Déclassement de Gentilly-2: une autre étape vient d’être franchie

DOSSIER. La centrale nucléaire Gentilly-2 complétait au cours des derniers jours une autre étape vers son déclassement.

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Du 7 mai au 10 juillet, le personnel procédait à l’une de ses dernières campagnes annuelles de transfert du combustible qui a été irradié pour produire de l’électricité durant l’exploitation du réacteur entre 1983 et 2012.

La campagne 2018 devait permettre le transfert de 6000 grappes, soit environ le même volume que ce qui était transféré annuellement depuis 1995, selon ce que nous a indiqué le directeur des installations de Gentilly-2, Donald Olivier, lors d’une visite des lieux.

Par la suite, on prévoit en transférer 4800 en 2019, pour terminer l’opération en 2020, avec un dernier lot de 5800 grappes. À terme, ce sera 130 000 grappes qui seront entreposées de façon sécuritaire dans les onze modules de stockage à sec que l’on retrouve sur le site.

Si la piscine pouvait contenir le volume de grappes de combustibles d’uranium équivalent à dix années de production, il y en a de moins en moins chaque année. Si bien qu’après l’opération de cette année, elle sera à environ 20% de sa capacité.

D’ici la fin de 2020, l’ensemble du combustible qui se trouve encore en piscine sera transféré dans les enceintes de stockage à sec, nommée aussi «CANSTOR». À ce moment-là, Gentilly-2 atteindra «l’État de stockage sûr à sec».

Si les activités de production ont cessé en décembre 2012, c’est en décembre 2014 que l’ensemble du combustible irradié qui se trouvait dans le réacteur de Gentilly-2 a été entièrement entreposé de façon sécuritaire dans la piscine pour «l’État de stockage sûr piscine».

Des étapes simples

Lorsqu’elles étaient retirées du réacteur, les grappes de combustibles d’uranium devaient être immergées sous plusieurs pieds d’eau pour deux raisons. D’abord pour les refroidir, mais aussi pour agir comme un blindage contre leur radioactivité.

Celles-ci devaient ensuite passer sept ans en piscine, sans quoi quelques-unes risqueraient de se désagréger au contact de l’air, nous a expliqué Martin Lyonnais, ingénieur à la direction des installations de Gentilly-2.

Voyez notre édition papier du 11 juillet 2018 pour visualiser chaque étape en images.

Plusieurs étapes relativement simples permettent de transférer le combustible irradié. D’abord, deux travailleurs vont chercher les grappes qui se trouvent dans des supports métalliques provenant d’une autre piscine où arrivait le combustible lorsqu’il sortait du bâtiment réacteur.

À l’aide d’une longue tige métallique mécanisée, ils retirent les grappes du support pour les déposer dans un panier pouvant en contenir 60. Au-dessus de la piscine, les travailleurs ne portent pas de casque de protection pour éviter que celui-ci tombe dans l’eau qui est évidemment radioactive.

Une fois remplis, les paniers sont placés dans un château en plomb dans le fond de la piscine avant d’être vidés de leur eau et séchés une fois à la surface. Ils sont ensuite transférés vers une station de soudage complètement automatisée où le soudeur fait son travail en contrôlant l’équipement nécessaire à distance avec l’aide de caméras.

Une fois le tout scellé, un opérateur de pont roulant soulève le château de plomb qui transporte le panier pour le déposer sur un fardier qui le transporte vers les enceintes de stockage à sec, nommées aussi CANSTOR. À cet endroit, une grue-portique sur rail vient chercher la cargaison à l’aide d’un crochet.

Le panier est ensuite placé dans l’un des 20 cylindres métalliques étanches installés dans les immenses structures en béton armé. À l’intérieur de chacun des cylindres se trouvent 10 paniers en acier inoxydable, superposés et scellés, qui contiennent les grappes de combustible.

130 000 grappes entreposées

Un module peut contenir un total de 12 000 grappes de combustible. Avec les deux nouveaux modules construits au printemps de 2017, on sera en mesure de stocker les 130 000 grappes qui auront été nécessaires à l’exploitation de la centrale.

Les déchets nucléaires resteront sur le site jusqu’en 2040 à 2045 avant d’être enfouis dans le Bouclier canadien, sur un site qui demeure encore à déterminer. Celui-ci doit se trouver en Ontario qui, avec 19 centrales, aura généré la grande majorité des déchets nucléaires.

Selon ce que rapportait La Presse Canadienne, à la fin juin, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale entame la rédaction sur un projet d’un site près du lac Huron pour que le ministère de l’Environnement du Canada prenne une décision qui est attendue d’ici la fin de l’été.

Hydro-Québec assure que d’ici là, il n’y a rien à craindre quant à différents scénarios catastrophes, et ce, même si les déchets nucléaires sont entreposés à quelques centaines de mètres du fleuve.

C’est que les CANSTOR, par leur conception et les matériaux utilisés, peuvent résister à tous types d’événements d’origine naturelle ou humaine. «La sécurité de la population et des employés d’Hydro-Québec est ainsi assurée», souligne la conseillère des relations avec le milieu de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Véronique Trépanier.