De la Patate de Gentilly à la SPIPB

BÉCANCOUR. Depuis la semaine dernière, la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) a un nouveau PDG. L’homme qui a décroché ce poste hautement convoité  ̶  la SPIPB a reçu 166 candidatures!  ̶  est Donald Olivier, loin d’être un étranger de la région. Celui qui a grandi à Gentilly et qui s’est ensuite installé à Deschaillons-sur-Saint-Laurent a gagné son pari : celui de faire son chemin en région.

« C’est un message que j’aimerais passer : c’est possible de faire son chemin en région, plaide Donald Olivier qui a accepté de partager un peu de son parcours. J’ai toujours refusé les opportunités montréalaises en me disant qu’il y avait des choses intéressantes ici. J’ai réussi à avoir de beaux mandats et à me développer dans la région. Et il y aura certainement des opportunités pour d’autres jeunes aussi, surtout avec tout ce qui s’en vient! »

Il faut dire que Donald Olivier est amoureux de sa région, que ce soient ses reliefs, ses attraits, mais aussi ses gens. « J’aime beaucoup le fleuve et je suis un amateur de sports nautiques! Je fais de la planche à voile depuis que j’ai 12 ans, je fais du vélo de montagne, et j’ai plein d’amis dans le coin, dont plusieurs qui travaillent dans les usines du Parc! », raconte M. Olivier.

La famille de Donald Olivier s’est installée à Gentilly en 1970 alors qu’il avait environ 1 an, depuis le comté de Lotbinière. Alors que son père travaillait dans le domaine de la construction, sa mère était propriétaire d’une boutique de vêtements, Lingerie Colette, située sur l’Avenue des Hirondelles.

« Je suis un petit gars de la place, et ma première vraie job a été à la Patate de Gentilly! C’est même Pierre Moras, aujourd’hui conseiller municipal à Bécancour, qui m’a supervisé lors de mon premier été! J’ai travaillé là deux ou trois ans « , raconte M. Olivier.

Aujourd’hui diplômé en génie civil, ce n’était toutefois pas le premier choix de carrière du Bécancourois. « J’ai commencé par des études en génie mécanique, mais ça m’allumait moins. Je me souviens encore, je travaillais à la Patate et ma mère était venue sur l’heure du diner. Je lui avais annoncé que je ne retournais pas au cégep à l’automne et que je voulais prendre une année sabbatique. Je me souviens de son visage, elle était vraiment découragée! », se remémore celui qui est finalement devenu PDG d’une société d’État à 52 ans.

Durant ce temps d’arrêt, Donald Olivier est allé travailler à Montréal sur un chantier de construction dirigé par son oncle, Gabriel Olivier. « C’est là que j’ai compris ce que c’était que le génie civil. Je trouvais que mon oncle était bon et que son travail avait l’air intéressant. C’est un peu ça qui m’a amené à aller faire une technique en génie civil », raconte-t-il.

Alors que le jeune homme en était seulement à sa deuxième année de technique, quelques-uns de ses enseignants se sont mis à l’interroger à savoir quels étaient ses plans après la technique. « Travailler, bien sûr! », répondait-il. Ceux-ci avaient vu un grand potentiel chez l’étudiant et l’ont encouragé à poursuivre ses études à l’université, ce qu’il a fait par la suite en décrochant son baccalauréat à l’École de technologie supérieure (ÉTS).

« Dès mes premiers stages, j’aimais beaucoup gérer des projets. J’ai donc travaillé pour une compagnie ici dans le Parc industriel et pendant les deux années suivant mon bac ». Il a également fait deux étés de stage à la Ville de Bécancour, ce qui lui a permis de découvrir encore plus sa ville!

Lorsque Donald Olivier a quitté la construction, il a œuvré 10 ans en technologies de l’information et est devenu actionnaire minoritaire de la boite. En 2005, alors qu’il a ressenti le besoin de nouveaux défis, il est revenu dans la région pour s’occuper de l’ensemble des barrages pour Hydro-Québec.

Un drôle de mandat à Gentilly-2

Alors employé d’Hydro-Québec, c’est Donald Olivier qui a eu le mandat en 2012 d’aller fermer la centrale nucléaire Gentilly-2 et de gérer cette décroissance, notamment de faire passer le nombre d’employés de près de 400 à seulement 60.

Mandat ironique pour M. Olivier, puisque son père avait à l’époque participé à la construction de la centrale nucléaire. Il a d’ailleurs côtoyé des collègues de son père qui étaient encore présents à Gentilly-2 lors de sa fermeture.

« Je n’étais pas à Gentilly-2 quand la fermeture a été annoncée, alors j’étais moins pris émotivement là-dedans, mais assurément tous les gens qui y travaillaient et qui y travaillent encore aujourd’hui, j’en suis convaincu, ne sont pas contents de la décision, mais ils veulent bien la fermer. J’y ai découvert des gens vraiment professionnels, des gens qui veulent bien effectuer leur travail. Dans le nucléaire, on sait que c’est important que tout soit fait de façon sécuritaire, car on gère un risque invisible ».

« Cette expérience a été très enrichissante. C’est particulier de gérer une décroissance, avoue-t-il. J’aurais pu rester encore un peu à Gentilly-2, il y avait encore des choses à faire, mais la relance économique m’appelait! »

« Avec du recul, je suis content de mon cheminement qui n’est pas typique d’un ingénieur civil, et j’en suis fier! J’arrive ici (à la SPIPB) et je considère que je suis bien outillé, mais j’arrive aussi avec humilité, parce que je n’ai jamais travaillé directement sous un conseil d’administration ».

Donald Olivier affirme être pleinement conscient qu’il débarque à SPIPB dans des conditions gagnantes, propices à cette croissance économique à laquelle il cherche à participer. « Les annonces politiques sont là, le train est démarré, Maurice (Richard, PDG sortant de la SPIPB) reste à mes côtés comme conseiller, et je suis le choix du CA. C’est à moi de bien jouer la suite! », conclut-il.