Éleveur: le travail d’une vie pour Denis Vallée

NICOLET. Denis Vallée, propriétaire de la ferme Lacoulée et Filles de Nicolet, a eu une enfance bercée par les trots des chevaux. Une passion qui est encore bien vivante aujourd’hui.

La ferme Lacoulée de Denis Vallée, fondée en 1972 dans le rang de l’Île à Niclolet, a pourtant fait ses débuts dans l’élevage de vaches Holsteins pur-sang classifié. Un élevage qui comptait près de 125 têtes lorsque la famille s’en est départi en 2013.

Passion élevage pur-sang

«Quand j’étais jeune, je travaillais dans le bois les fins de semaine avec un cheval. Et quand j’ai lancé mon entreprise ici à Nicolet, je m’étais dit que j’aurais des chevaux à ma retraite. Mais ça m’a gagné», avoue un Denis Vallée qui n’a pas pu attendre, séduit plus jeune par un spectacle d’attelage de chevaux lourds. Il fonce et acquiert ses deux premières juments en 1987: Glenburnie Lady et Glenburnie Dot. «À ce moment, j’avais marchandé un peu. J’essaie de raisonner les coups de cœur, des fois!». C’est sage, d’autant qu’il gère une affaire d’élevage de chevaux pur-sang de race Clydesdale et dont il fait commerce!

Un contact très particulier s’établit entre un cheval et son propriétaire. «Le cheval, si tu le nommes par son nom, il va te regarder et venir te retrouver. Il aime se faire dorloter. Mes Clydes sont des gros toutous. Ils connaissent assez facilement tes humeurs. C’est bien entendu qu’ils ne se lèveront pas les pattes en l’air pour montrer qu’ils sont contents, mais, tu vas le savoir», affirme Denis Vallée dont le troupeau compte maintenant près d’une cinquantaine de têtes. Il possède aussi des terres de grandes cultures. «Je fais du maïs, du soya, de l’avoine et du foin», qui lui servent en partie à nourrir son troupeau qui compte deux étalons adultes et une dizaine de poulains mâles.

«La première job d’un éleveur, c’est d’améliorer la race. À force de le faire, tu finis par avoir des résultats. On le sait quand les poulains arrivent au monde et qu’on voit sa conformation et son caractère. C’est le travail d’une vie. Une année, tu réussis, l’autre pas».

Un élevage qui fait recette

On vient de loin pour acheter les chevaux Clydesdale pur-sang de la ferme Lacoulée et Filles, qui ne cessent de remporter les honneurs aux différents concours canadiens et américains. «J’ai des poulains en Alberta, en Colombie-Britannique, aux États-Unis. Budweiser a un de mes chevaux. J’ai acheté une jument en Écosse à un moment donné. Le marché le plus intéressant pour nous ce sont les Américains. Les anglophones, c’est plus dans leur culture».

Notons que le programme d’élevage de Budweiser a des normes strictes de couleur et de conformation, lesquels ont influencé le look de la race aux États-Unis.

Passion cheval

Denis Vallée est devenu au fil des ans une référence dans le domaine. Il s’est impliqué bénévolement au profit des éleveurs et du développement de l’industrie équestre au Québec pendant plus de 50 ans. Entre autres, comme président fondateur de la Société des éleveurs de chevaux Clydesdale du Québec, vice-président fondateur du Comité conjoint des races chevalines du Québec, promoteur de la Relève hippique du Québec, président du Comité cheval au Centre de recherche en alimentation animale du Québec… et ainsi de suite!

Vous voyez le genre?

Aujourd’hui, il met la pédale douce. «À un moment donné, il faut savoir donner notre place et à 71 ans, il faut ralentir un peu. Mon médecin m’a dit qu’il faut que ma tête s’habitue à suivre le corps».

Denis Vallée ne semble pas le prendre au mot, lui qui s’occupe de son élevage et de ses champs avec son seul employé! Sa fille la plus jeune lui donne aussi un coup de main. «Graduellement, on va transmettre notre savoir».

L’attelage de Denis Vallée au World Clydesdale Show 2015.

De quoi est-il le plus fier… à part de ses filles? «Des réussites avec mon élevage. J’ai deux bêtes qui sont arrivées grandes championnes ces dernières années à l’Exposition Royale de Toronto. J’ai un étalon qui, au Congrès Mondial du Clydesdale, est arrivé grand champion de réserve en attelage à London en Ontario. Ça, c’est en haut de la liste. Dans mes vaches, j’ai deux bêtes qui sont arrivées grandes championnes à Madison aux États-Unis et à la Royale de Toronto».

Des honneurs comme ceux-là, on en recense près d’une quarantaine sur le site web de la ferme Lacoulée. Denis Vallée sait ce qu’il fait. «Il y a trois qualités pour un éleveur: la persévérance, la patience et, entre guillemets, avoir une tête de cochon! Quand j’ai une idée et une bonne idée, je suis capable de la défendre durant longtemps si tu n’es pas capable d’en trouver une meilleure!»

De nombreuses distinctions

Au cours de sa carrière, on a décerné de nombreux prix et distinctions à Denis Vallée, «récompensant la diversité, l’intensité et le succès de ses actions». Il a reçu en 2020 le prix «Ambassadeur en élevage» de Cheval Québec. Il est aussi inscrit au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec depuis 2012. «Je dis souvent en farce que quand ta face est rendue dans les musées, c’est parce que…».