Un poids lourd à porter pour la victime de Réjean Héon

JUSTICE. La victime de Réjean Héon, un individu qui a plaidé coupable à des gestes à caractère sexuel commis sur une mineure, il y a un peu plus de 25 ans, à Saint-Pierre-les-Becquets, a livré un témoignage bouleversant, mercredi, au Palais de Justice de Trois-Rivières.

Celle qui avait entre 10 et 15 ans lorsqu’elle a subi les agressions et le chantage de l’homme de 47 ans, qui demeure maintenant à Saint-Albert, qui avait entre 18 et 23, de 1988 à 1993, a raconté les conséquences désastreuses qu’ont eues les agissements de son agresseur sur sa vie, celle de son conjoint et de ses enfants.

Elle souhaite que le juge en tienne compte lors du prononcé de la sentence qui est prévu pour le 7 mars prochain.

Elle raconte avoir eu des conséquences physiques et psychologiques importantes. Des effets qui se sont fait sentir dès l’adolescence où le stress lui a causé un psoriasis et différents problèmes de peau qui la faisait se gratter parfois jusqu’au sang.

De peur d’attirer les hommes et d’être «provocante», elle raconte avoir voulu camoufler l’apparition de ses seins et se tenant le dos courbé et les épaules vers l’avant. Une mauvaise posture qui lui a causé des maux de dos.

Les agressions ont par la suite causé des blocages sexuels avec son conjoint et de nombreuses nuits blanches. Dès que le couple a eu des rapprochements, elle a subi de crises de panique provoquées par les flash-back, occasionnant des raideurs physiques, des pleurs, de la dissociation, des absences.

Même dans sa vie de tous les jours, la victime raconte être devenue très méfiante, avoir développé une anxiété envahissante en plus d’une hyper vigilance alors qu’elle cherchait à ne jamais être seule avec un autre homme. Elle a même été rongée par la honte et la culpabilité, et eu des idées suicidaires.

Elle croit même que sa détresse et le stress vécu durant ses grossesses a transmis des problèmes d’anxiété à ses enfants. Il lui est même arrivé de les repousser alors qu’ils voulaient un simple câlin, ou avoir eu des réactions exagérées lorsqu’ils voulaient lui jouer un tour. C’est  qu’avec ce qu’elle a vécu, la victime souligne qu’elle ne peut pas être prise par surprise ou dans un endroit restreint.

En plus des agressions, elle raconte avoir eu à vivre avec des menaces de mort de son agresseur, qui faisait également planer le spectre qu’il allait se suicider si elle le dénonçait. Du chantage qui serait revenu plus tard à l’âge adulte, alors que Réjean Héon tentait toujours d’exercer un contrôle sur sa victime, menaçant même son conjoint.

«À cause de la violence, des agressions, de la manipulation, des menaces de mort et de suicide, je suis devenue une personne nerveuse, méfiante, anxieuse, avec une faible estime de moi. Je suis marquée par les gestes violents et je fige. Il m’arrive aussi de faire de la dissociation», a-t-elle témoigné.

La victime, qui est maintenant âgée de 40 ans, a comparé ses séquelles à un sac à dos très lourd. «Le poids du secret, de la honte, de la peur de tomber enceinte, de la responsabilité d’un éventuel suicide de l’agresseur. Tranquillement, surtout depuis la dénonciation et avec ma thérapie, je rends mon sac à dos plus léger pour être capable d’avancer dans la vie, même si je suis consciente qu’il y a un bagage permanent à l’intérieur.»