mon centre jardin, c’était parce qu’il avait un problème à gérer. On discutait de ce problème et je lui partageais mes trucs pour le régler à la source. Bref, je lui expliquais comment ne rien acheter chez nous ! »

Par la force des choses, il a décidé de se réorienter comme consultant et conférencier. En 2003, il a fermé son centre jardin, basé à Sainte-Marie-de-Blandford, pour le convertir en laboratoire à ciel ouvert. Il a appris à transformer et à valoriser efficacement les ressources : pelouse, feuilles mortes, mauvaises herbes, etc. « Aujourd’hui, je suis capable de valoriser mes matières organiques à 100 % », partage-t-il fièrement. « Ça ne me coûte plus rien, jardiner. »

Observer, expérimenter, comprendre et agir

Tout est une question de logique. Et quand elle est respectée, tout devient facile. « Il n’y a plus de gaspillage de ressources, ni de perte d’argent et de temps. On fait d’une pierre plusieurs coups », affirme M. Fortier.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait le chimiste et philosophe français Antoine Lavoisier. Sa maxime s’applique tout aussi bien au jardinage. « C’est le processus de consommation circulaire », nomme Serge Fortier. « Tout se transforme tout le temps sans jamais générer de déchets. Et dans ce processus, tous les êtres vivants (vers, insectes, etc.) sont utiles. Si on les élimine, on crée un déséquilibre. »

Alors pourquoi se battre constamment contre la nature ? Il suffit d’en comprendre le fonctionnement pour obtenir des résultats efficaces et durables. Il y a déjà une bonne vingtaine d’années que Serge Fortier porte ce message à travers ses conférences. Tranquillement mais sûrement, l’idée fraie son chemin dans la conscience collective.

« La conscience des gens change. Il y a une plus grande ouverture d’esprit. On entend davantage parler du changement climatique et de l’importance de protéger l’environnement. Beaucoup de gens sont prêts à changer mais ils ne savent pas comment. Ils sont à la recherche de solutions. »

Et des solutions, Serge Fortier en propose plein. « La gestion à la source, ce n’est pas que le composteur noir », exprime-t-il. Le feuillicyclage, le paillage adéquat, le vermicompostage, l’utilisation de toiles opaques pour valoriser les mauvaises herbes et l’utilisation d’un biodigesteur (cône vert) en sont quelques exemples.

Selon lui, chacun est en mesure de faire sa part dans sa propre cour. À plus grande échelle, un virage vert durable peut aussi être envisagé si les municipalités et les régies de gestion des matières résiduelles y mettent les efforts et les ressources nécessaires pour le supporter. « C’est avec l’énergie collective qu’on arrivera à changer les habitudes. »

Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne « Nicolet-Bécancour résolument durable », initiée par la SADC de Nicolet-Bécancour en collaboration avec la Fondation Alcoa. L’organisation souhaite mettre en lumière les entreprises du territoire qui portent des initiatives écoresponsables.