Julie Desbiens: le bonheur d’être dans les patates

BÉCANCOUR. Paul Bécotte s’est avéré un précurseur à Gentilly en fondant la Roulotte à Patates, en 1946. Soixante-quinze ans plus tard, sa relève innove à son tour en prenant deux virages en simultané: le virage en ligne et le virage vert.

Julie Desbiens est propriétaire de la Roulotte depuis 2014. Elle l’a acquise de son beau-père Pierre Bécotte, le fils de Paul et l’amoureux de sa mère. «J’en ai ajouté, des choses! C’est la COVID qui m’a apporté ça», mentionne d’entrée de jeu celle qui a bénéficié de l’aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises déployée dans le cadre de la pandémie.

«Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour m’aider à survivre à la COVID. On a commencé par instaurer un service de commandes téléphoniques et de livraison sans contact à l’été 2020 pour éviter les attroupements devant la roulotte. Puis, cette année, on a implanté la commande en ligne et on s’est doté d’une voiture lettrée pour faire la livraison (La Patate Mobile)», raconte Mme Desbiens, qui a également réaménagé l’aire de restauration pour faciliter la distanciation. «Jamais je n’aurais pensé mettre des tables dans mon parking! J’aime ça. Ça va rester», sourit-elle.

Le prochain défi? Passer au vert. «Ça fait plusieurs années que j’y pense», souligne l’entrepreneure, sensible à la quantité imposante de déchets générée par la styromousse utilisée. «Avant la COVID, des gens commençaient à venir à la roulotte avec leurs propres plats. Ils voulaient faire leur part pour l’environnement et je voulais faire la mienne aussi. Pour m’accompagner dans ce virage, j’ai eu l’aide de la SADC de Nicolet-Bécancour au cours des derniers mois. Ç’a été extraordinaire.»

Graduellement, dès cet été, les commandes à déguster sur place seront servies dans de la vaisselle réutilisable et incassable. «Il va y avoir une station de tri avec un lavabo pour que les gens puissent rincer la vaisselle et les ustensiles avant de les déposer dans des bacs. Ils pourront aussi remplir leur propre bouteille d’eau au lieu d’en acheter une en plastique.»

Tout sera également en place pour faciliter la gestion des déchets, du recyclage et des contenants consignés. Et dans un avenir rapproché, les plats en styromousse seront remplacés par des plats en carton recyclable.

Julie Desbiens se donne deux ou trois ans pour compléter ce virage vert. «Je veux que les gens participent à l’effort. J’en serais vraiment heureuse», dit-elle, fière de toutes ces nouveautés.

Menu sans gluten

Ces nouveautés s’ajoutent à une autre innovation mise en place peu après qu’elle ait acquis la Roulotte à Patates de son beau-père. En effet, en 2017, elle s’est lancée dans une offre de menu dédié aux personnes souffrant de la maladie coeliaque, c’est-à-dire intolérantes au gluten.

«Je me suis informée là-dessus puisque j’avais des clients qui venaient à la Roulotte pour acheter mes frites, mais qui ne pouvaient pas consommer ma sauce en raison de leur condition», explique Julie Desbiens, dont les frites, cuites dans l’huile d’arachide, sont sans gluten à la base. «Je leur ai dit que je pourrais aisément leur servir de la sauce sans gluten s’ils le souhaitaient. Mais après avoir suivi une formation pour servir du sans gluten, je me suis rendu compte que c’était plus compliqué que je pensais! Je me suis même demandé si je devais m’embarquer là-dedans… J’ai décidé de le faire, et les clients étaient vraiment contents!»

Depuis, il y a un espace aménagé dans la roulotte pour la préparation des repas sans gluten. Des contenants leur sont aussi spécifiquement réservés. «Avec les coeliaques, il faut faire très attention. Il faut à tout prix éviter la contamination croisée. Par exemple, la personne dédiée aux frites ne peut pas toucher à la louche à sauce, ni à une guenille qui a servi à essuyer un quelconque dégât. Si elle le fait, elle doit nécessairement se laver les mains pendant 20 secondes avant de retourner aux frites. On ne fera pas cuire autre chose, non plus, que les frites dans les friteuses à frites, et ce, en tout temps», explique Mme Desbiens.

Avec la pandémie, toutefois, ce volet sans gluten a été temporairement mis de côté. «C’était déjà intense pour les employés. Avec toute la désinfection à faire, qui s’ajoutait, et toutes les règles et mesures à faire respecter, je trouvais que c’était trop! J’ai décidé de suspendre ça pour la sécurité des clients. Mais ça va revenir, c’est sûr, puisque je suis déjà tout équipée pour ça. Peut-être même cet été. On va commencer par passer à travers le boum d’ouverture», termine Mme Desbiens.